BEHIND - Tome 1. The Wicked Game

25 - « Lose control » - (Partie 2)

Charly

Assis à l'une des tables rondes du meilleur restaurant français de la ville, nous laissons la spécialiste nous guider sur notre sélection de plats. En ce qui concerne le vin, je prends le relais et opte pour un blanc sec qui se mariera très bien avec chacun de nos choix. Et là, en prolongeant mon observation de la carte, je m'imagine avec la jolie blonde pour un tour des vignobles dans le sud de la France, avec dégustation et baise dans les champs...
Wow, il m'arrive quoi, là ?
Je secoue la tête pour chasser cette idée incongrue. Moi, en vacances avec une fille ? Jamais de la vie... Ces jours existent pour s'éclater, par pour que je me traîne une seule et unique gonzesse comme un boulet qui voudra tout contrôler, tout programmer et risque de piailler des reproches à la moindre occasion. Cassiopée n'agirait peut-être pas comme ça...

Addison s'étant éclipsée, selon elle pour se repoudrer le nez, je saisis l'opportunité de questionner l'objet de mon tourment :

— Mon choix de restaurant te convient-il ? J'espère que retrouver la cuisine française te procure un peu de baume au cœur. Te trouver loin de chez toi ne doit pas être évident, je présume.

— Merci, Charly, c'est très prévenant de ta part. Et oui, ça m'avait vraiment manqué, concède-t-elle avec une pointe de nostalgie dans la voix.

— Tu as le mal du pays ? me surprends-je à lui demander.

Elle boit une gorgée d'eau, puis repose son verre en m'étudiant.

— Un peu, je dois l'admettre.

— De tes proches aussi je suppose ?

Est-ce que je ne me montre pas trop insistant ou même curieux avec toutes ces questions ? Le pire étant que je m'étonne moi-même du naturel avec lequel elles viennent. Et tout autant de l'intérêt avec lequel j'attends chacune de ses réponses.

— Il n'y a que ma mère. Je n'ai qu'elle là-bas, me confesse-t-elle tout bas en se soustrayant à mon regard.

A-t-elle honte de m'avouer qu'elle possède ce dont j'ai été privé ? Une mère...

Je percute qu'elle n'a plus qu'un seul parent. Elle aussi a peut-être grandi en se sentant incomplète ou rejetée. J'aimerais creuser un peu plus cette piste, mais Addison choisit ce moment pour réapparaître.

— Il y avait trop de monde, j'y retournerai tout à l'heure, nous annonce-t-elle en regagnant sa place. Au fait, Cassie, mon père envisage de nous emmener en France pour les fêtes de fin d'année. Il souhaiterait acquérir un pied à terre à Paris, tu aurais peut-être des conseils à me donner sur les boutiques et les endroits branchés ?

— Je ne pense pas que nous fréquentions les mêmes enseignes et encore moins les mêmes lieux, rétorque-t-elle en posant délicatement sa serviette sur sa bouche pour cacher un petit sourire en coin.

— Oh dommage... Sinon, les Français, ils sont comment ? Il paraît que ce sont de vrais romantiques, alors, mythe ou réalité ?

— Les Français sont comme tous les autres, lui répond-elle, blasée.

Son opinion de la gent masculine ne semble pas meilleure que la mienne sur le sexe opposé. Je dois avouer qu'elle a bien raison de se méfier de nous. Je ne peux retenir le petit rire moqueur qui m'échappe.

— Je peux savoir ce qu'il y a de drôle, Charly ?

— Ton manque de croyance en l'homme, Cassiopée ! Mais, je reconnais que je n'en pense pas moins de la femme...

— Ça, je l'avais remarqué, grommelle-t-elle en me foudroyant du regard.

— Il faut juste être réaliste, les filles, et s'avouer que nous sommes sur terre pour jouir des bienfaits du sexe, sans toutefois nous encombrer des convenances que l'on cherche à nous imposer tel que la fidélité, le mariage, l'amour éternel... Nous nous porterions tous bien mieux et serions plus libres en profitant de ce que nous offre la vie. S'attacher à quelqu'un ne sert à rien. Arrivera un jour où il vous trompera, de quelque manière que ce soit... Il ne tiendra pas une promesse ou il vous abandonnera, vous laissant seule et amère, avec rien d'autre que vos yeux pour pleurer. Alors, à quoi bon s'infliger une telle torture ?