Perdus entre les notes !

Chapitre 8

Andreï

Ça ne me plaît pas d'entendre parler du gars qu'elle vient de rencontrer, mais je ne dis rien. J'encaisse, dans tous les cas c'est la seule chose que je peux entreprendre. Je n'ai pas mon mot à dire sur ses fréquentations. Une vague de frustration m'envahit, mais je la dissimule sous un sourire forcé.

— Merci Andreï pour cette soirée, affirme Nikki.

— Pas de souci, c'est plus à moi que ça fait plaisir, avoué-je.

Son parfum floral flotte autour de nous, mêlé aux arômes de la cuisine encore présents. Parce qu'elle était là à me regarder pendant que je lui disais tout ce que je voulais qu'elle entende. Sa présence me rassure et me tourmente à la fois. Prudence restera à jamais hors d'atteinte, mais je pourrais l'imaginer à chaque concert percevoir ce que je ne lui dirai jamais à voix haute.

Mon téléphone sonne, je le sors pour voir le nom de mon interlocutrice. Un soupir de contrariété m'échappe avant de répondre.

— Salut Maria, soufflé-je.

— Salut beau gosse, je peux passer en sortant de ma soirée ?

Je réfléchis un instant, mes yeux s'égarent sur Prudence. Maria n'est pas une bonne idée, mais Prudence m'est interdite et je sais que mon degré de frustration sexuel ne va pas m'aider. J'ai envie d'accepter, mais pas ce soir.

— J'ai besoin de repos, que dis-tu de plus tard cette semaine ?

— Oui, je repars samedi pour l'Europe.

— Ok, je pars en tournée dans deux semaines.

— Pas de problème, roucoule-t-elle. J'ai hâte de te retrouver l'insatiable. Mercredi ça te va ?

Mon esprit s'échauffe une nouvelle fois et j'acquiesce.

— Oui, mercredi soir, chez moi.

— À mercredi joli cœur.

— À plus.

Je raccroche sans attendre avant de boire une gorgée de mon eau. La conversation a continué, alors je la prends en cours de route. Prudence et Quill discutent des prochains jours. Le son de leurs voix est un bourdonnement rassurant en fond, mais je peine à suivre les mots.

— Nikki, alors j'ai appris pour ta carrière.

— Oui, j'ai eu besoin d'un exutoire.
— Je comprends ça, énoncé-je.

— Oui, acquiesce-t-elle. Et puis avec ce que tu as dit lors de ton interview je le comprends. Mon père fait partie de ce genre d'hommes.

Je lui souris, un sourire sincère cette fois, nous continuons de discuter, je sens la fatigue se pointer et je sais qu'il est venu le temps d'aller me reposer. Deux jours de concerts, c'est épuisant. Et ensuite je pars pour six semaines de tournée, ce qui risque d'être autant de la folie que du bonheur.

Nikki se lève en coupant clairement la conversation.

— Vous parlerez business demain.

Elle s'empare du portable de Quill qui la regarde un peu méfiant. Elle embrasse Prudence, dépose un baiser sur ma joue tout en narguant Quill. La chaleur de ses lèvres reste un instant sur ma peau, un contraste troublant avec la fraîcheur de la soirée.

— Suis-moi, si tu veux le récupérer en un seul morceau.

Je me pince les lèvres, pendant que Prudence grogne. Sauf que Quill la suit sans insister pour récupérer son tel, jusqu'à la porte de l'appartement. Je ne sais pas si le but est d'être discret ou non, mais nous entendons clairement ce qu'elle lui suggère.