Chapitre 26 - Poings et secrets

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23h55, Chambre d'Amélia , Fairfax


J'attendis patiemment que les aiguilles de mon horloge murale affichassent minuit. Depuis que j'étais rentrée, j'étais assise à même le sol, adossée à mon lit, fixant cette photo que j'avais récupérée dans le box. Une main tenait la photo, tandis que l'autre serrait le collier qui m'avait conduite jusqu'à cette vérité accablante.

Le retour jusqu'à ma chambre s'était fait dans un silence lourd, oppressant. Ni Alexander ni moi n'avions osé briser ce mutisme pesant, et une fois arrivés devant nos portes respectives, nous étions séparé sans un mot, sans même un regard. J'aurais dû rester concentrée, garder mon calme. Mais la rancune prenait le dessus, et je regrettai déjà de l'avoir laissée me dominer. Il allait falloir que je trouve un moyen de me rapprocher à nouveau de lui, de reprendre le contrôle de la situation.

Quand l'aiguille pointa enfin minuit, l'heure que j'attendais avec impatience, je me relevai, glissai le collier dans ma poche et sortis discrètement de ma chambre. Chaque pas était mesuré, silencieux, pour ne pas attirer l'attention d'Alexander. Car maintenant, je le savais, il n'était pas là pour me protéger. Pourquoi était-il là ? Je l'ignorais encore, mais une chose était certaine : sa présence à mes côtés n'avait rien à voir avec ma sécurité.

En traversant les couloirs, je croisai des étudiants éméchés qui rentraient bruyamment de soirée. Je gardai la tête basse, espérant ne pas attirer leur attention, et continuai ma route vers le sous-sol, là où Jonas était en train de déballer ses affaires. Il était l'une des dernières personnes en qui j'aurais cru pouvoir avoir confiance, et maintenant j'étais contrainte de faire comme si je ne savais rien de ses mensonges, de ses manipulations.

En m'apercevant, Jonas me lança un sourire franc, un sourire qui me mit mal à l'aise. Je me forçai à le lui retourner. Avec lui, je n'étais pas encore sûre de la manière dont j'allais m'y prendre. Devais-je jouer la jeune femme naïve, fragile, comme il me percevait ? Pour l'instant, le plus prudent était de rester naturelle, de ne pas attirer ses soupçons.

Salut, lançai-je d'une voix aussi enjouée que possible, comme si tout allait bien.

En forme, on dirait ? rétorqua Jonas, le sourire aux lèvres, son ton aussi léger que d'habitude.

En l'observant, si lumineux, si naturel, il était difficile d'imaginer qu'il me mentait. Et pourtant... je savais. Je sentais le poids dans ma poitrine, cette trahison silencieuse qui m'affectait bien plus que je ne voulais l'admettre. Il avait ce don de rendre tout si facile, si insouciant. Mais maintenant, chaque sourire, chaque geste me paraissait faux, calculé. Je luttai pour ne rien laisser transparaître.
Je lui répondis d'un simple hochement de tête en retirant mes chaussures. J'avais besoin de cet entraînement, de ce moment pour libérer toute la rage que je portais en moi, celle que je ne pouvais exprimer à haute voix.

On commence par du corps à corps pour s'échauffer, puis on enchaîne avec des mouvements au couteau ? J'en ai ramené deux qui ne coupent pas, histoire de ne pas se blesser, expliqua-t-il avec un sourire sincère.

Je me contentai de me placer au centre de la pièce, prête à commencer. La frustration montait en moi comme un feu inextinguible. Ce soir, j'avais besoin de relâcher toute cette tension, de me défouler. Jonas se mit en face de moi, attendant peut-être que je parle ou que je prenne le temps de me préparer. Mais je n'avais pas de patience. Je fis le premier mouvement, mon poing fendant l'air avec une rapidité qui le surprit.

Il se ressaisit après mon second coup, m'envoyant une droite dans les côtes qui me fit reculer brutalement. La douleur irradia, mais je n'avais pas le luxe de m'arrêter. Je me lançai de nouveau, cette fois visant entre ses jambes, et il se plia de douleur sous l'impact de mon pied. En un instant, je l'envoyai au sol, le maintenant fermement contre le tapis.

The Shadow of the PastOù les histoires vivent. Découvrez maintenant