Doctor who - Un dernier voyage

• Chapitre 16 - Une pierre dans une mare

- Attends, j'ai besoin d'en être sûre. Un bras autour de l'épaule de Yaz, le Docteur se laissa tomber à genoux. 

- Qu'est-ce que vous faites ?! On doit s'éloigner, si... si... si ça recommence.

- Yaz, parle moi des cristaux, où étaient-ils exactement.

- Je vous l'ai dit, au bord du la rive, sous les pierres, que... Le Docteur marchait à quatre pattes, l'eau atteignant presque ses cuisses. Vous allez être malade Docteur, arrêtez de vous traîner... Yaz essaya de lui attraper le bras, mais elle se dégagea immédiatement.

- Tu as oublié de mentionner quelque chose d'important, Yasmine Khan. Yaz souffla.

- Quoi donc.

- Tu aurais dû dire "dans" et pas "sous" ! N'as-tu pas dû les extraire de la roche ? Comme ceux-ci ? Elle pointa le même genre d'amas rocheux auquel elle avait eu affaire plus tôt.

- Il faut des centaines de milliers d'années pour obtenir ça, regarde, il y en a qui dépasse.

- Obtenir quoi ? 

- Eh bien se faire emprisonner sous la roche. Ce que l'on s'est pris en pleine figure n'est pas un simple surplus d'énergie du vaisseau, mais une impulsion temporelle. Et si mes calculs sont bons, ça ne recommencera pas avant 48h.

- Comment pouvez-vous en être sûr ?

- Je ne peux pas en être sûr, mais la suite de Fibonacci est la clé ! Tiens, je devrai le faire écrire sur un t-shirt ! 

- Allez, relevez-vous au lieu de dire des bêtises ! Cette fois-ci, elle lui attrapa le coude, ce qui l'obligea à se redresser. Expliquez-moi tout ça, mais avant ça, on s'éloigne de ce truc. Direction le TARDIS ! Il a intérêt à avoir des gros pulls et du chocolat chaud quelque part !

***

Et bien, c'est très simple...

- Non.

- Rhoooo... La suite n'a pas changé depuis tout à l'heure.

- Et vous vous êtes toujours aussi compliquée à comprendre...

- Tu as évidemment remarqué la disposition des commandes. Un vide à gauche, puis deux "boutons" qui se suivent dans deux groupes différents. Puis deux, puis trois, cinq, sept et douze.

- Oui, et ? Ça nous avance à quoi ? 

- Les commandes que tu retenais se sont brisées. Je n'ai pas fait attention aux autres commandes avant elles, mais...

- Vous retenez par cœur la disposition d'un panneau extra-terrestre vu pour la première fois, mais voir s'il est abîmé...

- J'ai juste remarqué une fissure... donc si c'est bien le cas...

- On n'y retourne pas pour vérifier si c'est ce que vous voulez savoir. Yaz lui fit les gros yeux.

- C'était un ensemble de trois "boutons".

Les autres plus bas étaient fonctionnels par groupe de cinq, sept et douze.

- Je ne vois toujours pas où vous voulez en venir. Le Docteur soupira exagérément et s'arrêta. Elle tourna sur elle-même et attrapa un bâton. Avec ses pieds ; elle dégagea le sol de ses feuilles mortes et commença à tracer des lignes qui prirent peu à peu la forme du tableau de commande.

- Reprenons... Voilà ta fissure. Et... elle barra la première rangée de petits cercles.1,1,2,3. Eux kapout. Kapish ?

- Kapish . Yaz se retenait de rire. 

- Maintenant, passons à nos détonations. Voilà nos chiffres.

- Oui votre fameuse suite.

- Maintenant, voyons la différence qui sépare chaque chiffre.

De 0 à 1, ça fait ? Hum ?

- Un, je sais encore compter tout de même.

- De 1 à 1, on en revient à zéro. De 1 à 2, 1. De 2 à 3, 1. De 3 à 5, 2 et de 5 à 12, 7. 

Tout à l'heure ; les trois "boutons" ont explosé. Elle encercla le numéro trois. Tu me suis toujours ? Yaz hocha la tête. On a donc ici les premières impulsions qui se sont produites le même jour, l'une à la suite de l'autre.

Si on compte la différence comme des jours... Zéro. Elle insista avec son bâton. Zéro jour. 

Ce ne sont que des suppositions, mais si nous les comptons en jours ; le premier, il y en a eu donc deux. Elles se suivent. Et nous sommes donc le troisième jour. Tes trois "boutons". Elle tapota le numéro trois qu'elle avait déjà entouré et traça une ligne jusqu'au troisième jour.

- Et nous avons donc eu quatre impulsions à ce jour.

- C'est ça. Le Docteur énuméra les détonations à l'envers après les avoir écrites. 4,3,2,1 Boom.

- Et les 48h ?

- De 3 à 5, ça fait 2 ; donc 48h. 

- Et vous avez trouvé tout ça de tête !

- Et ouaaaaais ! Le Docteur lâcha le bâton et posa les mains sur ses hanches ; fière de son raisonnement.

- Vous m'épaterez toujours. Et c'est quoi cette façon de frimer ?!

Le vaisseau n'est donc là que depuis trois jours ?! 

- Oui ! Le Docteur hocha les épaules. Je frime comme je veux Yasmin Khan. Regarde la végétation, la carcasse, les arbres, les cristaux. Il n'y a pas de toute, ce sont bien des impulsions temporelles.

- Et la faille ? 

- Il n'y en a pas. 

- Et du coup, c'est quoi la différence ? Entre... entre ces impulsions et une faille ?

- Une faille temporelle est comme une déchirure dans le tissu du temps. Imagine une toile tendue.

Une faille est un trou qui se forme à un point A et qui commence à s'étendre. Plus elle aspire de la matière, plus elle grandit, se nourrissant de tout ce qui l'entoure. C'est un phénomène relativement stable mais extrêmement dangereux, car elle continue de croître tant qu'elle n'est pas colmatée. Elle déforme le temps et l'espace, tout ce qui y entre n'existe plus et n'a jamais existé.

En revanche ; ce que l'on a vécu, c'est comme une onde de choc. Imagine jeter une pierre dans une mare. Les ondes se propagent en cercles concentriques. Une impulsion temporelle se propage de manière presque similaire, affectant tout ce qu'elle touche dans le sens où elle est projetée. Elle ne crée pas de déchirure permanente dans le temps, juste un vieillissement en agissant directement sur l'environnement et les êtres-vivants.

- Donc, c'est moins dangereux ? D'une certaine manière...

- Une série d'impulsions peut créer des perturbations majeures dans le temps et l'espace, mais elles ne sont pas aussi catastrophiques que les failles si elles sont gérées rapidement.

Les dégâts de ces impulsions doivent être aléatoires.

- Oui, je ne suis pas devenue une grand-mère.

- Ou un vieux fossile.

- Heh ! Yaz lui donna un coup de coude. On a eu de la chance sur ce coup-là.

- Ce n'est pas peu dire.