Chapitre 32 : Run

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T'arrête pas !

Après une longue course intensive, je tente de reprendre mon souffle. Mes jambes brûlent et la douleur vive dans ma cheville est presque insupportable. Mais je refuse de céder. L'air frais du matin frappe mon visage, brûlant ma gorge lorsque je l'inhale, et mes longs cheveux attachés en une queue-de-cheval se balancent au rythme de mes pas.

Hier soir, une pointe d'excitation m'a traversée en lisant le message reçu. Je suis rentrée chez moi pour me reposer, espérant que le sommeil calmerait mon esprit. Malheureusement, la nuit fut agitée, hantée par mes cauchemars. Chaque fois que je fermais mes yeux, des visions troublantes m'assaillaient, me laissant réveillée, haletante et dégoulinante de sueur.

Ce matin, pour chasser ces démons nocturnes, je me suis lancée dans une séance de sport intense, malgré l'entorse qui me fait souffrir depuis quelques jours. J'ai couru plus loin et plus vite que d'habitude, mon visage crispé par la douleur que je ressens alors que je continue de forcer, espérant que l'épuisement physique écraserait l'agitation de mon mentale. Mais même maintenant, après des kilomètres parcourus, je sens une légère pointe d'adrénaline courir dans mes veines. Mon corps réclame une pause, mais mon esprit, lui, ne veut pas s'arrêter.

Je fais quelques pas, ralentissant peu à peu, chaque impact sur ma cheville m'arrachant une grimace de douleur. J'observe les alentours, le parc calme et presque désert à cette heure matinale. Ce calme apparent contraste violemment avec le bordel en moi. Je prends une profonde inspiration, sentant l'air frais emplir mes poumons, et je laisse mes pensées vagabonder.

Je me décide enfin à m'arrêter, m'asseyant sur un banc proche pour reprendre mon souffle. La douleur dans ma cheville se fait plus intense maintenant que le peu d'adrénaline retombe. Mes muscles se détendent peu à peu, et la tension dans ma poitrine diminue. Après avoir repris un souffle correct, je me lève et trottine jusqu'à mon appartement malgré ma cheville. Chaque pas est une lutte, mais je refuse de me laisser abattre. Je déteste être faible. Cette pensée me donne a force de continuer, même si la douleur est constante.

Je déteste être faible.

Les portes de mon ascenseur s'ouvrent, je ne perds pas de temps. Je fonce jusqu'à ma douche, désireuse de me débarrasser de la sueur accumulée pendant ma course. L'eau chaude coule sur mon corps, apaisant mes muscles tendus. Je ferme les yeux, profitant de ce moment de calme.

Je baisse la tête pour observer mon nouveau piercing. Je le trouve vraiment beau ! Je me sens un peu belle avec lui sur mon corps, comme si ce petit bijou pouvait illuminer un coin sombre de ma vie. Même si tout est toujours compliqué dans ma tête comme dans ma vie, j'ai l'impression qu'une légère lumière perce cette pièce sombre. Je termine ma douche et me sèche lentement, savourant la sensation de la serviette sur mon corps. Je m'observe dans mon miroir, mon reflex me renvoie l'image d'une femme fatiguée, à terre, mais déterminée. Une femme qui refuse de se laisser abattre par les traumatismes, qui continue à avancer malgré la douleur.

Je m'habille avec un ensemble gris, un jogging ample pour éviter qu'il ne touche trop mon nouveau piercing. Mes longs cheveux ondulés sont attachés en un chignon haut plaqué, serré contre ma tête. Je descends doucement les marches, appuyant légèrement sur ma cheville pour me rappeler que, je suis bien blessée mais je suis encore debout. Une fois arrivée au garage, je chevauche ma moto, laissant le doux vrombissement résonner entre les murs. J'essaie de mettre mon casque, mais le chignon plaqué m'en empêche.

Putain, c'est dur d'être une femme...

Je finis par ajuster mon casque tant bien que mal et démarre la moto. J'entame la route vers le point de rencontre qui m'a été donné. La route défile à toute vitesse sous mes roues, me procurant une douce sensation de liberté et de tranquillité. Le mélange de la vitesse et du vent fait cogner la capuche de mon pull contre mon dos. Je m'aplatis entièrement sur ma moto, cherchant à gagner encore plus de vitesse, à sentir l'adrénaline courir dans mes veines.

AndréaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant