Deux jours plus tard, 21 heure, Chambre d'Amélia, Fairfax
Je sentit une bouffée de frustration monter en moi alors qu'Alexander me bloquait obstinément le passage vers la sortie de ma chambre.
— Il est hors de question que tu sortes seule à cette heure-là, gronda-t-il d'un ton autoritaire.
Je levai les yeux au ciel, exaspérée par son attitude.
— Je n'ai pas le choix ! Tu vois un piano dans cette chambre ? Non ! m'énervai-je, pointant du doigt la pièce dénuée de tout instrument.
J'avais besoin de jouer, d'extérioriser les derniers événements. La musique était ma seule échappatoire. Pour certains, c'était le sport, pour moi, c'était la musique. Les salles d'entraînement musical à l'école étaient mon seul refuge. Elles étaient mises à disposition des élèves pour qu'ils puissent s'entraîner à tout moment, et j'en avais désespérément besoin.
Si Alexander ne pouvait pas m'accompagner, pour une soi-disant affaire personnelle, cela n'était pas ma faute. J'avais bien conscience des responsabilités qui pouvait lui incombaient ou des engagements qui faisaient partie de sa vie en dehors de sa mission de protection envers moi. Mais à cet instant, je ne pouvais pas faire de compromis. Je devais jouer.
Mon esprit était encore troublé par ma dernière rencontre avec Alexander. Chaque fois que je fermais les yeux, je revoyais son regard perçant. Ses mots résonnaient dans ma tête, et une vague d'émotions contradictoires m'envahissait. J'avais besoin de canaliser ces sentiments, de les transformer en quelque chose de tangible, quelque chose que je pouvais contrôler. Le piano m'offrait cette possibilité. Les touches noires et blanches, les mélodies qui en émanaient, avaient le pouvoir de transformer mes tumultes intérieurs en une symphonie harmonieuse.
— Tu n'as pas besoin de t'entraîner, répliqua-t-il, son ton impatient trahissant son agacement.
— Bien sûr que si ! Je dois vivre la vie la plus normale possible, tu te souviens ? argumentai-je, les sourcils froncés. Et si je veux mon année, je dois rattraper mon retard.
Ce n'était qu'un demi mensonge. Je devais m'entraîner, certes, mais là, tout de suite, ce n'était pas ma priorité. Alexander croisa les bras sur sa poitrine, faisant ressortir les muscles de ses bras. Son regard était dur, empreint d'une autorité incontestable.
— Ne me cherche pas, prévint-il d'un ton sévère, soulignant ainsi son point de vue.
Ma colère monta d'un cran. Je détestais qu'on me dicte ce que je devais faire, même si je savais qu'il agissait pour mon bien. Mais cette fois-ci, j'étais déterminée à avoir le dernier mot.
— Pousse-toi de mon chemin, Alexander, insistai-je, en mettant l'accent sur son prénom, espérant lui faire comprendre mon agacement.
Mes paroles étaient tranchantes, mon regard brûlant de défi. Il roula des yeux, manifestement exaspéré par ma résistance obstinée. Il planta ses pieds fermement au sol, refusant de céder un pouce de terrain. L'ombre de son irritation se faisait de plus en plus palpable, sa mâchoire serrée et ses poings se crispant à ses côtés.
— Amélia, gronda-t-il.
Il passa une main dans ses cheveux en désordre, ses doigts s'emmêlant dans ses mèches sombres. Ses bras croisés sur son torse accentuaient encore plus sa posture imposante. Il faisait une tête de plus que moi, et sa stature me dominait. C'était intimidant, je devais l'admettre. Ses yeux sombres me lançaient un regard sévère, presque menaçant, comme s'ils essayaient de percer mes défenses par leur seule intensité.
VOUS LISEZ
The Shadow of the Past
RomansaL'amour n'est ni raisonnable, ni raisonnée. C'est une évidence, une intuition. - Anne Bernard Plongez dans l'univers d'Amélia, où chaque mélodie est une quête de liberté et chaque silence, une bataille pour survivre. Amélia arrive à la prestigieuse...