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S U I T E

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Le lendemain matin, je me réveille, comme d'habitude, dans le lit de Zahraa. La lumière du jour filtre doucement à travers les rideaux, inondant la chambre d'une clarté douce et apaisante. Je reste allongé un moment, mes yeux fixés sur le plafond, essayant de me rappeler un instant, un rêve ou peut-être juste une sensation.

Sans bouger, je tourne légèrement la tête sur l'oreiller à côté de moi, là où Zahraa dormait habituellement. Je ferme les yeux et respire profondément, cherchant désespérément à retrouver son odeur. Cette senteur de vanille douce, subtile, qui me rappelait toujours sa présence, qui m'apaisait chaque fois que je me glissais à ses côtés.

Mais ce matin, comme tous les autres depuis des mois, cette odeur s'estompe peu à peu, emportée par le temps. Pourtant, je continue à chercher, à humer l'air, espérant retrouver ce réconfort. Je m'enfonce un peu plus dans l'oreiller, presque comme si je pouvais m'imprégner de ce qui reste d'elle, de ce qui n'est plus qu'un souvenir.

Mais le parfum est faible, presque inexistant désormais. La réalité de son absence s'impose à moi, froide et implacable. Pourtant, je refuse de m'en détacher, je reste là, allongé, tentant de m'accrocher à ce qui subsiste d'elle dans cet espace qui nous appartenait.

Je sais que je devrais me lever, affronter une nouvelle journée, retourner à l'hôpital, mais pour l'instant, je veux juste rester là, dans ce lit qui garde encore l'empreinte de Zahraa. Ce lit est tout ce qu'il me reste d'elle, ici, dans cette maison qui semble vide sans sa présence.

Finalement, après de longues minutes, je me redresse lentement, le cœur lourd. Mais avant de quitter le lit, je pose une main sur l'oreiller, comme pour ancrer une dernière fois sa présence en moi. Puis je me lève, prêt à affronter une autre journée, à continuer cette attente interminable.

Je passe par la salle de bains, me lavant rapidement le visage, espérant que l'eau froide m'aide à chasser ce brouillard qui me pèse depuis des mois. Mais le reflet que je vois dans le miroir ne change pas : le même visage fatigué, les mêmes cernes sous les yeux, le même regard vide qui cherche désespérément un signe, une lueur d'espoir.

Après m'être préparé, je descends dans la cuisine, mais l'idée de manger ne m'attire pas. Je me contente de faire couler un café, le seul rituel qui me reste de mes matinées avec Zahraa. Le silence dans la maison est écrasant, chaque coin, chaque objet me rappelle sa présence, comme une blessure que je ne peux éviter.

Je bois mon café en silence, debout, appuyé contre le plan de travail. Le liquide chaud coule dans ma gorge, mais il ne parvient pas à dissiper le froid qui s'est installé en moi. Une fois la tasse vide, je la dépose dans l'évier, le bruit du contact avec la porcelaine résonne trop fort dans la pièce vide.

L'idée de retourner à l'hôpital me traverse l'esprit, comme chaque matin. Je sais que je vais m'y rendre, que je vais m'asseoir à côté de Zahraa et lui parler comme toujours. Mais il y a une lourdeur dans mes pas, une hésitation qui grandit jour après jour, à mesure que les signes d'amélioration se font attendre.

Pourtant, je sais que je n'ai pas le choix. Je dois continuer. Pour elle, pour moi, pour ce que nous avons partagé. Alors, je prends mes clés et je quitte la villa, laissant derrière moi cette maison vide qui semble ne plus être qu'un musée de souvenirs figés.
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Sur la route vers l'hôpital, je reste concentré sur la conduite, mes pensées tournant en boucle sur ce que je pourrais dire à Zahraa aujourd'hui. Je sais que ce sera sans doute une autre journée à attendre, à espérer, mais c'est tout ce que je peux faire. Et tant qu'il y a un espoir, même infime, je dois m'y accrocher.

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