Chapitre 18

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Bien que la nuit tombe sur les montagnes, nous continuons notre avancée. Mélione dort toujours mais elle a repris quelques couleurs. Rainn continue d'ouvrir la voie secondée par Arasel et Sitara. Avec sa détermination inébranlable, Rainn ne montre aucun signe de fatigue. Ses yeux sont fixés sur le chemin devant nous, cherchant le moindre signe de danger. Je me demande bien comment elle fait pour rester vigilante. Calion et Naseria ferme la marche. Arasel reste silencieux près de la charrette tirée par Camus, fidèle à son poste. Son regard perdu dans l'obscurité. Il semble être en pleine réflexion, peut-être préoccupé par ce qui nous attend à Cricestalan. Ou songe t-il peut être à l'attaque qui s'est déroulée quelques heures

Je rapproche mes genoux près de ma poitrine. J'ai froid. Je me demande bien si nous arriverons au village de Cricestalan avant l'aube. Le vent froid de Vanhae souffle entre les versants et les cols. Ce qui profite à l'installation d' une couche de froid. Les étoiles scintillent au-dessus de nous. On semble être si proches d'elles. Leur lumière pâle est notre seule source de lumière avec les sortes de petits feux follets produits par Calion.

Les heures me semblent interminables à l'arrière de la charrette. J'observe Mélione du coin de l'œil.

Un bruit sourd retentit dans le lointain, suivi d'un éclat de lumière qui déchire le ciel nocturne. Nous nous arrêtons tous, le cœur battant, tandis que Rainn lève la main pour signaler le silence. Les yeux de tous sont rivés sur l'horizon, où une colonne de fumée commence à s'élever.

- Qu'est-ce que c'est ? murmurais-je.

-Ce sont les forges de Cricestalan, me répond Arasel.

-Quelque chose ne tourne par rompt, fait remarquer Calion

Nous restons silencieux, observant la lueur lointaine qui grandit à l'horizon. Les forges de Cricestalan ne devraient pas être allumées à cette heure. Quelque chose ne va pas. Je peux le deviner grâce aux expressions de Sitara et Calion.

-Nous devons nous dépêcher, déclare Rainn, sa voix tranchante dans le silence. Si les forges sont allumées, cela signifie qu'il y a du travail. Et s' il y a du travail à cette heure, cela signifie qu'il y a un problème.

Sans attendre une réponse, elle se tourne et reprend la marche, nous entraînant tous avec elle. Le froid semble s'intensifier, mais la peur et l'anticipation nous maintiennent en mouvement. Nous avançons à travers la nuit, guidés par la lueur des forges et la détermination dans nos cœurs. Je continue de scruter les grandes gerbes de feu qui semblent percer le plafond céleste.

Au fur et à mesure que nous nous rapprochons, le bruit des forges devient plus fort, un grondement sourd qui résonne dans l'air nocturne. Nous pouvons voir maintenant les silhouettes des bâtiments de Cricestalan, leurs formes sombres se découpant contre la lueur des forges. Les bâtiments sont pour la plupart faits de pierres et d'ardoises, tout semble très simple comparé aux autres villes et villages que j'ai pu voir depuis mon arrivée à Afetis. Mais l'obscurité m'empêche de clairement visualiser les détails. Le village est entouré par une immense muraille de bois et de pierres.

Alors que nous approchons de la porte d'entrée. Une silhouette se détache de l'obscurité et se dirige vers nous. Il semble bien musclé et armé d'une sorte d'arquebuse. Rainn descend de son cheval. Allons nous demander l'hospitalité pour la nuit ? Ce qu'il se passe ? Un médecin pour Mélione ?

Peut-on seulement faire confiance aux habitants de ce village ? Si cela se trouve, ils sont corrompus par AEschylus comme beaucoup avant eux. Rainn s'approche de la silhouette, sa démarche est déterminée mais prudente. Elle s'arrête à une distance respectueuse et s'incline légèrement en signe de respect.

- Nous cherchons un abri pour la nuit, dit-elle d'une voix claire et posée. Nous avons une blessée avec nous. Pouvez-vous nous aider ?

La silhouette reste silencieuse un moment, puis hoche la tête. Il fait signe à quelqu'un dans l'obscurité et deux autres figures émergent, portant une torche. La lumière révèle un homme d'âge moyen, aux traits durs et aux yeux fatigués. Il porte une armure simple et tient fermement son arquebuse. Les trois hommes sont couverts de suie. C'est le signe d'un dur labeur accompli.

