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Ils ont 19-20 ans
Oui je poste un autre texte au lieu de finir le dernier du challenge... Il est en cours mais c'est un gros morceau oups
TW : homme (misogynie), crise d'angoisse,,,, validisme???

Edurne et un groupe d'étudiantes avaient passé les quinze dernières minutes à se plaindre de l'administration de la faculté de lettres. Il n'y avait rien de mieux pour se détendre un peu après l'examen raté l'après-midi. Edurne lâcha un rire, mais celui-ci se tarit vite en voyant un jeune homme qui les fixait puis qui s'approcha d'elles.

"Bonsoir, glissa-t-il en se calant juste à côté d'elle.
- Salut, répondit Edurne avec un vague sourire et un regard bref. Et donc là le prof a dit qu'il allait pas changer les coeff alors que toute la promo s'est plantée...
- C'est toujours comme ça avec lui !
- J'ai hâte de plus avoir cette UE, vraiment...
- Moi c'est Gabin, fit l'étudiant en fixant toujours Edurne.
- Edurne, répondit-elle sans cacher son ennui.
- Tu es très jolie.
- D'accord, merci. Mais j'étais en pleine conversation avec mes amies là.
- Tu veux pas juste discuter un peu ?
- Ça ira. Je suis pas intéressée.
- Mais on se connaît à peine... Comment tu peux savoir qu'on va pas s'entendre ?
- J'ai un copain. Laisse-moi tranquille.
- Ouais, vous dites toutes ça, marmonna Gabin. Et il est où, s'il existe ?"

Edurne garda un air figé et se força à ne pas jeter un coup d'œil vers l'endroit où elle avait laissé Gus. Lâcher un homme qui la draguait vers lui comme un chien enragé était probablement la pire idée du monde, quand bien même elle voulait être débarrassée de l'étudiant qui était à deux doigts d'avoir un filet de bave sur le menton.

"Il n'est-
- Tiens mais tu l'as amené ce soir non ? D'habitude il vient jamais, commenta sans réfléchir Mélinea, une des autres filles.
- Ah !
- Non mais... lâcha Edurne à voix basse en la foudroyant du regard.
- Oh...
- Et donc, où il est ?
- Tu penses vraiment que je vais organiser une rencontre ? Laisse-moi tranquille, c'est tout.
- J'ai qu'à te suivre au pire...
- Oh, c'est bon, lâche-la au bout d'un moment, répliqua une étudiante.
- Retourne fumer ta beuh sur le balcon, t'y seras mieux. Oui on la sent sur toi, continua Mélinea avec un geste de main."

Gabin secoua la tête et les abandonna enfin, non sans lâcher un "sales putes" en retour. Edurne remplit de nouveau son gobelet de punch pour passer à autre chose, et vérifia que Gus était toujours en vie. Au moins, il n'était pas difficile à repérer. Il ne la remarqua pas, probablement en train de parler au groupe qui se trouvait devant lui. Coincé dans l'angle de la pièce, il se concentrait sur l'idée de faire bonne impression malgré ses mains tremblantes autour de son verre d'eau qu'il avait à peine touché. Cela ne faisait pourtant que quelques minutes qu'on lui parlait, mais son diaphragme était déjà lourd et sa respiration pesante. Il regrettait déjà de ne pas avoir eu de service de plonge ce soir et d'avoir donc accepté d'accompagner Edurne à cette soirée étudiante. C'était en grande partie pour lui faire plaisir, et un peu pour réessayer d'être sociable. L'échec se faisait déjà ressentir.

"Tu veux faire quoi après la licence ? Tu disais que tu avais bientôt fini ta L3, c'est ça ?
- Oui, c'est ça, répondit Gus d'une voix légèrement robotique. J'aimerais faire un master de droit pénal puis obtenir le CAPA.
- C'est quoi le CAPA ?
- C'est le certificat d'aptitude à la profession d'avocat. Il est indispensable pour exercer le métier.
- Oh, donc, tu veux être avocat ?
- Oui."

La jeune femme ne dit rien de plus et le dévisagea quelques instants. Elle devait probablement se dire qu'il n'avait pas exactement un profil d'avocat, et elle n'avait pas tort. Il peinait à aligner deux phrases en parlant à des inconnus, comment pouvait-il penser réussir une plaidoirie ? En se faisant violence, il avait passé quelques concours d'éloquence en deuxième année et s'était assez bien débrouillé malgré les nuits blanches les jours précédant l'épreuve. Débattre en public était, au final, presque moins angoissant qu'une discussion lambda avec des étudiants de son âge. Il y avait des règles, des connaissances théoriques et une méthodologie à appliquer. Et il n'avait pas besoin de prétendre s'intéresser à la personne en face, puisque les arguments étaient réellement pertinents lors de ce genre d'exercice.

Notevember 2019 et autresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant