4h12, Chambre d'Alexander , Fairfax
Quand j'ouvris les yeux, réveillée par une envie pressante, il me fallut quelques secondes pour me rappeler où je me trouvais. La chambre spacieuse d'Alexander, la couverture sur moi, et le fauteuil à quelques pas... Les événements de la veille refirent surface, chaque détail me revenant en vagues floues et lourdes. Puis je tournai la tête vers le fauteuil. Alexander était là, assis, immobile, et il me fixait, son regard intense et insondable ancré sur moi. Il ne dormait pas.
— Tu ne dors pas ? murmurais-je, hésitante.
— Non, répondit-il de sa voix grave et rauque.
— Pourquoi ?
Il haussa légèrement les épaules, son expression restant indéchiffrable.
— Je préfère te regarder dormir, dit-il simplement. Et... ce fauteuil est loin d'être aussi confortable qu'il n'y paraît.
Son aveu m'étonna, mais je restai silencieuse, ne sachant pas quoi répondre. Il y avait quelque chose de profondément troublant dans la manière dont il me regardait, comme s'il guettait quelque chose en moi, quelque chose que je n'étais pas prête à partager.
Sentant l'inconfort monter en moi, je me levai précipitamment, essayant de cacher le tumulte qui grondait sous la surface.
— Je... je dois aller aux toilettes, murmurai-je, la voix à peine audible.
Sans un mot, je me dirigeai vers la salle de bain, le poids de son regard suivant chacun de mes pas. Ce regard brûlant, intense, scrutant le moindre de mes mouvements, était presque trop lourd à porter. Je fermai la porte derrière moi, et c'est seulement là, à l'abri de son regard, que je pris une grande inspiration, comme si j'avais retenu mon souffle jusqu'ici.
Adossée à la porte, je restai immobile un instant, tentant de calmer le tourbillon dans mon esprit. La fatigue, l'incertitude, la confusion... tout me submergeait à la fois. Devais-je rester, ou partir ? Devais-je le croire, lui faire confiance ? Pourquoi chaque décision semblait-elle m'entraîner un peu plus loin dans le chaos ? À chaque fois que je pensais toucher le fond, je découvrais que la chute continuait, interminable.
Je secouai la tête, tentant d'écarter ces pensées parasites, et me dirigeai enfin vers les toilettes. Une fois mon besoin satisfait, je m'approchai du lavabo et fis couler l'eau froide, m'éclaboussant le visage avec espoir qu'un peu de fraîcheur pourrait apaiser ma fatigue et mon trouble. Puis, je pris un instant pour me regarder dans le miroir. Le reflet qui me renvoyait l'image d'un visage étranger. Mon visage était creusé, les cernes accentuant la pâleur de ma peau, des cernes si profondes qu'elles semblaient inscrites à jamais. J'avais l'air épuisée, presque effrayante.
— Reprends-toi, chuchotai-je à mon propre reflet, comme une prière murmurée. Tu vas y arriver.
Je fermai les yeux, prenant une longue inspiration, cherchant à rassembler chaque morceau éparpillé de courage qui me restait. Puis, dans un ultime élan de volonté, je me redressai et sortis de la salle de bain, déterminée à affronter ce qui m'attendait de l'autre côté.
Alexander n'avait pas bougé de son fauteuil. Il était toujours là, mais à l'état de ses cheveux, je devinais qu'il avait passé un bon nombre de fois sa main dedans, un geste de nervosité qu'il tentait généralement de contrôler. Il était étrangement attirant, là, sous cette lumière tamisée qui filtrait par la fenêtre, dessinant des ombres douces sur ses traits légèrement tirés. Malgré l'épuisement qui marquait son visage, il dégageait cette force tranquille, cette assurance indéfinissable qui avait le don de me troubler. Mon cœur battit plus fort, et je me surpris un instant à le contempler, presque hypnotisée par l'intensité tranquille qu'il dégageait.
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The Shadow of the Past
RomanceL'amour n'est ni raisonnable, ni raisonnée. C'est une évidence, une intuition. - Anne Bernard Plongez dans l'univers d'Amélia, où chaque mélodie est une quête de liberté et chaque silence, une bataille pour survivre. Amélia arrive à la prestigieuse...