BEHIND - Tome 1. The Wicked Game

20 - Convocation

Cassie

En ce lundi matin, ma deuxième et dernière semaine de stage commence. Alors que l'ascenseur gravit les niveaux, je jette un rapide coup d'œil dans le miroir. Je recentre discrètement la boucle de ceinture de ma robe chemisier bleu ciel et replace derrière mes oreilles les petites mèches rebelles qui se sont échappées de ma queue haute. Je m'occupe pour éviter de penser à ma prochaine rencontre avec Charly. Je ne suis plus chez mon oncle et ma tante, en terrain neutre où j'ai le loisir de répondre à ses provocations, voire d'en être l'instigatrice... Ici, entre les murs de BJ&C, c'est indubitablement lui qui détient le pouvoir.

Par chance, il se sera peut-être évaporé comme ce fût le cas la semaine dernière avec son déplacement à New York ? Son absence de mon panorama est une idée qui me réjouit, alors que retentit le « bip » me signalant mon arrivée au dix-septième étage.

À l'instant où je mets les pieds dans le service, mes agréables hypothèses s'envolent, car Sofia m'indique que Charly m'attend dans son bureau, sans toutefois me préciser le motif de cette convocation matinale. Mon rythme cardiaque accélère sous mes pas, que je tente de garder les plus lents possibles jusqu'à son étude. À quelle facette de sa personnalité vais-je avoir affaire ? Vu la façon dont je l'ai planté samedi, je n'escompte pas affronter sa version la plus sympathique.

Pas le choix, Cassie. Tu l'as provoqué, maintenant il faut assumer !

Je prends une grande inspiration, puis cogne trois petits coups secs contre la porte. À travers la paroi qui nous sépare, sa voix ferme me délivre l'autorisation d'entrer.

Je redoute cette rencontre depuis le moment où ma paupière s'est abaissée pour lui lancer ce fichu clin d'œil. Avec lui, c'est le genre de détail qui a des conséquences. Lesquelles ? Je m'apprête à le découvrir en appuyant sur la poignée.

Je le trouve assis avec une nonchalance déconcertante dans son fauteuil en cuir noir, sur lequel sa veste de costume de la même teinte se fond à la perfection. Une jambe relevée, la cheville négligemment posée sur le genou, sa main tapotant nerveusement sur son bureau, il m'observe avec attention pénétrer sur son territoire. Ses cheveux bruns coiffés en arrière me donnent une vue dégagée sur son visage aux traits anguleux. Ce qui m'interpelle aujourd'hui c'est l'ecchymose violacée qui orne sa pommette. D'instinct, mes doigts se tendent, désireux d'entrer au contact de cette blessure, d'en tracer les contours et d'en atténuer la douleur. Mais bien évidemment, je retiens mon geste. Tout comme je me muselle pour ne pas demander comment cette marque est arrivée sur sa peau.

Manquerait plus que tu t'inquiètes pour lui, idiote !

— Bonjour, Charly. Tu voulais me voir ? articulé-je avec le plus d'aplomb possible.

Son regard contrarié me confirme instantanément sa mauvaise humeur et se heurte au mien tout aussi récriminant. Il détaille avec minutie mon corps, comme si quelque chose avait changé depuis notre dernière rencontre. Je m'avance jusqu'à l'une des chaises, reste debout et me concentre sur le stylo qu'il claque à présent de manière compulsive contre son bureau.

— Assieds-toi !

Les dents serrées, j'obéis à son ordre.

— Les salutations et la politesse ne semblent pas à l'ordre du jour, ne puis-je me retenir de répliquer avec ironie en croisant mes jambes, puis mes bras avec fermeté sous ma poitrine.

— Très bien, si tu insistes, allons-y pour les questions courtoises... Alors Cassiopée, as-tu passé un bon week-end ? riposte-t-il, un sourcil arqué. Tu ne t'es pas trop ennuyée avec ce... Ah, j'ai oublié le prénom de ton sportif...