Chapitre 13

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13. Louise

Je cours, le plus vite que mes jambes le peuvent. J'ai la vue brouillée par mes larmes. Pourquoi je pleure?! Moi, je devrais être en train de compatisser en imaginant le cœur que j'ai brisé... Qui est de plus celui de ma meilleure amie...

Je me dirige vers la bibliothèque, seul endroit, ou j'ai un peu de repère. Je me glisse dans les allées encombrées de romans et grimoires et m'assieds brutalement sur un pouf soyeux. Â ce moment là, je fond littéralement en larmes. Je n'en peux plus... Juste, pourquoi?

Je repense à l'expression si gênée de Katja quand elle essayait d'exprimer ses sentiments. C'est vrai que j'aurais pû essayer de comprendre, mais son baiser a été trop rapide et je n'ai pas eu le temps de l'esquiver. Ou devrais-je dire le temps de le décliner...

Je ne soupçonnais vraiment pas ma meilleure amie d'avoir de l'amour pour moi. Je sais qu'elle m'aime mais, je pensais juste en amie, pas plus... Le pire, c'est qu'elle m'a toujours confirmée être hétérosexuelle! Visiblement, ce n'est pas totalement le cas... Mais alors, pourquoi m'avoir caché ça?

Je soupire et regarde aux alentours. Dans ma tristesse, je ne suis même pas rendue compte ou mes jambes me guidait.

Je suis dans un petit coin que je n'avais jamais vu auparavant. Sur le plafond, des petites étoiles brillantes sont tracées. Le mur est recouvert d'un vieux papier peint, qui est légèrement dégarni, de couleur marron foncé. Les armoires dans lesquelles les livres sont entassés par centaines semblent poussièreuses, et plusieurs toiles d'araignées s'y sont confortablement installées.

Je me lève difficilement, les yeux rougis, la tête lourde. Mes doigts effleurent certaines reliures de livres. Tous ont l'air anciens et assez précieux. Ils doivent regorger de secrets sur la magie. Les titres sont souvent écrits en ancien sorcier, alias le "Dãrżan". Malheureusement, avec le niveau faible que j'ai, je n'arrive pas à déchiffrer ce qui est écrit dessus.

Soudain, j'entends un fredonnement qui me fait sursauter. Je ne suis pas seule ici! Je me tourne silencieusement, en espérant que les lattes du plancher ne craquent pas sous mes pieds. Hélas, un gros "crac" retentit brusquemment lorsque je commence à avancer.

J'entends la personne qui lâche un petit "hi", probablement surprise. Elle murmure alors d'une voix très limpide et féminine:

« Il... Il... y a... quelqu'un?

Je me tais pendant quelques secondes, mais je me résigne car sinon la jeune fille qui est ici croira qu'un fantôme hante ces lieux. Alors je réponds faiblement:

-Oui... Moi...

Même si je ne la vois pas, je sens qu'elle se crispe, à cause du long silence après ma réponse. Je pense qu'elle doit se sentir stressée ou énervée de ne pas être seule. Peut être qu'elle a l'habitude d'être seule ici (ce qui ne m'étonnerait pas vu l'état de la salle).

Elle finis par dire:

-Alors... Qui es tu?

-Je... Je m'appelle Louise, bégayé-je.

-Ah, est ce que tu es la nouvelle surdouée?

Je déteste qu'on me prenne pour un génie. Je serre les dents très fort, jusqu'à ce que la douleur soit insupportable, puis lance assez froidement:

-Oui, c'est moi. Pourquoi?

-Juste pour savoir.

Un long blanc s'ensuit. Cela me gêne encore plus de ne rien pouvoir dire. Je ne suis pas vraiment inspirée et pas du tout d'humeur à parler à qui que ce soit. Même aux inconnus. Pourtant, je réponds à sa question:

-Tu es où? J'aimerais voir ton visage...

-Suis le son de ma voix.

Je fredonne un petit air de musique avant de voir apparaitre une belle jeune femme. Mais immédiatement, quelque chose dans son visage, son allure, me choque.

Elle est blanche comme un spectre.

Ses longs cheveux pâle descendent jusqu'à ses hanches. Ses yeux bleus glaciers scintillent sous l'effet de la légère lumière. Ses cils, comme, probablement tous le restes de ses poils, sont de la couleur de la neige. Elle porte une petite robe qui a la même couleur que la lune, des chausettes hautes et des bottines bleu très clair.

Elle m'observe pendant quelques secondes puis prends la parole:

-C'est donc toi, Louise...

-Oui, c'est... Moi, chuchoté-je, et toi... Qui es tu?

-Je m'appelle Lilith. Je suis ravie de faire ta connaissance, Louise.

-Merci moi de même. En quel classe es tu?

Elle me devisage pendant un petit moment puis se mets à éclater de rire. Un rire franc mais vraiment doux. Puis elle se reprends, legerement tremblante après cette éclat d'euphorie.

-Je n'ai pas de classe, car... Je suis un esprit. »

STRANGERSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant