Trois semaines plus tard, 18 heure, Bureau de Monsieur Fall, Fairfax
Je me tenais debout au milieu de cette pièce qui m'était encore inconnu. Les murs étaient vierges, dépourvus de toute décoration, aucun objet personnel ne venait briser l'uniformité clinique du blanc qui recouvrait les lieux.
— Votre nouveau bureau semble confortable, ironisai-je en inspectant les lieux. Mais je suppose qu'il n'est pas à la hauteur de l'ancien.
Un léger sourire passa sur les lèvres de mon interlocuteur, mais ses yeux restèrent sérieux. Il était assis derrière le bureau, vêtu d'un costume sombre qui tranchait avec la blancheur environnante. Malgré l'austérité du lieu, il semblait parfaitement à l'aise, comme s'il était habitué à travailler dans des environnements aussi dépouillés. Je m'installais en face de lui sur l'un des deux sièges disposés pour les visiteurs.
— Tu sais bien que je ne suis ici que pour te voir, ce n'est pas mon bureau, répondit-il calmement. Mais nous ne sommes pas là pour parler de ça. Nous sommes là pour faire un point sur la situation, évaluer les menaces et mettre en place des dispositifs de protection adaptés.
J'hochai la tête, consciente que nous n'étions pas là pour discuter de décoration intérieure. Son regard se fit plus perçant, et je me sentis légèrement mal à l'aise sous son regard scrutateur.
— Comment ça se passe avec Alexander ? demanda-t-il, curieux.
Je réfléchissais un instant avant de répondre. Les dernieres semaines s'étaient plutôt bien passées. Le rythme des cours était soutenu mais me permettait de m'occuper l'esprit. Je commençais à ressentir un semblant de normalité dans cette nouvelle routine. Eva, l'étudiante avec qui j'avais rapidement sympathisé après l'orchestre, m'avait proposé à plusieurs reprise de boire un café après les cours. Cela avait été des bouffée d'air frais, des moments agréables qui m'avaient permis de me détendre un peu et de me sentir moins isolée.
Alexander, quant à lui, restait fidèle à lui-même. Son impassibilité et son omniprésence étaient devenues des éléments incontournables de mon quotidien. Il me suivait partout et son regard perçant ne me quittait jamais. Chaque matin, il était là, prêt à m'accompagner en classe. Il se comportait avec une arrogance qui m'irritait parfois, mais il n'en restait pas moins attentif à chaque détail, chaque mouvement autour de moi.
— Aussi bien que possible si on omet sa présence, dis-je finalement en haussant les épaules. Il ne ressemble pas exactement à l'image que j'avais d'un garde du corps.
Face à ses sourcils relevés, j'ajoutai rapidement :
— Je veux dire qu'il est assez bourru, plutôt autoritaire, et assez franc. Il n'est pas vraiment discret. Il... il attire tous les regards et... enfin, il est lui.
Mon interlocuteur ne put s'empêcher de sourire légèrement à ma réponse, mais son expression redevint vite sérieuse.
Les interactions avec Alexander étaient souvent teintées de sarcasme. Plus le temps passait et je sentais que nos échanges verbaux devenaient piquants, chacun essayant de marquer des points dans une joute verbale constante.
Je me rendis compte que mes paroles pouvaient paraître confuses, alors j'ajoutai, essayant de clarifier mon point :
— Sa présence est imposante. Les gens le remarquent immédiatement, il ne passe pas inaperçu. Et puis, il a cette façon de se comporter, cette insolence qui le rend difficile à supporter. Il attire l'attention, ce qui me semble contradictoire pour quelqu'un censé être une ombre.
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The Shadow of the Past
RomanceL'amour n'est ni raisonnable, ni raisonnée. C'est une évidence, une intuition. - Anne Bernard Plongez dans l'univers d'Amélia, où chaque mélodie est une quête de liberté et chaque silence, une bataille pour survivre. Amélia arrive à la prestigieuse...