Les Princes de Nurmengard

Sous le regard du serpent

Le 1er août 1995,
au manoir des Malfoy.

Marco avait trouvé une salle parfaite pour laisser parler sa frustration et surtout son humiliation. C'était une salle d'entraînement avec des mannequins qui ne duraient pas longtemps quand il y passait. Il contrôlait parfaitement la flamme bleue, décidant de la rendre dangereuse ou au contraire, juste une flamme tiède et rassurante.

Les mannequins étaient dispersés en morceaux autour de lui, le sol parsemé de débris calcinés. Sa respiration était lourde, ses muscles tendus par l'effort. L'entraînement intense était devenu son seul exutoire, le seul moyen de canaliser la rage et le désespoir qui le rongeaient depuis qu'il avait été livré à Voldemort comme un simple outil. Voldemort ne lui parlait pas, et faisait juste sa besogne sans grand intérêt, sans passion ni tendresse, malgré les tentatives de Marco de le guider pour être moins brutal.

Alors qu'il explosait tout, quelqu'un applaudit dans son dos. Le bruit sec des mains frappées ensemble résonna dans la salle, interrompant brutalement sa concentration. Marco se retourna vivement, son cœur battant à tout rompre, et fixa Voldemort qui s'avançait dans les débris avec une grâce froide et calculée.

« Impressionnant, » dit Voldemort d'une voix douce mais glaciale. « La flamme bleue... Une magie rare et puissante. Tu es bien un Grindelwald ! »

Marco, les poings toujours serrés, garda le silence. Il savait que répondre à Voldemort pouvait être dangereux, chaque mot étant potentiellement une arme contre lui-même. Il sentait la sueur couler le long de son dos, chaque muscle de son corps tendu comme un arc.

« Tu as des talents que je n'avais pas encore pleinement découverts, » continua Voldemort, ses yeux rouges fixant Marco avec une intensité perçante. « Une telle puissance... pourrait être très utile pour notre cause. Bien mieux utilisé et revalorisé que chez tes amis... les Frères... Sont-ils au courant de ton potentiel ? »

Marco déglutit, essayant de contrôler sa respiration. Il savait qu'il devait jouer le jeu, que toute rébellion ouverte serait futile et probablement fatale.

« Je m'entraîne pour être utile, maître, pour mes seigneurs. » répondit-il finalement, sa voix calme masquant la tempête intérieure qui le dévastait.

Voldemort s'approcha, son sourire cruel s'élargissant.

« Ah... C'est vrai... Tu n'es que prêté, » dit-il d'une voix douce. « Mais... réfléchis quand même à... mon offre. Prends la marque et... tu ne seras plus un otage mais un partisan incroyable. »

Marco hocha la tête, sachant que ces paroles n'étaient qu'un leurre, une carotte pour le maintenir en ligne. Mais il se raccrocha à l'espoir ténu que cela pourrait lui donner une chance de survie, une opportunité d'échapper à l'emprise des Frères de la Mort. Marco avait bien compris que Voldemort n'avait aucun vrai plaisir à coucher avec lui certaines nuits. Il ne le faisait qu'après des réunions avec des Frères de la Mort.

Voldemort se tourna alors pour partir, mais s'arrêta à la porte, se retournant pour un dernier regard.

« Et n'oublie pas, Grindelwald... Je t'attends ce soir. Ne sois pas en retard. Tu as des obligations... cher otage. »

Avec ces mots, il quitta la salle, laissant Marco seul au milieu des débris, la flamme bleue vacillant encore faiblement autour de lui. Le jeune homme sentit un frisson de rage et de peur traverser son corps, mais il inspira profondément, déterminé à survivre, à trouver une issue à cet enfer. Changer de maître pouvait peut-être au moins lui permettre de ne plus subir l'humiliation des nuits.

La nuit tombait sur le manoir des Malfoy. Marco, prêt pour ses "devoirs", se dirigea lentement vers les quartiers privés de Voldemort. Chaque pas résonnait dans le couloir silencieux, amplifiant l'angoisse qui l'étreignait. Il savait que cette nuit ne serait pas différente des autres, mais l'idée que Voldemort voulait peut-être parler ajoutait une couche supplémentaire d'incertitude à la rencontre. En tout cas, le mage avait l'air moins distant qu'au début.