20 : Douceur, Proximité, Famille (2019)

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Ici Gus a 30 ans, Edurne 29 ans et............ Eshee 4 ans ( je sais pas pourquoi je crée du suspense alors que normalement... Ceux qui lisent savent qu'Eshee est née... )

TW : aucun zéro

"Papa ! s'exclama la fillette en courant vers le brun, une fois sortie de l'école.
- Eshee !
- J'ai fait un dessin !
- Aie-je le droit de le voir ?
- À la maison ! ordonna Eshee en attrapant la main de son père.
- Très bien.
- Sinon aujourd'hui on a découpé et colorié des trucs !
- Et c'était bien ?
- Trop bien !"

Il échangea un petit sourire avec elle, et commença tranquillement à rentrer chez eux. La petite fille semblait bien peu motivée à marcher. Elle ralentissait le pas peu à peu, tout en tenant toujours la main de son père, avant de s'arrêter pour parler :

"Je suis fatiguée...
- Je marche trop vite...?
- Euhhh... Non...
- Tu peux simplement me le demander si tu veux que je te porte...
- Porte-moi !
- Avec plaisir."

Elle se jeta quasiment sur lui, avec une vivacité contrastant avec la douceur de la voix de l'homme, pour l'enserrer avant qu'il ne la prenne dans ses bras. Il savait que céder aussi facilement n'était pas forcément la bonne solution, surtout au vu de ses problèmes de dos, mais... il était faible. Il n'avait pas d'autre excuse. Et elle semblait tellement contente qu'il n'avait pas le cœur à lui refuser. Il ne pourrait pas la porter toute sa vie, alors autant en profiter maintenant. Presque immédiatement une fois bien installée, elle s'exclama :

"T'es trop grand ! C'est trop bien ! se réjouit Eshee, qui avait pourtant déjà été aussi haut.
- Ou tu es juste très petite... fit le brun avec un sourire léger, toujours aussi heureux de voir l'émerveillement de sa fille.
- Non ! C'est toi qui est très grand !
- Hm. Oui. Tu as probablement raison."

Il cédait tellement facilement qu'il se demandait parfois comment il réussissait à gagner sa vie en tant qu'avocat. Sa fille ne semblait pas tant s'en soucier, trop occupée à tenter de toucher les feuilles des arbres en gigotant. Il ne s'en souciait pas vraiment ; il n'avait jamais été aussi peu gêné par de la proximité physique. Encore heureux honnêtement. Il fut vite ramené au monde réel quand Eshee lui posa une question en posant sa main sur sa joue :

"Ça pique. Pourquoi tu l'enlèves pas ?
- Oh. Je n'y ai simplement pas pensé."

Un mensonge éhonté. Il n'avait pas eu le courage de se raser le matin même. Il avait eu ce qu'on appelle plus communément la flemme. Il n'en avait pas vraiment l'habitude, mais l'idée de ne pas toujours tout faire dans les temps était étrangement réconfortante. Il n'avait pas besoin d'organiser un emploi du temps pour chaque petit évènement dans sa vie, après tout. Tant que cela n'affectait pas des aspects de son quotidien plus importants...

"Mais ça pique ! C'est nul pour les bisous.
- Parce que tu as déjà essayé ?
- Euh... Non... C'est vrai...
- Ne t'inquiète pas. Elle ne va pas rester bien longtemps."

La réponse sembla convenir à Eshee, qui ne dit rien de plus et se reconcentra sur les feuilles mordorées au sol. Il accéléra un peu le pas pour rentrer vite chez eux, et il ne fallut pas longtemps avant qu'ils n'arrivent devant la porte de l'appartement. Edurne le regarda d'un air désapprobateur quand elle le vit arriver avec leur fille dans les bras, alors qu'elle fermait son ordinateur. Il savait quelle remarque elle allait faire. Elle attendit tout de même d'avoir étreint Eshee et que celle-ci ait disparu dans sa chambre. Puis elle se tourna vers Gus, et le regarda avec une intensité telle qu'on aurait pu imaginer qu'il venait de lui annoncer avoir perdu leur fille sur le chemin du retour.

"Tu l'as encore portée de l'école à ici ?
- Non. Elle a tout de même marché dix mètres après être sortie de l'école.
- Tu sais... Tu devrais être capable de lui dire non.
- Je sais... Mais j'ai du mal.
- Argh... Tu ressembles de plus en plus à mon père dis donc.
- Je le prends comme un compliment. Mawin est un homme admirable.
- C'était tout à fait un compliment. Bien sûr."

Ils se fixèrent un instant dans le silence le plus complet, avant qu'elle ne lève les yeux au ciel avec un sourire, puis lui frôla elle aussi la mâchoire avec un air amusé.

"Mais qu'est-ce qu'il se passe ? Tu te laisses aller ?
- Est-ce vraiment la peine d'en faire autant ?
- Mais oui. Je suis sous le choc. D'habitude tu es... Euh... Plus soigné ?
- J'ai juste oublié...
- J'ai du mal à y croire. Mais j'ai aussi du mal à croire que tu aurais juste pas eu le courage... Peut-être que tu l'as fait exprès.
- Ça sonne plus comme une envie qu'une théorie.
- Je vais pas nier... Ça ne te va pas horriblement mal, avoua Edurne avec un petit rire."

Quoi ? Il s'apprêtait à exprimer son étonnement quand Eshee revint en trombe avec une feuille pleine de feutre dans les mains. La jeune femme lui adressa un clin d'œil inattendu, avant d'aller observer le dessin, qui le fit rougir légèrement. Après des années de vie conjugale, on eut pu penser qu'il aurait appris à résister un peu plus au charme d'Edurne. Ce qui n'était définitivement pas le cas, mais... c'était compréhensible. Elle était toujours aussi incroyable, et il ne la remercierait probablement jamais assez d'être restée avec lui tout ce temps. Mais ce n'était pas le bon moment pour se perdre dans ces pensées ; il y avait toujours, juste en face de lui, Eshee, encore aussi excitée à l'idée de leur montrer son œuvre, et Edurne s'accroupissant pour être au niveau de leur fille. Alors il ne tarda pas à les rejoindre, avec un de ses sourires sincères qui devenaient de moins en moins rares avec les années.

C'est tellement plus novembre ni même décembre mais texte fini donc je poste !

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