Chapitre 24 - La Façade Parfaite

15 4 2
                                    

Le lendemain, 7 heure, Chambre d'Amélia , Fairfax

Un dernier regard dans le miroir pour m'assurer que mon visage ne trahissait pas la nuit blanche que je venais de passer. Les cernes sous mes yeux, bien que légèrement dissimulées par une couche d'anti-cernes, restaient un rappel silencieux des heures passées à ressasser les mensonges et les trahisons. Mais il n'était pas question de flancher, pas maintenant. J'ajustai une dernière fois mon masque de sérénité, une façade soigneusement cultivée pour masquer le chaos intérieur.

J'attrapai mon sac et, prenant une profonde inspiration, j'ouvris la porte de ma chambre. Alexander était là, adossé au mur comme à son habitude, son téléphone à la main. Il était incroyablement beau, et cette simple constatation me déstabilisa, ravivant en moi la douleur de sa trahison. Cette attirance que je ressentais encore pour lui me déchirait de l'intérieur, me laissant à la fois en colère et vulnérable. J'essayais de me convaincre que je n'avais plus besoin de lui, que je ne devais plus ressentir quoi que ce soit. Pourtant, il avait toujours cet effet sur moi, comme si malgré tout ce que je savais, mon cœur refusait de se détacher complètement.

Il releva la tête dès qu'il m'entendit arriver, ses yeux perçants se plissant légèrement alors qu'il m'observait. Ce regard, capable de me désarmer autrefois, avait maintenant le don de m'agacer profondément. Comme s'il pouvait lire à travers moi, percer mes pensées les plus sombres. Mais cette fois, je ne lui laissai rien voir.

Il me fallut une seconde pour remettre en place mon masque de nonchalance, refoulant les pensées acerbes qui tourbillonnaient dans ma tête. Toute la rancœur, la colère que sa simple présence faisait naître en moi... J'avais espéré que mon attirance pour lui se transformerait en dégoût, que je pourrais le haïr pour tout ce qu'il m'avait fait. Mais ce n'était pas aussi simple. Mon cœur battait encore trop fort à sa vue, et cette vulnérabilité m'agaçait autant qu'elle me blessait.

Je secouai rapidement la tête, chassant ces pensées parasites, et me contentai de lui offrir un sourire doux, presque avenant. Une façade soigneusement calculée, parfaite pour dissimuler ce tourbillon d'émotions que je m'efforçais de contrôler.

Salut ! Ça va ? Tu as bien dormi ? lançai-je d'un ton léger et enjoué, même si à mes propres oreilles, ce ton sonnait terriblement faux.

Alexander répondit par un de ses sourires charmants. C'était un sourire rare, presque désarmant, mais j'essayais de m'habituer à ne plus y croire. Son regard se plissa légèrement, avec ce froncement de sourcil subtil, à peine perceptible, comme s'il cherchait à déchiffrer quelque chose de caché en moi.

Bien, et toi ? répondit-il, sa voix douce, teintée d'une pointe de suspicion.

Je savais qu'il cherchait quelque chose, un indice, un signe que quelque chose clochait. Mais je ne laissai rien paraître. Mon sourire restait fixé, ma posture détendue, tout en moi indiquant que j'étais la même qu'hier, qu'avant-hier, qu'à chaque jour passé.

Pourtant, à l'intérieur, je bouillonnais. J'avais envie de lui hurler la vérité en pleine figure, de l'assaillir avec toutes les accusations qui me brûlaient les lèvres, mais je restai fidèle à mon rôle, comme une actrice récitant son texte à la perfection. Les jours où j'avais été la proie, naïve et vulnérable, étaient derrière moi. Désormais, c'était moi qui dirigeais cette partie complexe, et Alexander, avec tous ses secrets bien gardés, allait bientôt comprendre que j'étais prête à tout pour inverser les rôles. Cette journée s'annonçait finalement plus divertissante que prévu. Il jouait son rôle, celui que je connaissais désormais, et je jouais le mien, un rôle qu'il ne soupçonnait même pas.

Je claquai la porte de ma chambre derrière moi et me mis en marche. Je senti son regard peser sur moi, cherchant à percer la façade que je m'efforçais de maintenir. Avant de m'éloigner, je me retournai, un sourire espiègle et léger sur les lèvres, comme si tout était parfaitement normal, comme si j'étais simplement de bonne humeur.

The Shadow of the PastOù les histoires vivent. Découvrez maintenant