Chapitre Cinquante-deux

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RAIN

Plus jeune, j'ai écrit trois principes fondamentaux que j'appliquerai à l'âge adulte. Il devait y en avoir quatre, mais au final, j'ai pensé que trois ça sonnerait mieux.

Je devais avoir treize ou quatorze ans et j'avais des heures à tuer. Ma mère m'avait emmené avec elle à son rendez-vous chez le gynécologue, mais j'étais restée sagement dans la salle d'attente. Sa consultation a duré un long moment, alors j'ai attrapé un brouillon qui traînait dans mon sac et j'ai commencé à écrire ce qui me passait par la tête.

Est-ce que Finn Mann allait un jour remarquer que j'existais ?

Est-ce qu'il est nécessaire d'être jolie pour vouloir quelqu'un qui l'est ?

Ou bien est-ce que continuer d'être la roue de secours de ses amies c'est aussi renforcer une amitié ?

J'ai arraché ma feuille. Tout ce que je notais était stupide. J'ai foutu ma petite boule dans la poubelle déjà pleine qui figurait dans un coin de la salle d'attente. Une vieille dame m'a regardé faire ma manœuvre dans un calme flippant. De la façon dont elle me regardait, je suis à peu près sûre qu'elle pensait que c'était moi qui avait un rendez-vous. J'ai oublié sa présence en me concentrant un peu mieux sur mon papier.

A cette époque, je pensais souvent à mon moi futur, tout simplement parce que mon moi présent ne me satisfaisait pas, j'avais l'impression de porter -supporter- ma présence, et cette sensation craignait beaucoup. Ma mère ne me comprenait pas, et d'ailleurs je ne suis pas sûre qu'elle cherchait à le faire. Je la remerciais secrètement pour ça, rien de pire qu'une mère collante pour vous demander toute la journée si tout va bien ou pourquoi tout n'irait pas bien. Chiant, chiant et super chiant.

J'ai pensé à ce film que j'avais vu la veille sur une chaîne de télé alors que j'aurais dû être couchée. C'était l'histoire simple d'une femme qui ne cherchait ni amour, ni relation amoureuse. Pour ne pas flancher, elle suivait un protocole très strict qu'elle avait elle-même inventé. De cette façon, sa vie était bien réglé et sans imprévisibilité. Je l'ai envié pendant longtemps. Elle était adulte, belle, avec un boulot stable et une garde-robe bien soignée. Je détestais ma vie, alors comprenez bien que je voulais la sienne tellement fort que dès qu'il m'a été possible de croiser une étoile filante, mon vœu était parfaitement calculé.

Quand la vieille dame est partie en consultation avec un autre gynéco -un homme de la même tranche d'âge qu'elle- j'ai ressorti mon brouillon.

J'ai écrit en gros et en majuscule.

LES TROIS (QUATRE) RÈGLES FONDAMENTALES QUE RAIN VIOLA SUIVRA DES SA MATURITÉ ATTEINTE

1.Toujours avoir l'air confiante peu importe la situation à laquelle on est confrontée.

2.Aborder un sourire quand il le faut mais ne pas hésiter à être honnête quand même.

3.Agir avec le plus de recul et surtout ne pas prendre les choses pour acquises, même si ça en à l'air.

4.Ne jamais laisser un homme briser son cœur plus d'une fois.

Après le sourire fier que ma déclenché l'écriture de ces premières règles, j'ai voulu poursuivre en rédigeant les trois objectifs en suivant le même fonctionnement.

LES TROIS OBJECTIFS FONDAMENTAUX QUE RAIN VIOLA POURSUIVRA DES SA MATURITÉ ATTEINTE  

1.Dégoter un mari qui suffira à conforter son grand problème d'instabilité (et bien sûr qui l'aimera pour son cœur et sa personnalité pas son physique blablabla...)

Hunter (2014)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant