Chapitre 4

68 4 0
                                    

Andreï


Quill s'est mis à bosser sur son ordinateur lorsqu'elle est partie de l'appartement. Moi, je me suis rabattue sur ma chanson en cours d'écriture, il le faut ou je vais devenir fou. Mes doigts courent sur le piano pour continuer d'assembler les notes.

Dans l'ombre de nos rêves, on se cache et on s'égare,

Nos cœurs battent en silence, enfermés dans ce brouillard.

Le destin nous sépare, comme le jour fuit la nuit,

Mais dans chaque souffle, je sens ton âme qui vit.

Mes yeux se ferment pour visualiser ses lèvres dans mon esprit, ses yeux verts avec des paillettes d'or.... J'ai l'impression que ma voix caresse son corps, qu'elle glisse sur elle comme une seconde peau. Et je me prends à espérer qu'un jour nous ayons une chance ou qu'elle se rende compte que je suis celui qui lui faut.

Je secoue la tête, puis je reporte mon attention sur la partition. Je griffonne les notes au crayon avant de reprendre la mélodie.

Nous deux ça ne pourra jamais arriver...

— C'est beau, annonce Quill.

— Merci, soufflé-je un peu mal à l'aise.

Quill pose son ordinateur et je sens que la conversation sérieuse se pointe.

— Je sais que j'ai évité de poser des questions en me disant que tu me parlerais le jour où tu le voudrais.

Je hoche la tête avant de poser mon crayon, puis de me tourner vers lui.

— Qu'est-ce que tu veux savoir ?

— Tout, déclare-t-il. Je veux être capable de l'empêcher de te faire du mal et ...

Je lève la main pour calmer mon ami.

— Elle n'est responsable de rien, Quill.

— Si cette femme...

— Quill, elle n'a même pas conscience de l'amour que j'ai pour elle.

Il écarquille les yeux avant de se mettre debout.

— Mais attends, je suis perdu là.

Je soupire avant de me lever, tout en posant la main sur l'épaule de mon ami.

— Tout ce que tu as besoin de savoir c'est que nous n'avons pas le droit d'être ensemble et il n'en sera jamais autrement.

Je récupère ma partition avant d'aller dans mon studio d'enregistrement à l'étage supérieur. J'ai payé une fortune pour que tout soit insonorisé. Bien entendu, je vais en studio lorsque le label me le demande, mais je préfère leur préparer les démos dans mon petit coin. Ma côte de popularité a littéralement explosé il y a dix ans de ça. Depuis j'enchaîne les concerts, des tournées, les albums disque d'or. J'ai été pris dans l'engrenage et j'ai enfin réalisé mon plein potentiel. C'était mon rêve depuis des années, alors ce fut la consécration quand j'en ai vraiment fait mon travail à plein temps.

Malgré tout, je ne suis pas fou. La célébrité c'est éphémère, alors j'ai des placements immobiliers. Je possède une dizaine de blocs d'appartements à Toronto, ainsi qu'une petite vingtaine d'autres dans tout le Canada. Je n'aurais plus jamais à m'en faire pour l'argent, j'en ai bien assez pour plusieurs vies. Donc je donne beaucoup aux associations surtout celles liées à l'aide humanitaire. Je ne comprends pas qu'en deux-mille vingt-quatre, il y ait encore des gens qui meurent de faim, qui n'ont pas accès à l'eau potable ou qui n'ont pas de toit au-dessus de la tête. Bref, c'est une autre histoire.

Perdus entre les notes !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant