Notevember 2019 et autres

3 : Éphémère, Sourire, Contact (2019)

Gus et Edurne ont 17 ans.
Les parents d'Edurne appartiennent à TheeAngora

TW : mention d'abus ?

Plus que trente minutes avant son départ. Il regardait sa montre en sentant l'anxiété monter en lui ; il n'arriverait pas à profiter du temps qu'il lui restait si cela continuait. Elle lui prit la main avec un sourire triste, essayant de le réconforter un peu.

"Ça va aller... Elle... Tu n'auras plus à la supporter pendant encore très longtemps."

Il ne lui répondit pas mais hocha très légèrement la tête, essayant de se convaincre lui-même. Plus que quelques mois et il n'aurait plus à la voir tous les jours. Elle arrivait à empoisonner les moments où elle n'était même pas présente. Elle l'observait toujours, ou du moins le jeune homme en avant l'impression. Même quand il sortait simplement quelques heures avec Edurne. Au moins, elle l'avait laissé sortir. C'était un grand pas en avant.

"Est-ce qu'on peut... marcher?
- Hum ? Oui, oui, bien sûr !"

Ils se levèrent en même temps, maintenant le contact entre leurs deux paumes. Ses pommettes tournaient au rouge progressivement, il le savait, mais il préférait de loin ressentir cette gêne plutôt que penser à sa mère. Elle avait dû le remarquer, car elle retira sa main pour remettre un peu d'ordre dans ses cheveux, comme si de rien n'était. Cet été, leur relation était devenue... un peu plus étrange, on pouvait le dire. Il cachait très mal ses sentiments vis à vis d'Edurne et ce depuis plusieurs années, mais ce n'était que récemment, et suite à plusieurs sous-entendus de la part d'un de ses pères, qu'elle avait commencé à s'en rendre compte. Ils étaient donc coincés dans une phase laborieuse entre amitié et couple, et aucun des deux partis n'osait faire le premier pas.

Ils marchaient en silence, se jetant de temps en temps des coups d'œil furtifs. Elle finissait une glace qu'elle avait achetée après avoir retiré des livres pour les cours à une librairie, réussissant à entraîner Gus au passage. Son argumentation s'était résumée à "Tu as assez travaillé. Fais en plus et ce sera pas productif !". Elle n'avait pas tort, et surtout, il n'était pas difficile à convaincre quand c'était elle qui s'y mettait. La jeune fille finit par se racler la gorge pour reprendre la parole :

"Tu sais, tu peux toujours... Venir à la maison. Ça gênerait pas mes parents...
- Je... Non. Je ne peux pas, répondit-il d'une voix mourante alors qu'elle sortait à peine de sa bouche.
- Comme tu veux... En tout cas appelle-moi si ça va pas, hein. Je serai probablement pas en train de travailler.
- N'avais-tu pas une dissertation à rendre ? demanda le brun, changeant de sujet brusquement.
- Hahaha. Chut. Mais oui... Pour demain... Je vais me coucher super tard.
- Tu peux demander de l'aide à ton père.
- J'ose pas ! J'ai un peu peur de me faire gronder pour avoir autant procrastiné.
- Tu le connais. Il ne serait pas en colère très longtemps.
- Pas faux... Hm. Je verrai bien."

Il cligna des yeux en hésitant à lui proposer son aide, mais se rappela bien vite que la philosophie était bien différente en filière littéraire et scientifique. Et Turnm était mieux placé que lui pour aider Edurne. Bien mieux placé. Ils se dirigeaient tranquillement vers l'endroit où ils devaient se séparer pour rentrer chez eux, et la lycéenne voyait le visage du brun se fermer et se crisper de plus en plus. Si seulement elle pouvait l'aider... Mais elle n'avait pas d'idée à part l'enserrer et lui dire de fuir cette sorcière qu'était sa mère. Mais il ne le ferait probablement jamais... La voix grave de son ami la tira brusquement de ses divagations.

"Je dois y aller.
- Oh. Eh bien... Euhm. Bon courage... Et à demain !"

Un silence un peu trop long plana, alors qu'ils croisèrent leurs regards de façon éphémère, ne sachant comme se dire aurevoir. C'était encore une fois terriblement gênant et ils ne pouvaient s'en prendre qu'à eux-mêmes d'être aussi mauvais pour décrypter des sentiments évidents. Mais les aveux ne seraient pas pour aujourd'hui. Il lui glissa un "à demain" à voix basse et elle le salua d'une main, laissant la boule de sorbet dégouliner sur l'autre, un sourire figé sur le visage, et ils s'éloignèrent en même temps l'un de l'autre, les pensées embrouillées. Au secours.