Chapitre 11

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Andreï


Merde ! Merde ! Merde !

Mon cerveau clignote de partout. Le mot « non » en néon,rouge et clignotant ne cesse de m'apparaître. Je dois refuser, sauf qu'une nouvelle fois je ne fais preuve d'aucune combativité. Je m'installe à côté d'elle, je veille à ce que nous soyons assez éloignés l'un de l'autre. Il est hors de question que je lui donne une fausse impression.

Le générique se lance et nous sommes silencieux. Je lis les annotations en haut et je blêmis.

Pas une bonne idée du tout !

Je me concentre sur ce qui se déroule pour ne pas trop porter mes yeux sur la respiration et les lèvres de Prudence. Sauf que dans les cinq minutes qui suivent, je me tends. Eh bien oui, l'un des acteurs est en train de tringler sa maîtresse contre un arbre.

— Oh putain ! m'exclamé-je.

Prudence met la série sur pause avant de reporter son attention sur moi en souriant.

— Attends, la série est comme ça tout le long ?

— Comment ça ?

— Les scènes de cul ? questionné-je perplexe.

Prudence acquiesce d'un signe de tête, mon cœur bat comme un fou dans ma poitrine, parce que je m'imagine parfaitement la prendre contre un arbre.

Pas du tout une bonne idée.

— Si ça te gêne, nous pouvons regarder autre chose.

Je déglutis sans rien montrer avant de lui reprendre la télécommande des mains et de rappuyer sur play. Je ne suis pas une mauviette, je peux me tenir, même si j'imaginerai sûrement tout avec elle.

La série reprend, je tente de rester focalisé dessus, mais ça se complique vite. Par chance, mon téléphone sonne et me signifie l'arrivée de notre bouffe. Je me précipite vers la porte d'entrée, récupère ma commande avant de préparer un plateau repas pour manger. Je pense bien aux serviettes afin d'éviter de tâcher les draps. Puis j'emmène le tout dans la chambre.

— Oh, tu n'aurais pas dû, on aurait pu manger dans la cuisine.

— Repos, soufflé-je. Je n'ai pas fait de plateau télé depuis beaucoup trop de temps.

— Ça m'arrive, mais pas dans mon lit, ricane Prudence.

— C'est vrai.

Nous relançons la série, je mange en essayant vraiment de faire abstraction de ce qui se déroule sur l'écran, mais c'est tellement dur. Une fois le premier épisode fini, je profite de l'instant pour tout ramener à la cuisine. Je prends le temps, parce que je dois me calmer un peu. Manger avec une érection de malade n'est pas des plus agréable.

Lorsque j'ai tout rangé, mon corps se tend encore plus, ma respiration devient plus profonde. Je respire un bon coup avant de retourner auprès de Prudence. Je m'allonge à côté d'elle, je vois bien qu'elle n'est pas au mieux.

— Je devrais te laisser dormir.

— Non, ça va. J'ai juste un léger mal de tête, il n'est pas assez fort pour que je prenne des médicaments.

J'acquiesce, je comprends, elle ne veut pas se bourrer de cachets pour rien.

— Dans ce cas, pose ta tête sur mes cuisses.

— Pourquoi ? demande-t-elle surprise et mal à l'aise.

— Promis, c'est juste pour te soulager.

Prudence, hésite une seconde avant de s'allonger comme je le lui ai demandé. Je fais tout ce que je peux pour ne pas laisser mon désir transparaître. Je prends de petites inspirations pour empêcher mon coeur de galoper. Prudence relance la série, mais je ne suis plus du tout. Je n'ai d'yeux que pour les cheveux de la jeune femme sur moi. Mes doigts glissent dedans, je commence à lui masser la tête et de l'autre j'appuie sur sa tempe et entreprends de petits cercles. Un gémissement s'échappe de sa bouche, je souris parce que ce n'est clairement pas de la douleur.

Perdus entre les notes !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant