BEHIND - Tome 1. The Wicked Game

36 - « You and me »

« You and me » - The Fray

Charly

Suis-je devenu ce genre de mec pathétique au point de courir pour rejoindre une fille dès que l'occasion se présente ? Ça me fout les boules, mais je dois me rendre à l'évidence que oui. Il a fallu un seul appel de Carter m'invitant à un barbecue entre potes, le midi même, pour que je me retrouve sur la route en direction du chalet de mon oncle. Un jour où je devais bosser en plus.

Jamais un trajet ne m'avait paru aussi long. Pourtant, à mesure que je me rapproche de Cassiopée, un goût de liberté s'insinue en moi, sentiment rarement ressenti avec la tension omniprésente que mon père m'inflige au quotidien. Il n'y a qu'auprès d'elle que je me sens détendu. Presque serein.

Au bout d'une interminable heure de conduite, j'emprunte le petit chemin d'accès qui borde l'une des rives du lac et me stationne enfin dans la grande cour à quelques mètres de la maison bardée de bois, placée devant un bosquet. Alors que je claque la portière, mon regard se porte sur l'immense terrasse qui entoure la bâtisse et repère immédiatement ma jolie blonde. Quatre jours que nous ne nous étions pas vus. Ses yeux ébahis se posent sur moi, quand les miens détaillent avec convoitise son corps magnifiquement mis en valeur dans une robe moulante s'arrêtant à mi-cuisses.

Elle s'élance vers moi, une lueur d'enchantement brille dans ses prunelles lagon, et je m'étonne à réellement apprécier cet instant. Je ne perds pas une miette du spectacle qu'elle m'offre, elle est radieuse.

Lorsque ses mains entrent au contact de mes bras nus, un étrange frisson de bien-être me parcourt l'échine. Le merveilleux sourire qui orne son visage est si communicatif que je me surprends à l'imiter. Instinctivement, mes lèvres s'élancent sur les siennes dans un baiser aussi rapide que spontané, oubliant l'endroit où nous nous trouvons et que ne sommes pas seuls.

— La discrétion n'est pas votre fort, heureusement qu'il n'y a que nous trois ici ! nous rappelle à l'ordre Amy.

Je ne l'avais pas remarquée, celle-là !

À contrecœur, je recule d'un pas laissant un espace convenable entre Cassiopée et moi. Elle soupire de frustration et se tourne vers sa cousine qui nous toise, les bras croisés. Le pire c'est qu'elle n'a pas tort, mais au lieu de le reconnaître je réplique avec sarcasme :

— Et ton mec, il est où ? Ce serait pas mal s'il s'occupait un peu de toi, comme ça on aurait la paix.

Cassiopée étouffe dans sa main un hoquet de stupeur qui glisse vers un petit rire nerveux. Amy n'a guère besoin de plus pour se vexer.

— Très bien ! relève-t-elle en haussant ses épaules. Si vous le prenez comme ça, démerdez-vous la prochaine fois.

Elle exécute un demi-tour pressé en marmonnant,dans le même temps où Cassiopée me donne une tape sur l'omoplate.

— Tu y es allé un peu fort là, rouspète-t-elle à voix basse. Elle nous a aidés à plusieurs occasions, tout de même...

— Et alors ? Je ne me suis pas farci toute cette route pour que tu m'engueules, autant que je reparte si ça ne te convient pas, répliqué-je en feignant d'être offensé.

Elle attrape solidement mon poignet, stoppant net ma fausse tentative de fuite.

— Non, s'il te plait, reste, tu m'as affreusement manqué ces jours-ci.

Sa confession me touche autant qu'elle m'effraie. Un puissant écho de mon propre ressenti que je m'interdis encore d'admettre pleinement. J'aurais envie de la jeter par-dessus mon épaule et l'emporter loin de toute potentielle présence humaine. À la place, je capture simplement sa main et caresse la parcelle de peau si tendre entre son pouce et son index.