30

44 7 34
                                    

S U I T E

.

.

.

Je me lève de la table, prenant soin de débarrasser les assiettes et les couverts. Je sens le regard de Karam suivre chacun de mes mouvements, mais je choisis de l'ignorer, concentrée sur ma tâche. Une fois la vaisselle déposée dans l'évier, je me dirige vers le salon, le pas léger et assuré.

Je me laisse tomber sur le canapé, m'étalant confortablement comme si j'étais chez moi. Les jours de timidité et de réserve semblent bien loin maintenant. Je ne ressens plus la honte qui m'avait autrefois paralysée. Au contraire, je savoure cette liberté nouvelle, cette audace qui me pousse à m'approprier chaque espace, chaque instant.

Je ferme les yeux un instant, savourant la sensation du tissu doux contre ma peau. C'est étrange comme ce lieu, autrefois si étranger et oppressant, est devenu un refuge, un espace où je peux enfin être moi-même. Je sens une chaleur réconfortante se répandre en moi, une douce certitude que, malgré tout, je suis à ma place ici.

Je m'étire sur le canapé, sentant chaque muscle se détendre après ces journées éprouvantes. J'ouvre les yeux et jette un coup d'œil vers Karam, toujours assis à table, plongé dans ses pensées. Il a fini de manger et semble maintenant perdu dans une contemplation silencieuse.

Je ne peux m'empêcher de me demander à quoi il pense, ce qu'il ressent vraiment derrière ce masque de froideur qu'il affiche en permanence. Je me redresse légèrement, m'appuyant sur mes coudes, et je l'observe plus attentivement. Ses traits sont détendus, ses yeux en amande mi-clos. Il est vraiment magnifique, presque paisible dans cette lumière tamisée.

Karam finit par se lever, ramenant son assiette à l'évier. Il se dirige ensuite vers le salon et s'arrête devant moi, ses yeux sombres fixés sur les miens. Un silence lourd s'installe, chargé de tension et d'une étrange complicité.

Il s'assoit à côté de moi, sans dire un mot. Sa proximité est à la fois réconfortante et intimidante. Je peux sentir la chaleur de son corps, l'odeur subtile de son parfum. Nous restons ainsi quelques minutes, en silence, chacun perdu dans ses pensées.

Finalement, il brise le silence, sa voix douce et grave :

Karam- Tu te sens bien ici, n'est-ce pas ?

Je hoche lentement la tête, incapable de trouver les mots justes pour décrire ce que je ressens. C'est un mélange de tout : peur, désir, sécurité, et cette étrange sensation d'appartenance.

- Mmh, dis-je simplement, le regardant droit dans les yeux. Étonnamment, oui.

Il sourit légèrement, un sourire presque imperceptible, mais qui adoucit ses traits. Il se penche un peu plus près, son regard plongé dans le mien.

Karam- Tant mieux. Parce que tu n'iras nulle part, Zahraa. T'es à moi maintenant.

« T'es à moi maintenant ? » Je répète ses mots en le regardant, mon cœur battant plus vite. Je me demande dans quel sens et pourquoi ?

Il se penche encore plus près, son visage à quelques centimètres du mien. Ses yeux noirs sont insondables, remplis d'une intensité qui me fait frissonner.

Karam- Dans tous les sens, Zahraa , murmure-t-il, sa voix basse et douce. Tu es à moi parce que je l'ai décidé. Parce que je ne peux pas te laisser partir.

Je déglutis, essayant de comprendre ses mots. Son regard est à la fois possessif et protecteur, une combinaison déroutante.

- Mais pourquoi ? Je demande, ma voix à peine plus qu'un chuchotement. Pourquoi moi ?

OSCURITÀ Où les histoires vivent. Découvrez maintenant