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S U I T E

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Après un long moment de silence, je sens le poids de la conversation peser lourdement sur mes épaules. Je me lève lentement du canapé, sans dire un mot, et me dirige vers la petite table près de la fenêtre où j'ai laissé mon paquet de cigarettes.

Imad me regarde, mais il ne dit rien. Il sait que c'est ma façon de faire face, même si ce n'est pas la meilleure. Je prends une cigarette, la porte à mes lèvres, et l'allume avec un geste mécanique, presque instinctif. La première bouffée de fumée emplit mes poumons, et je sens une vague de calme trompeur m'envahir, même si ce n'est qu'un répit temporaire.

Je me tiens là, près de la fenêtre, regardant dehors sans vraiment voir quoi que ce soit. Je tire encore sur ma cigarette, profitant de cette sensation familière, ce bref instant où les pensées s'estompent légèrement, où la douleur semble moins intense.

- Je sais que ce n'est pas une solution, dis-je finalement, ma voix à peine audible, brisée par la fatigue et l'émotion. Mais parfois, c'est tout ce qui m'aide à tenir le coup.

Imad se lève à son tour, s'approchant de moi avec une compréhension silencieuse. Il ne me juge pas, il se contente d'être là, respectant cet espace dont j'ai besoin. Je continue à fumer en silence, la fumée se dissipant lentement dans la pièce vide.

Imad- Je comprends, murmure-t-il finalement, les yeux fixés sur l'horizon. Mais n'oublie pas que je suis là, et que tu n'es pas obligé de tout affronter seul.

Je hoche la tête, sans vraiment savoir quoi répondre. Les mots d'Imad sont réconfortants, mais la douleur reste présente, implacable. Je termine ma cigarette, l'écrase dans le cendrier, et laisse échapper un long soupir.

- Merci, Imad, dis-je doucement, en tournant enfin mon regard vers lui. Merci d'être là.

Il me répond par un léger sourire, et je sens une once de chaleur au milieu de ce froid intérieur. Peut-être que ce soir, avec lui ici, la nuit sera un peu moins sombre. Mais pour l'instant, tout ce que je peux faire, c'est continuer à avancer, un pas à la fois, même si chaque pas me semble lourd.

...

Un mois s'est écoulé depuis cette conversation avec Imad, et malgré ses efforts pour me sortir de cette solitude, je me suis replié encore plus sur moi-même. La villa reste vide, comme un écho de mon propre état intérieur. Les journées passent, mais elles ne laissent aucune trace, aucun souvenir digne d'être retenu.

Ce soir, comme tant d'autres avant, je suis rentré de l'hôpital, épuisé. Sans réfléchir, mes pas m'ont conduit directement à la chambre de Zahraa. C'est là que je me retrouve souvent ces derniers temps, comme si le simple fait d'être dans cet espace qui a tant été le sien pouvait me rapprocher d'elle.

Je m'allonge sur le lit, là où elle dormait toujours, et je ferme les yeux. L'odeur de Zahraa imprègne encore les draps, ce parfum doux et familier qui me rappelle les nuits passées ensemble, les moments simples où tout semblait aller bien.

Je prends une profonde inspiration, laissant cette odeur m'envahir, m'apaiser. Pour un instant, je peux presque oublier tout le reste. La douleur, la peur, l'incertitude... tout semble s'effacer, remplacé par ce souvenir olfactif si précieux. C'est comme si Zahraa était encore là, à mes côtés, me réconfortant de sa présence invisible.

Le silence de la villa semble moins pesant ici, dans cette chambre qui respire encore sa vie. Je m'accroche à cette sensation, à ce répit fugace, comme un naufragé s'agrippant à une bouée. Les draps sous moi, imprégnés de son parfum, sont tout ce qui me reste d'elle en ce moment. Et même si ce n'est qu'une illusion, ça m'aide à tenir.

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