• Chapitre 27 - Une blessure ouverte

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Alors que le père d'Effie restait agenouillé, murmurant ses prières de rédemption, la scène autour de lui évoluait.

***

Morag, gardant sa forme de jument, observait attentivement chaque mouvement tout en restant proche de son petit. Rattrapant le temps perdu.

Le silence pesait lourdement, interrompu par les légers craquements des flammes mourantes. Effie, toujours blottie contre Cluaran, se battait pour rester éveillée, elle venait d'apprendre la mort de son frère, mais s'était laissé faire lorsque Morag était venu la réconforter. N'avait-elle pas compris que c'était elle qui l'avait tué ?

Son fils, qui l'avait protégée jusqu'à présent, restait couché près d'elle, veillant sur elle comme un frère.

Elle voyait l'homme brisé devant elle, mais son instinct maternel prenait le dessus. Elle savait qu'il était responsable de tant de souffrances, mais n'était plus une menace immédiate. Son attention se tourna alors vers le Docteur, maintenue par la jeune femme, qui se battait pour son amie.

***

Yaz, désespérée, sentit le regard de la jument peser sur elle. . Les bras du Docteur luisaient sous ses manches. Yaz se tourna alors vers Morag, les larmes aux yeux, cherchant une solution, n'importe laquelle.

- S'il te plaît... Je sais que tu comprends, commença Yaz, la voix tremblante.

Tu... tu l'as sorti de là, tu as protégé ton fils... J'en demande peut-être trop, mais je... je t'en supplie, aide-la.

Morag inclina la tête. Elle avait vu ces mêmes lueurs dorées sur ses mains lorsqu'elle s'était approchée dans la grange, mais ne comprenait pas pleinement ce qu'elles signifiaient. Cependant, l'urgence dans la voix de Yaz était impossible à ignorer.

Morag se tourna alors vers Yaz, montrant une brûlure sur son flanc, qu'elle avait subie en frôlant une poutre enflammée.

Lentement, sous les yeux de Yaz, la brûlure commença à se résorber, les tissus se régénérant jusqu'à ce que la blessure ne devienne qu'une tâche rosée.

La jument s'agenouilla et des pans de tissus vinrent frôler les pieds de Yaz. Morag avait repris la forme de la femme blessée, trouvée en forêt.

- Je peux guérir, dit-elle enfin, d'une voix calme. Mais je sens que ce ne sera pas suffisant pour elle. Tu l'as compris, je ne suis pas humaine, et elle non plus, n'est-ce pas ?

Yaz hocha la tête, les larmes coulant librement sur ses joues.

- Non... Elle est comme toi, d'une certaine manière. Cap... capable de régénération, mais elle, essaie de la retenir. Tu dois l'aider. Elle est sur le point de... Yaz ne put terminer sa phrase, trop émue pour continuer.

- Cette régénération est une blessure ouverte, une douleur qui s'échappe, je peux essayer de la contenir. Mais est-ce que c'est ce qu'elle veut ?

Yaz fit non de la tête.

- Elle n'est pas prête, pas dans ces conditions. Elle comprit qu'elle devrait agir avec prudence.

Morag s'approcha alors doucement du Docteur, se penchant, effleurant ses mains, ressentant l'énergie qui tentait désespérément de s'exprimer.

- Je vais essayer quelque chose, son ton à la fois apaisant et incertain. Je ne sais pas si ça fonctionnera, mais... Je dois essayer. Je vous le dois, à toutes les deux.

Yaz s'écarta légèrement, observant avec espoir et crainte alors que Morag posait une main près de ses cœurs. Elle ferma les yeux, se concentrant sur ce flux continu, cherchant à comprendre et à canaliser cette force. Elle n'avait jamais fait cela auparavant ; soigner quelqu'un d'autre qu'elle-même.

Sa main s'allongea, se recouvrant d'écailles et d'algues. Des lumières turquoise pulsaient sous sa peau, traversant la frontière entre son corps et celui du Docteur. Ses veines ressortirent. Évoluant dans son cou, se fondant parmi les globules, remontant la jugulaire. Morag sentait à présent les cellules du Docteur, en ébullition, prêtes à se régénérer.

Mais entravées par une peur consciente, inaccessible à Morag ; tant bien qu'elle était si intime.

La peur de ne pouvoir voir Yaz une dernière fois avec ces yeux-là.

- Deux cœurs, très bien. J'ai juste besoin de m'adapter. Morag temporisa son pouvoir tout en maintenant l'énergie de régénération sous contrôle. Il faut que tu comprennes ; je suis capable de réinitialiser les cellules de mon corps.

C’est plus complexe que de simplement guérir d'une plaie, je peux en quelque sorte reconstruire les parties de mon corps qui ont été endommagées, en adaptant chaque cellule pour qu’elle revienne à son état d'origine.

C’est une forme de régénération, mais pas exactement comme celle du Docteur, si je comprends bien son système.

- C'est ça, si elle se régénère, elle ne sera... Elle ne sera plus là.

Morag s'occupa des blessures les plus récentes. Apaiser le corps du Docteur était primordial.

Elle se concentra sur les brûlures internes, et externes, les irritations causées par la fumée ; calmant les irritations des poumons, et surtout, stabilisant son rythme cardiaque.

Le visage du Docteur ; serein dans l'inconscience, se tordit alors dans une grimace de douleur. Puis, se détendant peu à peu, laissait échapper quelques plaintes intermittentes.

Son souffle devint plus régulier, et sa peau commença à retrouver une couleur normale. Yaz, tentant de maintenir le dos droit, sentit le Docteur bouger légèrement dans ses bras.

- Je ne peux pas aller plus loin, les autres blessures sont antérieures et trop profondes.

Elle doit se réveiller naturellement. C'est à elle de gérer maintenant.

Morag recula doucement, reprenant la forme de la jument si familière à sa progéniture. Elle observa une dernière fois le Docteur et releva doucement sa tête avec la sienne, soufflant dans ses cheveux avant de choisir de rejoindre son fils.

Elle savait qu'elle avait fait de son mieux. Et son corps le lui faisait savoir. Ses jambes tremblaient. Refusant presque d'avancer.

***

Cluaran, toujours aux côtés d'Effie, observait sa mère avec une nouvelle admiration. Il comprenait maintenant à quel point elle était puissante, non seulement pour se battre, mais aussi pour guérir.

***

Le père d'Effie, toujours à genoux, n'osait pas bouger. Il avait vu cette créature prendre la forme de sa femme, puis celle d'un cheval, et maintenant, elle partait se reposer après avoir soigné un messager de Dieu. Il était écrasé par la culpabilité, incapable de trouver les mots pour exprimer ses remords.

La jument, étendue proche de sa fille, se tourna vers lui, les yeux d'un noir profond fixés dans sa direction.

Elle s'ébroua ; lui faisant comprendre qu'elle n'était pas là pour le tuer. Mais restait présente au moindre mauvais pas. Sa fille était entourée, protégée par Dieu.

Doctor who - Un dernier voyageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant