• Chapitre 21 - L'unique chose qu'elle peut encore sauver

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Le Docteur, Yaz et Effie sortirent du TARDIS après une bonne nuit de repos. Le trajet jusqu'à la maison de la petite se fit dans un silence tendu. Effie tenant fermement la main de Yaz.

Lorsqu'elles arrivèrent, elles trouvèrent le père d'Effie dans un état pitoyable, affalé sur une chaise à l'entrée de l'habitation, une bouteille à moitié vide dans la main, le regard dur et froid. Il leva les yeux en reconnaissant immédiatement le Docteur et Yaz.

- Vous deux ! Il y a... il y a deux jours... Il essayait de s'extirper de sa chaise et abandonna rapidement. Choisissant de simplement pointer les deux jeunes femmes. Vous étiez là, et voilà, voilà que la gosse disparaît le soir même. Je savais que vous n’étiez pas nettes.

Son regard était chargé de mépris. Il ricana en voyant le Docteur essayer de lui parler sérieusement et finit par marmonner dans sa barbe avant de taper du poing et de hurler des paroles pour lui-même.

Je n’ai que faire de ce que deux belles-de-jours avez à dire. Vous croyez que vous pouvez venir ici, vous, avec vos... vos habits, vos airs supérieurs, et m’apprendre à gérer ma fille ?!

Qu'est-ce que vous lui avez fait ?! Vous la voulez ?! J'ai besoin de ses servi... Elle n'ira nulle part...

Il se leva enfin, chancelant, la colère injectant ses yeux. Effie, terrifiée, se cacha derrière le Docteur.

Vous pensiez pouvoir venir ici après ça ? Vous pensiez vraiment que je vous laisserais faire ? Il avançait dangereusement vers le Docteur. Vous l'avez emmenée pour…

Le Docteur leva les mains, sa voix douce, mais ferme. Ignorant délibérément son ton acerbe.

- Nous ne lui avons rien fait, je vous assure. Effie est là, devant vous, saine et sauve, elle a même reçu un repas et elle est ici parce qu’elle a besoin de v...

- Vous pensez qu'elle manque de quelque chose, elle a ce qu'il lui faut ici.

- Non. Elle n'a rien justement ! Vous êtes son père, elle vous aime. Elle essaie. Mais elle ne peut pas, pas en continuant de vivre dans la peur.

Le père grogna, faisant abstraction des traitements qui lui étaient reprochés. Levant sa bouteille pour en boire une autre gorgée. Mais le Docteur interveint ; balançant l'hydromel qui dévala les escaliers.

- Père non ! Il lança son poing, mais le Docteur para son coup en baissant la tête et en levant la main. Yaz attira Effie à elle.

- Aïkido vénusien !

- Ne t'en fais pas, il va bien. Le Docteur sait ce qu'elle fait. Recule. L'homme la regarda, l'expression aussi paralysée que son corps.

- Maintenant, vous allez m'écouter. Effie est une enfant extraordinaire. Vous ne semblez pas réaliser la chance que vous avez de l’avoir. Elle est forte, courageuse, et malgré tout ce qu’elle a vécu, elle a encore tellement d’amour à donner. Mais elle se sent terriblement seule. Elle s’attache à ce poulain, parce que, hormis son frère, il est tout ce qu’elle a. Elle essaie de le protéger, de prendre soin de lui, parce que vous, son père, n’êtes pas là pour elle.

Elle le lâcha et il partit en avant.

Après un instant de flottement, croyant à un effet de l'alcool ; il se ressaisit et essaya de balayer les paroles du Docteur d’un revers de la main, mais quelque chose dans ses mots sembla l’atteindre. Il vacilla légèrement, son visage se contractant sous l’effet d'une douleur refoulée.

Il serra à nouveau les poings. En signe d'avertissement, le Docteur plaqua une main sur son torse. Ses jointures devenant orangées sous l'effet de la tension.

Le Docteur prit une profonde inspiration, déterminée à percer la carapace de cet homme.

Tout ce que je vois ici, c'est une petite fille qui souffre. Effie n’a rien fait pour mériter ce traitement. Vous la blâmez pour quelque chose qui n'est pas de sa faute. Vous l’isolez, alors qu'elle a besoin de vous. Vous devez être là pour elle quand son frère n'est pas là.

Le père écarquilla grand les yeux, furieux. Sa colère montait alors qu’il pointait un doigt accusateur vers le Docteur.

Yaz, Effie, restez bien à l'écart.

- Vous ne comprenez rien ! Vous ne savez rien de ce que j’ai perdu ! Et... Et... Cette gosse… Vous avez tort ! Elle n'aurait jamais dû naître ! Tout est de sa faute ! Si elle n'était pas née, ma femme serait encore là.

Effie, entendant ces mots terribles, recula de quelques pas. Le Docteur fit un pas vers son père, sa voix se faisant plus tranchante.

- Ce n’est pas Effie que vous détestez. C’est la douleur de ce que vous avez perdu !

Le père, secoué par les mots du Docteur, éclata en un cri furieux et désespéré. Effie, terrifiée, prit peur et s’enfuit vers la grange. Incapable de supporter plus longtemps l'accumulation de tout ce qu’elle venait d’entendre. Yaz tenta de lui attraper la main au dernier instant, mais le Docteur l'arrêta d'un geste, préférant laisser Effie se calmer un moment.

Effie est une fille douce, courageuse. Mais elle est aussi terrifiée. Elle essaie de protéger ce poulain parce qu'il représente l'unique chose qu'elle peut encore sauver.

Elle n'arrive pas à vous sauver vous, car vous refusez de l'être.

Elle vous aime pourtant, malgré tout. À sa manière.

Elle a besoin de vous, même si vous ne voulez pas comprendre. Vous êtes son père. Vous êtes censé être là pour elle !

Effie est seule, alors qu’elle ne devrait pas l’être. Mais elle a encore de l’espoir, cet espoir que vous pourriez changer, que vous pourriez être le père dont elle a besoin. Vous pouvez choisir de continuer à l’ignorer, à la blâmer pour des choses qu’elle n’a jamais choisies. Ou vous pouvez choisir d’être là pour elle, vraiment là.

Mais le père ne répondit rien à cela, il commença à répéter le nom de sa femme et de son fils en boucle ; tel un dément. Tandis que les larmes emplissaient son visage ravagé.

Le Docteur, voyant qu'elle ne pouvait rien faire de plus pour l'instant, recula lentement, laissant l'homme à son chagrin, avant de rejoindre Yaz pour retrouver Effie à la grange.

Doctor who - Un dernier voyageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant