24 : Visage, Description (2019)

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Ici Gus et Edurne ont 17 ans.

TW : mention d'abus

Ce n'était pas la première fois qu'elle embrassait quelqu'un ; elle avait déjà échangé quelques baisers lors de soirées avec des jeux alcoolisés, ou durant une histoire avec une camarade qui s'était terminée très vite et l'avait laissée un peu amère. Mais en ce moment précis, tout semblait différent. Peut-être était-ce dû au silence complet qui les entourait, au manque d'expérience du jeune homme en face ou au contexte particulier ; elle ne s'en souciait pas. Elle se recula rapidement, après avoir embrassé son meilleur ami avec plus de pureté qu'elle n'en n'aurait jamais imaginé, venant d'elle. Un baiser pudique et léger, qui soulevait plus de questions qu'il n'en résolvait.

"Ça fait... Très longtemps que je voulais faire ça. Pourquoi on a attendu autant ?"

Après sa phrase, elle remarqua que Gus n'était nettement pas en état de répondre. Il était assez rouge pour que cela se voit sur sa peau brune, et la regardait d'un air ahuri qu'elle n'aurait jamais pensé voir chez lui jusque là.

"Je... Je ne sais pas. Je n'aurais jamais osé, balbutia le jeune homme en fixant le matelas.
- Tu avais peur que je t'en veuille ? Je veux dire... Je comprends vraiment pas pourquoi on a pris autant de temps. C'était... assez... visible, fit Edurne avec des mouvements de main pour amplifier la chose.
- Je... Préférais en être sûr avant de tenter quoi que ce soit. Et puis tu... tu es toi. Et je suis juste... moi.
- Ne dis pas ça... J'espère que tu es sûr maintenant.
- Oui. Je...
- Hmhm ?
- Rien. Et maintenant ?
- Maintenant ? Je me disais que ça voulait dire qu'on reconnaissait notre attirance mutuelle pour genre, faire marcher la relation, tu vois. Rien de très important.
- Après autant de temps... L'idée paraît irréelle.
- On s'y fera, non ?
- Sans doute... Nous nous connaissons depuis assez longtemps pour que ça marche...
- En plus, maintenant je peux faire ça."

Après s'être assurée de l'accord du brun en rapprochant pas à pas son visage du sien, elle joignit de nouveau leurs lèvres en fermant les yeux. Cette fois-ci, en plus de la tendresse, elle y mit un peu plus de ferveur. Rien de très ardent ; elle osa simplement en faire plus qu'une bise discrète sur les commissures de la bouche. Elle sentit les mains de Gus hésiter et trembler, avant d'effleurer les siennes, qui entouraient toujours le visage du jeune homme. Puis ses doigts étreignirent lentement ceux d'Edurne, qui accepta le contact avec joie. Ils se séparèrent au bout d'un certain temps, sans délier leurs mains, leurs nez se frôlant alors qu'ils s'observent dans le silence le plus complet.

Ses yeux parcouraient lentement le visage de la jeune femme, s'arrêtant sur chaque tache de rousseur. Dans ses iris mordorés brillait ce qu'il interprétait comme un mélange d'excitation et d'appréhension, alors qu'elle le fixait elle aussi. Il avait détaillé - plus discrètement - plusieurs fois son visage auparavant, mais jamais il n'avait ressenti l'envie qui le parcourait en ce moment. L'envie de toucher avec douceur ses cheveux châtains cotonneux, de sentir les boucles soyeuses sous ses doigts, de lui dire qu'il l'aimait plus que tout et de la voir sourire. Mais il n'osa pas. Il était peut-être trop tôt pour asséner des vérités telles que celles-ci, aussi évidentes soient-elles.

Elle était aussi muette que son ami, le regard posé sur la peau de celui-ci et étudiant les traits aiguisés de son profil au nez tordu. En se concentrant, elle voyait de minuscules et innombrables cicatrices plus claires zébrant les pommettes et la mâchoire du jeune homme, qui rappelaient indéniablement la mère du brun et qu'elle éluda de son esprit pour replonger son regard dans la rivière sombre qu'était celui de Gus. Malgré tous ses efforts, ses yeux étaient encore rouges et humides, et ses cheveux courts encore plus décoiffés que d'habitude. Elle rangea quelques mèches, et ils sourirent simultanément.

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