26 - À mes côtés (partie 2)

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Cassie


Une infirmière, dont je discerne en premier les cheveux gris ramenés en un haut chignon, avance jusqu'à nous.

— Vos résultats sont arrivés, madame Leblanc, annonce-t-elle le nez dans ses papiers.

— Alors ? bondit Charly aussi bien par les mots que sur ses jambes.

— Rassurez-vous, monsieur, commence-t-elle en nous dévoilant enfin son visage souriant marqué par les années, votre femme se porte bien...

— Mais ce n'est pas... la coupé-je pour tenter de corriger son erreur.

Mon supposé conjoint se tourne vers moi et plaque sa main sur la mienne pour m'intimer de me taire, juste avant de se reconcentrer sur les paroles de la soignante.

— Son scanner n'a révélé aucune lésion. Elle restera ici sous surveillance cette nuit et il serait préférable qu'elle ne dorme pas. Logiquement, elle devrait pouvoir sortir demain. Au moindre besoin, n'hésitez pas à nous appeler.

— Très bien, dans ce cas je reste avec elle, nous informe Charly en resserrant ses doigts autour des miens qu'ils n'ont toujours pas quitté.

Ramenant la pile de documents contre sa poitrine, l'infirmière nous observe avec tendresse par-dessus la fine monture dorée de ses lunettes rondes.

— Vous savez, madame, votre mari était vraiment très inquiet...

Est-il utile de préciser que je manque de m'étouffer en entendant cette inconnue mettre, une seconde fois en moins d'une minute, Charly l'indépendant et réfractaire à tout engagement, dans la case « mari », le mien de surcroît ? Visiblement, il ne s'y opposait pas tant que ça par le passé, à en croire les confessions d'Addison au sujet de leurs fiançailles avortées...

— ... Si vous l'aviez vu parcourir en long en large et en travers la salle d'attente pendant que vous effectuiez vos examens... Gardez-le précieusement, me conseille-t-elle avant de se retourner.

Elle disparait par l'embrasure sans que je trouve la force d'intervenir, trop choquée par ses propos déconcertants au sujet de mon patron d'ordinaire égocentrique. Charly me lâche la main et s'assoit dans le fauteuil.
Les paroles de la soignante sont-elles ce qui lui a coupé les jambes si soudainement ? Et l'arête de son nez qu'il pince si fort, est-ce parce que de telles absurdités le sidèrent ?

J'opte pour dédramatiser la situation et demande en rigolant :

— Alors, monsieur mon mari, comme ça tu étais préoccupé par mon état ?

Il relève la tête, abasourdi par le choix de mes mots.

— Normal que je m'inquiète, ma stagiaire est renversée par une voiture pendant un déplacement durant lequel je suis responsable... Il y a de quoi paniquer un peu, non ?

Pourquoi cette vérité n'est-elle pas celle que je désirais entendre ? Pourquoi me noue-t-elle à ce point l'estomac ? Je ne suis que son employée. Il n'est que mon patron.

Tu l'embrassais il y a deux minutes à peine...

C'est vrai. Avec délectation... Pourtant, je ne représenterai jamais rien d'autre pour lui, car une relation au sens où moi je la conçois est en totale opposition au style de vie qu'il s'est choisi... Sa maudite religion du coup unique !

— Tu n'es pas obligé de rester ici, tu sais... Tu devrais rentrer te reposer...

— Je l'ai dit et je te le confirme, m'interrompt-il, je ne bougerais pas, Cassiopée ! Je te rappelle que tu ne dois pas dormir alors je compte bien y veiller. Je te propose un petit jeu...

BEHIND - Tome 1. The Wicked GameOù les histoires vivent. Découvrez maintenant