Le Pacte - k.th

58-1

[Hellooo, je vous conseille fortement d'écouter la musique pendant la lecture de ce chapitre ♡]

——

Je me repositionnais sur la banquette, cherchant à être plus à l'aise, en vain, alors que Taehyung s'éclaircit la gorge.

— Je suis content que tu ai accepté de me revoir.

J'acquiescai timidement.
La musique du diner diffusait de la pop enjouée qui me permettait un tantinet de me détendre momentanément.

— J'ai cru comprendre que mon retour t'avais secoué.

Il plongea ses prunelles désolées dans les miennes et mon cœur vacilla.

— Je ne sais pas ce que tu attends de moi, avouai-je plus froidement que je ne le voulais.
— Je n'attends rien, je voulais simplement te présenter mes excuses pour avoir fui de cette façon ce jour-là, chez Agatha.

Mon visage se tordit alors qu'un rictus désabusé m'échappa.

— Tu es venu pour t'excuser ?

La serveuse vint déposer nos thé glacés en nous souhaitant une bonne dégustation, mais nos regards ne se lachèrent pas. Elle parti et Taehyung reprit le cours de la conversation :

— Oui, ça me semble important. Je ne t'ai pas exactement traité comme il se devait.

Un rire nerveux s'empara de moi alors que, lui, ne flanchait pas.

— Je ne te comprends pas ! Ça fait 2 ans que tu as disparu de la surface de mon monde. Tu m'as abandonné, comment tu peux revenir du jour au lendemain seulement pour t'excuser ?!
— Je sais que c'est très maladroit.
— C'est pire que cela ! Taehyung, repris-je plus calmement. J'ai 25 ans. C'est terminé, nous ne pouvons plus vivre quoi que ce soit, toi et moi. J'ai reconstruit ma vie sur des bases solides, des amitiés fortes, un travail qui me plait et j'ai même un appartement. En plus de ça, je suis une sorcière maintenant, tu le sais ?

Il acquiesca et je ne fus pas surprise.

— Je peux vivre sans toi, conclu-je.

Mais je n'en ai pas envie.

Taehyung me sourit, une pointe de fierté attendrie dans son regard qui me laissa confuse.

— Oui, je vois ça. Je n'en attendais pas moins de toi, avoua-t-il.

Parce que je sentais ses paroles m'adoucir, j'aspirais à la paille quelques gorgées de mon thé glacé pour reprendre contenance.

— Millie, je n'ai jamais regretté d'être parti ce jour-là, car c'était la meilleure chose à faire. Tu as pu vivre ce que tu avais à vivre et c'était mon but : te libérer de l'attente et de l'enfermement que représentait notre relation était nécessaire.
— Tu as toujours vu notre relation sous cet angle, lachai-je pensive, le regard perdu sur la surface lustrée de la table.
— Je l'ai vu sous bien d'autres angles, avoua-t-il, la voix profonde pleine de nostalgie.

Je le relevai la tête vers lui et je su qu'il se replongeait dans le passé. Je me refusais à en faire de même.
Je pris mon courage à deux mains pour lui demander ce qui avait traversé mon esprit plus d'une fois depuis son retour :

— Où étais-tu pendant tout ce temps ?
— En Angleterre.

Il y avait-il une autre femme ?

— Qu'est-ce que tu y faisais ?
— Je suis allé voir la maison de mes parents, puis je suis finalement resté.
— Tu aurais dû y rester pour de bon.

Je me surprise moi-même que ces mots aient franchi la barrière de mes lèvres. Le plis entre les sourcils de Taehyung apparut et je regrettai d'avoir dit cela instantanément. S'il était en colère ou agacé, il ne le laissa pas voir.

— Non. En fait, je voulais te dire que je vais m'installer ici, définitivement. On sera probablement amené à nous revoir, comme nous avons le même groupe d'amis, et je voulais savoir si tu étais en paix avec cela.

Un poids affaissa mes épaules.

La torture ne s'arrêterai pas aujourd'hui. J'allais devoir le voir, le croiser pour une durée indéterminée, alors que j'aimais toujours Taehyung d'un amour qui ne me quitterai jamais.

— Il faut que tu comprennes que toutes les décisions que j'ai prises étaient pour toi, Millie. Pour te faire vivre la vie que tu méritais et non pas celle que je t'imposais pas pur égoïsme. Si tu ne peux pas accepter le fait que j'habite dans la même ville que toi, alors je m'adapterai. Je ne veux pas que tu te sentes mal à l'aise à cause de moi, tu n'as cas me le dire, je comprendrai.

Rien ne pouvait plus me briser le cœur que ces paroles remplies de bienveillance, de sincèreté et, surtout, d'amour. Taehyung me rendait les choses tellement difficiles ! Pourquoi n'avait-il pas changé ? Pourquoi n'était-il pas devenu grossier, exécrable et mauvais ?

Tout cela n'avait aucun sens ! Je ne pourrai pas vivre dans la même ville que lui alors que je ressentais tous ces sentiments à son égard ! Ça ne ferai que rouvrir la plaie que j'avais mit un mal fou à guérir.

Si Taehyung voulait vivre ici, je n'étais personne pour lui interdire. Il avait ses amis qui tenaient à lui et qui constituaient probablement sa seule famille. Je ne pouvais pas lui enlever ça sous prétexte que je l'aimais encore et que cela me faisait du mal. Mais dans le temps, cette douleur serait insupportable.

Sa voix douce m'extirpa de mes songes :

— Millie ?
— Je ne peux pas, lachai-je.
— Que veux-tu dire ?
— Je suis désolée.

Je fouillais frénétiquement dans mon sac pour trouver un billet.

— Qu'est-ce qu'il se passe ? me demanda-t-il confus.

Je n'ai jamais cessé de t'aimer et je ne veux pas vivre sans toi, voilà ce qu'il y a.

Parce que je du ravaler un sanglot, je ne répondis pas. Je posai le billet sur la table et je me levai précipitemment pour partir.

— Millie, attends !
— Je t'offre le thé glacé, ne me remercie pas, ça me fait plaisir, tentai-je maladroitement.

Je me hâtai vers la sortie alors que Taehyung m'appela. Comme je l'ignorai, il saisit mon bras avant que je puisse quitter le diner et me fit pivoter vers lui doucement.

— Attends, nous -
— Je te pardonne, le coupai-je.

N'était-ce pas ce qu'il voulait entendre depuis le début ?

Parce que ma voix trahissait une fébrilité évidente, Taehyung lacha mon bras. Un air bouleversé déforma son beau visage.

Alors que je m'éloignais, il tenta une nouvelle fois de me faire rester en m'appelant, comme une supplication. Le cœur en miette, je quittai le diner sans me retourner, ravalant mes sanglots.

J'attendis d'être dans le bus pour pleurer silencieusement derrière mes lunettes de soleil.

Si je pardonnais sincèrement à Taehyung, j'en voulais à la vie de laisser notre amour impossible perdurer. Encore maintenant, après avoir quitté Taehyung, je ressentais cette sensation horrible d'inachevé.

Hilda m'avait dit que la vie avait son propre rythme et j'avais trouvé le mien, seule. Mais aujourd'hui, plus que jamais, j'avais ce besoin désespéré mais illusoire que Taehyung et moi, nous accordions enfin.