• Chapitre 34 - À leur place

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Effie et sa famille étaient maintenant en sécurité, Morag et Cluaran étaient réunis et le Docteur pouvait enfin relâcher un peu la pression. Mais il restait une tâche cruciale à accomplir avant de pouvoir se reposer.

Le Docteur, les yeux rivés sur les commandes, semblait bien trop concentrée. Yaz ne pouvait s’empêcher de remarquer ces petites choses. Elle la connaissait si bien.

Ça n'allait pas et elle ne voulait pas se montrer faible ; faisant tout pour que personne ne remarque son malaise.

- Alors, Docteur, qu’en est-il des impulsions temporelles ?

Le Docteur se redressa, inspirant profondément avant de répondre.

- Le paradoxe que nous avons créé ici, en ramenant Lachlan à la vie, est une anomalie majeure dans le flux du temps. D'où ce bruit qui nous casse les oreilles.

En effet, les cloches du cloître ne cesseraient leur vacarme avant que le problème menacant la réalité ne soit résolu. Le Docteur illustra ses propos par de grands gestes.

Un paradoxe veut toujours se résorber, c'est-à-dire qu'il tente de ramener les événements à leur cours initial, comme si rien n'avait changé. Cela signifierait qu'Effie, Morag, Cluaran se connaîtraient toujours… tout ce que nous avons fait ici serait effacé, et l’histoire reprendrait son cours normal.

Elle fit une pause, observant Yaz, semblant avoir peur qu'elle ne la juge.

Cependant, les impulsions temporelles causées par le crash du vaisseau sont une source d’énergie puissante qui vieillit son environnement ; donc qui se tourne vers le futur. Ces impulsions peuvent être utilisées pour contrer le paradoxe, pour stabiliser le temps. Mais pour cela, je dois veiller à ce que l'équilibre soit parfait, que les variances temporelles soient maîtrisées pour que le paradoxe ne prenne pas le dessus ou l'inverse.

Yaz hocha la tête, comprenant la complexité de la situation.

- Donc, en connectant ces impulsions au paradoxe, vous empêchez celui-ci de se résorber et d’effacer tout ce que nous avons corrigé ici ?

Le Docteur fit un geste brusque pour ajuster un levier, et Yaz remarqua ce moment de faiblesse.

Elle voulut intervenir, mais connaissait assez le Docteur pour savoir que toute question ou proposition d’aide serait accueillie par un "Je vais bien, Yaz" ou un "je n'ai pas besoin d'aide, Yaz" ou encore un "Arrête de te demander si je vais bien, Yaz".

- C'est ça. L'énergie s'entre-balancera. Nous devons maintenir cet équilibre pour que l’histoire puisse continuer avec les corrections que nous avons apportées.

Ça ne prendra pas beaucoup de temps, je peux le faire d'ici. Nous devons juste nous poser au bord du paradoxe.

Le TARDIS surveillera de près les fluctuations pour nous, pour éviter qu'il ne gagne en puissance.

Le Docteur lança un regard rapide à Yaz, une expression dans ses yeux lui signalant qu’elle avait remarqué l’attention de son amie.

- Ne t’inquiète pas pour moi, Yaz. Je tiendrai le coup jusqu'à... quand il le faudra.

***

Alors que le Docteur se concentrait sur la stabilisation du paradoxe, le TARDIS continuait de sonner l'alarme. Le Docteur tendit la main pour ajuster l'un des cadrans sur le tableau de commande, ses doigts effleurant les boutons avec une précision millimétrée.

- Yaz, active le modulateur temporel, pendant que je le recentre sur les impulsions, dit-elle sans détourner les yeux.

Yaz s’exécuta, atteignant un panneau latéral où une série de boutons scintillants clignotait en harmonie avec les cloches. Elle tourna un cadran gradué, activant le modulateur.

Il se synchronisa automatiquement.

Le Docteur descendit une série de boutons afin qu'ils soient tous alignés.

- Bien. Maintenant, j'ai besoin que tu enregistres et verrouille les coordonnées actuelles, pour que l'énergie du crash alimente directement la faille sans la faire exploser, mais avant attend mon ordre. On doit le faire en même temps.

Yaz se pencha sur un autre segment de la console, ses mains glissant le long du clavier pour verrouiller les coordonnées qui s'affichaient sur un écran hexagonale fixé au mur en face d'elle.

- Coordonnées spatio-temporelles enregistrées et verrouillées.

- Très bien, tu me dis quand tu es prête.

- Prête !

Le Docteur fit tourner un globe bleu situé au centre de la console, un dispositif destiné à réguler le flux temporel de l'énergie résiduelle. Elle fit rouler le globe sous ses paumes, sentant la résistance du paradoxe.

Avec un petit ajustement, elle appuya sur un levier gravé de symboles Gallifreyens. L'énergie temporelle se stabilisa enfin, et un silence attendu envahit le TARDIS.

- C'est fait, dit le Docteur, le souffle court. Elle tapota sa machine.

- On fait une belle équipe.

Elle poussa un dernier levier et une image holographique se matérialisa juste au-dessus de la barre horizontale.

L'écran, d'un bleu électrique mêlé au blanc des contours, montrait Morag avec son fils. Leurs mouvements étaient lents et paisibles. 

L'image grésilla un instant.

Yaz s’approcha, un léger sourire se dessinant sur ses lèvres. Le Docteur, elle, fixa l'image avec une intensité calme, ses traits relâchés pour la première fois depuis qu’elles avaient commencé cette aventure.

- Les voilà à leur place.

- Nous n'avions pas le choix d'être là. L'histoire avait besoin de nous pour prendre ce chemin.

Le Docteur ferma les yeux, une larme coula doucement sur sa joue.

- Je sais. Elle dissipa l'image holographique d'une simple pression sur le clavier. Nous n'avions pas le choix, murmura-t-elle.

Elle se redressa, cachant la fatigue qui pesait sur elle.

Maintenant, il ne nous reste plus qu'à honorer notre promesse à Einstein.

Doctor who - Un dernier voyageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant