Chapitre Soixante-sept

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RAIN

La mousse me fait penser à des nuages.

Assise dans le bain, derrière Hunter, j'en attrape une portion dans mes deux mains. Je la souffle ensuite de toute la puissance que je peux, afin de la répandre dans les airs. J'admire ma petite œuvre en sentant les doigts d'Hunter dessiner des formes que je n'interprète pas dans mon dos. Ça me relaxe énormément.

- C'est quoi ce sac que tu trimbalais avec toi tout à l'heure ? Le sac Harrods.

Ma question est accueillie par un simple baiser, posé au milieu de ma nuque. Cette tendresse là, je pensais qu'elle avait finit par me quitter. Mais visiblement, chaque chose à un revers. Je souris bêtement. Le genre de sourire que je n'aime pas trop afficher, mais qui malgré tout en révèle beaucoup sur tous les sentiments qui m'animent.

Arrête de sourire comme ça, Rain. Si Hunter te voit, il n'hésitera pas à te charrier. 

Et plusieurs fois.

Je secoue mes jambes dans le bain. L'eau est assez dégueulasse, il faut quand même le dire. Fort heureusement, la mousse cache tout ça.

- Je suis allé acheté un bouquet de fleurs ce matin. Il est à toi. Et en même temps, j'ai rencontré une charmante jeune fille.

J'arque un sourcil sans qu'il ne le voit. Je décide donc de me retourner afin d'essayer de lire sur son visage ce qu'il me raconte. Si c'est une tentative pour piquer ma curiosité, il vient de mettre dans le mille.

- Une jeune fille ?

Je feins d'ignorer la légère jalousie que je sens naître quelque part au fond de moi. Les filles ça court les rues. Les jeunes filles sans doute encore plus. Je n'apprends rien à personne. Pas besoin de me monter la tête pour rien.

- Elle s'appelle Lara Khan et devine quoi ? Elle est sortie avec Eugene. Ou plutôt elle a passé une nuit avec.

- Je vois...

Je fais exprès de laisser ma phrase en suspend. En fait, je sens qui si Hunter m'informe de l'existence de cette fille, c'est qu'il a quelque chose de plus à dire sur elle. Quoi, je n'en ai aucune idée. Alors pour le forcer à cracher tout ce qui se terre dans les recoins de sa tête, je le fixe longuement. Le temps me dira si cette technique fonctionne sur lui. J'espère ne pas attendre longtemps tout de même.

J'ai la vive impression que je dois redécouvrir cette personne. Que maintenant, ça fonctionne de cette façon. J'essaye de m'y faire le mieux possible. 

- Pas la peine de me faire ce regard-là, Rain. Si je t'en parle, c'est parce que cette fille est enceinte et que c'est sûrement Eugene le père. Je ne sais pas quoi faire de ce gosse. Eugene hein, pas son futur enfant.

Cette dernière pensée, il se l'a dit sûrement à lui-même. Parce que même si il en parle avec un détachement de fer, je crois bien que cette histoire de grossesse le tourmente. C'est affolant comme il se sent plus "impliqué" qu'Eugene. Les gênes Sierra sont vraiment divergents apparemment. Quoique que si je réfléchis bien, Hunter était dans le même genre que son cousin dans un passé pas si lointain que ça.

Pendant un instant, je ne sais absolument pas quoi répondre. Ce n'est un secret pour personne, Eugene n'a pas le profil d'un père. D'un bon père. Ou en tout cas pas pour l'instant. De ce que je sais de lui, il serait bien capable d'ignorer cette histoire. De la fuir, comme il fuyait ses sales affaires avec Bobby. Ce souvenir me refroidit instantanément.

- Et Eugene, il est courant ?

Hunter pose sa tête au creux de mon épaule. Je sens sa joue rugueuse -l'apparition d'une barbe naissante peut-être- toucher la mienne, et le contact réveille des sensations en moi. Je pensais que mon corps avait finit de me faire ce genre de surprises. Apparemment pas. 

Hunter (2014)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant