Chapitre 5

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Andreï


Prudence et Quill discutent, je les laisse s'organiser entre eux. J'ai mangé avec eux bien entendu, mais je ne suis pas rentré plus que ça dans la discussion. Ce n'est pas que je n'en ai pas envie, c'est juste que j'ai besoin d'un temps d'ajustement avec le retour de Prudence dans ma vie. Je ne suis pas anti-social ou quoi que ce soit de ce genre, mais depuis quelque temps je ressens le besoin de prendre du recul face aux personnes que je rencontre de manière générale, mais elle... Prudence n'est pas une inconnue, sauf que nous ne nous connaissons plus vraiment. Elle a grandi et moi je n'ai pas changé, je suis toujours le même.

— Andreï, m'interpelle Quill.

— Oui ? réponds-je en sortant de mes pensées.

— Prépare-toi, nous devons passer prendre Nikki avant de retourner au Scotia.

J'acquiesce d'un signe de tête. Mes yeux s'égarent sur ma nouvelle chanson, mon cœur se serre et je contiens la douleur lancinante qui m'accompagne à chaque seconde. Je garde tout ça pour moi, je pourrai tout libérer et crier si j'en ai besoin quand je serai sur scène et encore plus ce soir.

Sur cette pensée, je quitte mon studio pour me diriger vers ma chambre. J'entends la voix de Prudence, elle est au téléphone.

— Mika, tu sais ce qu'il en est, nous deux c'est mort.

Je ne parviens pas à entendre ce que lui répond son interlocuteur, mais elle semble blasée. Je pousse la porte de sa chambre avec deux doigts pour la regarder faire les cents pas sur le parquet, ce n'est pas professionnel, mais je m'en moque.

— Tu me trompais toutes les deux minutes, tu crois que je ne vaux pas mieux.

Ça craint les mecs qui s'accrochent comme ça, alors qu'ils ont foutu le bordel dans leur relation. Prudence se masse le front visiblement gonflée, je me demande pourquoi elle ne raccroche pas. J'ai envie d'entrer et de raccrocher pour elle, ensuite je sais que je déraperai... Elle vient de me remarquer parce qu'elle blêmit, je me rapproche pour entendre son ex déblatérer qu'elle ne trouvera pas mieux que lui. Là, c'est trop pour moi, je m'empare de son portable pour le poser contre mon oreille.

— Elle vaut plus que toi, mon pote, donc tu restes loin d'elle ou ton dentiste pourrait être le seul à te reconnaître.

Le silence au bout de la ligne m'indique qu'il a compris le message, je raccroche pour redonner son portable à Prudence.

— S'il insiste, fais-moi signe, grondé-je furieux.

— Attends, mais pourquoi tu as fait ça ?

— Tu me paraissais à bout et je suppose qu'il te harcèle.

Elle se tait, confirmant ainsi mes dires.

— Andreï tu n'avais pas à faire un truc pareil.

— Je ne suis peut-être plus avec ta mère, mais je ne resterai pas là stoïque alors qu'un connard te déblatère de la merde. Et il a de la chance que je ne me lance pas à ses trousses pour le dégommer.

Beaucoup de chance ! Parce que je ne suis pas une petite merde qu'il pourra effrayer comme ça, je suis un ancien soldat et quand je menace ce n'est pas pour blaguer. Et encore moins lorsque ça la concerne.

La surprise s'inscrit sur ses traits, quant à moi je sais que j'ai été trop loin. C'est le souci avec mes émotions lorsqu'elles sont à la surface, parfois j'agis avant de réfléchir. Néanmoins, je n'aurais jamais permis que quoi que ce soit lui soit fait, même si je ne peux pas être avec elle.

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