1 : Vague, Choc (2019)

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Ici Gus a ~8 ans.

TW : abus physique et psychologique

La surface de l'eau, qui paraissait pourtant si douce, le heurta avec une telle violence qu'il eut l'impression qu'elle finirait par trancher sa peau. Elle était gelée, et les petits bouts de glace frappant ses joues n'apportèrent aucun soulagement aux traînées sanglantes sur celles-ci. Mais le pire était de sentir la vie lui glisser entre les doigts à chaque fois qu'il tentait de prendre une goulée d'air, soit trop tôt, soit trop tard : de l'eau insidieuse trouvait toujours son chemin jusqu'à sa gorge et l'étouffait petit à petit. Il tentait de limiter les chocs en s'accrochant avec des gestes paniqués aux bords de l'évier, mais la main agrippée à ses cheveux était infiniment plus forte que lui et plongeait sa tête à un rythme impitoyable.

Tout cela lui sembla durer une éternité, et pourtant chaque plongée ne devenait pas plus facile. Mais il n'émit aucun son. Même sa bataille pour trouver de l'oxygène était silencieuse. Pas de vague. C'était son mot d'ordre. Pas de vague ou il pourrait lui arriver bien pire. Il avait appris à connaître les méthodes utilisées contre lui, et il avait appris que la meilleure des défenses était encaisser et se taire. Alors c'est ce qu'il faisait, et jusque là l'idée s'était prouvée bonne. Et par bonne, il voulait dire qu'elle ne lui permettait pas une vie sans coups et blessures, mais elle limitait ceux-ci.

"Retourne dans ta chambre."

Il entendit vaguement la phrase alors qu'il fut tiré en arrière et tomba sur le carrelage, pantelant, et reçut un coup dans les côtes. La douleur était sourde et concentrée en un seul point, bloquant sa respiration déjà entravée, mais il se releva tout de même dans le mutisme le plus complet, la tête baissée pour ne pas rencontrer le regard qui le terrifiait tant. Il semblait immensément petit et frêle, le dos courbé et les yeux rivés au sol, face à la femme au regard de fer. Elle lui intima d'aller dans sa chambre d'un seul geste sec. Sa main frôla l'épaule du garçon, qui se crispa. Elle l'avait fait exprès, et voir qu'elle avait eu le résultat escompté la fit sourire.

Il ne fuit pas. Il partit d'un pas lent, mais pas assez pour donner l'impression de ne pas avoir écouté la femme. Il posa ses pieds de façon méthodique, pour faire le moins de bruit possible, éviter les planches qui craquaient le plus, s'éloigner des meubles sur lesquels tomber pourrait être le plus douloureux. Peser le pour et le contre avant chaque pas était épuisant, mais moins fatiguant que le poids des yeux qu'il sentait posés sur ses maigres épaules. Il ne pouvait pas l'ignorer et il sentait sa haine le brûler. Heureusement, il arriva à la porte, et put disparaître dans le sas sombre reliant la pièce de vie et sa chambre.

C'est une fois arrivé près de son lit qu'il s'autorisa à respirer. Il s'accroupit contre le meuble, une main contre son flanc douloureux, l'autre écartant les mèches noires humides de son front. Il ne pouvait tout de même pas se permettre de faire trop de bruit ; l'idée même d'intimité dans sa propre chambre était absurde. Ce n'était pas lui qui avait le pouvoir ici. C'était elle. Mais il avait au moins le contrôle de sa respiration, du moins à ce moment précis, et ferma les yeux en calmant ses halètements de peur, en endormant les frissons qui parcouraient son corps meurtri. Son regard sombre se posa ensuite sur le plafond, alors que sa tête tangua en arrière. Il n'allait pas dormir ce soir. Mais au moins, il était dans sa chambre, et ce n'était pas un privilège qu'il avait chaque nuit.

Vous pensiez que changer de personnage voulait dire que ce serait plus joyeux ? Quelle erreur.
Sinon ouais. Je poste pour le Notevember avant d'avoir fini le writober. Hahahahahahaha

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