Raphaël

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La pluie s'abat sans relâche depuis quelques heures, rendant l'air frais et mordant. Les essuie-glaces de ma voiture luttent contre les gouttes, mais la visibilité reste désastreuse. Je crains de heurter quelque chose — au pire, cela finira en boum.

Encore un rencard sans intérêt. Je me sens piégée dans une série d'échecs, ne sachant même pas pourquoi je continue d'accepter toutes ces invitations. Quand je suis avec une femme, une sensation étrange m'envahit, comme si mon cœur trahissait quelque chose, même si je ne suis pas certaine de ce que cela pourrait être.

Les rues sont désertes, aucune voiture en vue. À cette heure tardive, sous cette météo, ce n'est pas surprenant. Tout ce que je souhaite, c'est rentrer chez moi et me plonger dans le sommeil. Je tourne à un croisement, priant de ne pas heurter quelqu'un dans cette obscurité. Malheureusement, mon pied se presse sur le frein lorsque j'aperçois une silhouette allongée au milieu de la route.

Il y a quelqu'un par terre, immobile, visiblement inconsciente de ma présence. Mon cœur s'emballe alors que je réalise que la voiture ne peut pas s'arrêter à temps. Je freine de toutes mes forces, mais l'aquaplaning complique tout, et je me gare à quelques mètres d'elle avant de sortir rapidement.

Je cours vers cette personne, elle ne réagit pas, son corps est toujours là, trempé et vulnérable. Des scénarios tragiques défilent dans mon esprit, et, pour obtenir une réaction, je crie son nom.

-Eleanore !?

Mes genoux heurtent le sol lorsque j'atteins enfin son corps, l'eau de pluie s'infiltrant déjà dans mon pantalon. Elle ne bouge pas, ses yeux sont clos, ses bras étendus le long de son corps. Sa robe à paillettes est imbibée, tout comme sa peau et ses cheveux.

Avec précaution, je pose mes doigts sur son cou froid, espérant sentir le moindre battement. Le soulagement m'envahit en découvrant un rythme cardiaque rapide. Je glisse mes bras sous ses jambes et dans son dos, la soulevant doucement. Elle va attraper froid si je ne fais rien. Son front est brûlant contre ma peau, une chaleur inquiétante qui contraste avec sa froideur.

Je me dirige vers ma voiture, espérant la protéger de la pluie qui s'intensifie. Sa respiration lente et saccadée contre moi me donne la chair de poule. Que t'est-il arrivé, Eleanore... ?

Je la dépose sur la banquette arrière de ma voiture, prenant soin de ne pas la brusquer. Je prends une veste sur le siège et la couvre, essayant de la réchauffer.

-Monsieur O'Brien...? murmure-t-elle faiblement.

Nos regards se croisent, elle m'évalue, perdue dans un état second. Sa voix tremble, et je vois des larmes aux coins de ses yeux.

Je ne réponds pas et m'installe au volant, démarrant le moteur. Je règle le chauffage à fond, roulant aussi vite que possible vers chez moi. De temps en temps, je jette un coup d'œil dans le rétroviseur. Elle fixe le paysage défiler, des larmes traçant des sillons sur ses joues. Cette vision me serre le cœur. En quelques minutes, j'arrive dans l'allée de mon immeuble. J'ouvre sa portière.

-Tu peux marcher, Eleanore ?

Silence. Pas de réponse. Je l'interprète comme un non. Je la soulève contre moi, cherchant les clés dans ma poche tout en avançant aussi rapidement que possible vers mon appartement.

En insérant la clé dans la serrure, je baisse les yeux et vois son visage enfoui dans mon cou. Un léger sourire me vient ; elle me donne l'impression de tenir un enfant. J'ouvre la porte, allume toutes les lumières et l'installe sur le canapé.

À sa vue, je m'agenouille à son niveau. Son visage est rouge, son teint pâle. Je lui remets une mèche de cheveux derrière l'oreille, ma main se posant instinctivement sur sa joue brûlante.

Tears and memories Où les histoires vivent. Découvrez maintenant