Chapitre-Quarante neuf

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RAIN

Depuis environ une vingtaine de minutes, Hunter tourne en rond dans mon salon. Il a insisté pour m'installer ici juste après mes confessions. Il a dit que j'avais besoin d'être entourée, qu'il était impensable -selon lui- que je reste dans ma chambre dans l'état où je me trouvais. Je n'ai pas protesté, de toute façon, c'était mission impossible pour que je retrouve le sommeil.

Honnêtement, cette fois-ci je vais aussi mal vu de l'extérieur que de l'intérieur, mais d'une certaine façon, m'être débarrassée de ce poids me soulage, et me libère surtout. Sans le savoir, j'attendais ça.

J'ai cru que Hunter allait vraiment se tirer de chez moi une fois que je me serais calmée, mais il ne l'a pas fait. Ce que j'ai bien du mal à assimiler je l'avoue. Vraiment bizarre. Cette histoire est affreuse, un cauchemar. Pourtant, elle n'agit pas de façon nocive chez Hunter. Ca contraste franchement avec l'idée que je m'en faisais.

Allongée sur le canapé en position fœtale, j'essaye de retrouver cette paix que j'avais il y a quelques heures. Peut-être que le sommeil va tomber d'un coup, allez savoir ! Qu'est-ce que ce serait bien ! 

Nous n'avons pas dit un mot depuis que j'ai vidé mon sac. D'un côté ça n'est pas plus mal, mon mal de crâne a diminué et je peux espérer reprendre un peu d'énergie. Mais d'un autre, ça me terrifie, ça fait naître une angoisse sourde au fond de mon être. 

Peut-être que ce n'était pas le moment des aveux. Oh mon Dieu, j'aurais dû m'assurer qu'il soit près. Mais comment peut-on être sûr que quelqu'un est à même d'entendre ce genre de choses ? 

En un quart d'heure, Hunter a passé le balai trois fois. C'est bien la première fois que je le vois faire des tâches ménagères. Je l'ai un peu reluqué je l'avoue, ça me faisait penser à autre chose, mais pas assez longtemps. Après ça, il m'a apporté deux tasses de thé bouillants différentes. Il ne m'a pas demandé quelle saveur je voulais, il ne m'a pas non plus demandé si je me sentais mieux. A la place, il s'est contenté de s'occuper l'esprit. Je n'ignore pas le fait que ce que je viens de lui divulguer a sans doute monopolisé la majeur partie de ses pensées. Je n'en suis pas totalement fière non plus. En réalité, ça me met un peu mal à l'aise qu'il agisse de cette manière. Bien sûr, je devrais plutôt m'en réjouir. Il aurait pu carrément partir sur le champ ou commencer à me juger comme si j'étais responsable de toute cette merde.

Son silence est comme toujours, insondable et grisant. Pourtant il m'aide à m'endormir. 

Quand je me réveille, la nuit est tombée et Hunter s'affaire dans la cuisine. Il a l'air concentré sur ce qu'il fait. Il ne remarque pas que je viens de me réveiller. Je regarde la pendule, j'ai dormi plusieurs heures d'affiler ! Je m'étire un peu, ce qui me fait un bien fou. J'ai même l'impression d'aller mieux. Je ne sous estimerais plus jamais ses tasses de thé magiques. 

- Désolé pour tout ça, finis-je par articuler après avoir réfléchit plusieurs minutes à quoi dire.

Hunter arrête de couper un citron. J'ignore combien il en a passé sous sa lame, mais la quantité grandit à vue d'œil. En fait, je ne préfère pas savoir pourquoi il fait ça.

- Ce n'est pas de ta faute. 

- Je sais, mais c'est moi qui ai choisit de t'en parler. Peut-être que t'en avais pas forcément envie. 

Bien sûr qu'il n'en avait pas envie. 

- Tu te sens mieux ?

Hunter (2014)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant