BEHIND - Tome 1. The Wicked Game

25 - « Lose control » (Partie 1)

« Lose control » - Teddy Swims

Charly

Après une courte nuit de sommeil agité de cauchemars, je me traine jusqu'à la salle de bain, impatient de me débarrasser de la pellicule moite qui colle ma peau. L'esprit encore engourdit, des bribes de la veille me reviennent par flash. À commencer par mon poing que j'ai encastré dans le mur juste à côté de l'encadrement de porte, dont un coup d'œil à mes phalanges écorchées me confirme la véracité. Une sale habitude, vestige de mon adolescence durant laquelle j'ai cogné dans de nombreuses cloisons ou sur un lot non négligeable de mecs qui me cherchaient ou tout simplement ne me plaisaient pas, la plupart du temps au point d'avoir les mains en sang.

Le jet d'eau chaude tombe directement sur mon visage. Les yeux fermés, celui de Cassiopée se dessine dans mes pensées, accompagné de mon prénom qui a effleuré ses lèvres dans une plainte alors que nous nous embrassions comme deux affamés. J'ai cru devenir complètement dingue...

Qu'est-ce qu'il m'arrive, bordel !? Une décharge électrique qui me déchire le bas ventre pour un simple putain de baiser et un minuscule gémissement glissant de sa bouche... C'est totalement incompréhensible.

Elle agit comme une vraie tête de mule. Elle n'a jamais admis son attirance, celle que je perçois sans difficulté chaque fois que ses yeux se posent sur moi. Elle s'est littéralement fermée, m'a repoussé, alors pourquoi j'insiste au juste ? Et quand elle a dépeint le soi-disant portrait de mon enfance bercée dans un schéma de luxe idéal, j'ai sacrément dégoupillé. D'accord, je suis arrogant, suffisant, méprisant, condescendant et tous les adjectifs qui s'achèvent par « ant » qui lui chante, mais me réduire à un gosse choyé par ses parents, elle ne pouvait pas être plus éloignée de la vérité !

Bref, cette histoire allait me rendre complètement barge, alors dans un besoin de plus... plus fort, plus radical, plus anesthésiant, je me suis rabattu sur le mini bar pour dissoudre toutes ces pensées qui me retournaient le cerveau. La suite est beaucoup plus floue, elle se noie dans les vapeurs d'alcool et le nombre de mignonnettes qui gisent au sol.

Apprêté et mieux réveillé, je boutonne les manches de ma chemise blanche qui s'accorde parfaitement aux fines rayures de mon pantalon marine. La courte sonnerie de mon téléphone, posé sur la table de chevet, m'annonce l'arrivée d'un message. Et comme un éclair balayant mon esprit de sa vive lumière, je me remémore celui que j'ai envoyé à Cassiopée au beau milieu de la nuit. Indécis, j'avise l'objet quelques secondes avant de m'en emparer et ouvre directement la conversation lancée la veille, ignorant en beauté le dernier reçu.

Elle a répondu.

[Désolée... À toi de me révéler qui est le vrai Charly]

Pour cela, il faudrait déjà que je sache qui je suis...

Les pouces en tension au-dessus du clavier, je reste comme un con à fixer l'écran, à lire et relire cette phrase. Mon pouls accélère de façon inappropriée. Elle semble m'ouvrir une porte, mais dans quel but ? Ai-je réellement envie d'emprunter le chemin des confidences avec elle ? Finalement, mes doigts se mettent à pianoter tout seuls.

[Je croyais que les anges avaient le don de deviner...]

J'appuie sur envoyer. L'esprit perturbé, je consulte les autres arrivées liées au travail et les traites immédiatement.

À 11 h tapantes, nous nous retrouvons dans la même salle de conférence que la veille, mais cette fois-ci nos clients sont une femme et un homme, les représentants d'une marque de cosmétique spécialisée dans les produits bio. Le maquillage ce n'est pas mon domaine, c'est évident, mais je suis un fervent partisan de l'arrêt des tests sur les animaux. Ces êtres vivants n'ont pas le loisir de se défendre par la parole comme nous et je pense que peu d'humains apprécieraient qu'on leur tartine le cul de rouge à lèvres en attendant de voir si l'orifice gonfle ou présente le moindre signe allergique.