-Y-a-t-il un problème avec les forges ? questionne Arasel

- Je suis le capitaine de la garde ici, dit-il. Nous avons eu des problèmes avec des bandits ces derniers temps. C'est pour ça que les forges que nous avons rallumé les forges. Nous fabriquons des armes pour nous défendre.

Il s'approche de la charrette. il jette un regard vers Mélione, puis vers le reste du groupe. Son regard s'attarde sur Arasel, puis il hoche la tête.

- Vous pouvez rester pour la nuit, dit-il. Nous avons une auberge où vous pouvez vous reposer. Et nous avons un guérisseur qui peut s'occuper de votre amie.

Les soldats nous laissent alors pénétrer dans les entrailles de Cricestalan. Les bœufs sont fatigués de la longue route. Tout comme les chevaux. Rainn discutent avec l'un des soldats qui semblent avoir un haut statut. Certainement le capitaine, songeais-je.

Rainn le remercie le capitaine de garde et se tourne vers nous, un soulagement visible sur son visage. Elle nous rejoint et nous indique la route à prendre.

Nous remontons la route principale puis nous empruntons une rue plus étroite qui débouche sur une sorte de petite place. Là, se trouve une sorte d'étable ouverte avec un abreuvoir pour les bêtes.

Je pose pieds à terre comme cela est jouissif.

Une jeune femme sort de l'auberge en compagnie d'un homme assez grand et barraqué comme un joueur de rugby.

Aramis passe une main dans ses cheveux noirs, laissant échapper un soupir.

Nous nous dirigeons vers l'auberge, nos pas résonnant sur les pavés de la rue. L'homme, grand et barraqué doté d'une épaisse barbe brune, ouvre la porte de l'auberge, laissant échapper un filet de lumière chaleureuse qui tranche avec l'obscurité de la nuit. Il nous accueille d'un signe de tête, son regard parcourant notre groupe fatigué.

- Bienvenue à l'auberge des forges, dit-il d'une voix grave. Je me nomme Grant, je suis le propriétaire. Vous devez être épuisés. Suivez-moi.

Arasel, aidé par Calion, porte Mélione à l'intérieur, elle semble si mal au point.

Il nous guide à l'intérieur, où la chaleur du feu de cheminée nous enveloppe immédiatement. L'auberge est rustique et assez ancienne comme le démontre les fissures dans les murs, mais accueillante, avec des tables en bois massif et des chaises confortables. L'elfe blond dépose délicatement Mélione sur un fauteuil près de la cheminée qui crépite. Le jeune roux s'assure de son confort.

Une femme d'âge mure, aux cheveux blonds noués en une tresse épaisse s'affaire derrière le comptoir. Elle prépare ce qui semble être un ragoût. Elle nous jette un regard curieux mais ne dit rien.

Grant nous montre une table près de la cheminée. Nous nous y installons, appréciant la chaleur du feu sur nos visages.

- Nous allons monter votre amie dans une chambre en attendant le guérisseur. Déclare l'aubergiste.

Mélione est transportée avec précaution à l'étage par les trois hommes, où le guérisseur de la ville doit arriver . Pour le coup j'aurais bien aimée que le professeur Hadéon. Il aurait pu faire quelque chose pour la noiraude.

Le médecin, ou plutôt devrais-je dire le guérisseur, arrive. Pendant que nous attendons le retour d'Arasel et Calion, nous commandons de la nourriture et des boissons chaudes. Le ragoût est délicieux, réchauffant nos corps fatigués et apaisant nos esprits inquiets. Nous parlons peu, chacun perdu dans ses pensées. Je joue avec une pomme de terre qui flotte dans le bouillon restant. L'appétit commence à disparaître et je me fais du soucie pour la jeune femme brune.

La nuit avance. Le groupe demeure près du feu. Moi, je me suis glissé près de la fenêtre, la sacoche sur mes genoux, une main sur mon collier. Je fixe les étoiles. Finalement après un petit temps, Rainn revient, l'air soulagé après s'être rendue au chevet de Mélione.

- Mélione va bien, annonce-t-elle. Le guérisseur dit qu'elle a besoin de repos, mais elle devrait se rétablir. nous allons devoir rester plus longtemps que prévu ici. 

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