NOUVEL ESPOIR

Chapitre 2

La porte d'entrée se referma sur la famille Stevens en claquant. Le voyage du retour avait été particulièrement pesant, et un silence de mort avait régné dans l'habitacle sur la quasi-totalité de la route.

Lisa s'en voulait de les avoir mis dans cette situation, elle s'en voulait d'être allée à cette fichue journée de fin de saison du centre, et elle s'en voulait surtout d'avoir gâché ce moment pour son frère. Maintenant, ils allaient sûrement croire qu'elle cherchait l'attention, alors qu'au contraire elle voulait juste se faire oublier. Pour au moins quelques dizaines d'années si possible.

Elle s'apprêta à monter quatre à quatre les escaliers pour rejoindre sa chambre, mais son élan fut coupé par la voix de sa mère.

      - Il faut qu'on parle chérie.

Elle se retourna pour faire face à sa mère qui la regardait et semblait soucieuse, son père qui lui fit une moue désolée discrètement, et Andy qui était resté en retrait.

      - Qu'on parle de quoi ? Il n'y a pas grand-chose à dire, si ? répondit-elle sur la défensive

      - Ce qui s'est passé n'aurait pas dû arriver, et le fait que tu disparaisses de cette façon n'était pas la solution. Tu ne peux pas perpétuellement te cacher pour éviter d'affronter les choses.

Lisa fixa sa mère, stupéfaite. Dans sa situation on aurait pu s'attendre à quelques mots de réconfort, des encouragements, un geste, quelque chose. Mais tout ce qu'elle récoltait était une leçon de morale. A cette pensée, sa tristesse laissa peu à peu la place à de la colère.

      - Eviter d'affronter les choses... ? Tu crois que je fais quoi depuis des mois au juste ? commença-t-elle à rétorquer avec véhémence.

      - Ecoute... Tu ne sors pas, tu es sans cesse enfermée, sauf quand tu vas à tes séances de rééducation, tu ne vois quasiment personne à part Lexie, et tu n'as pas une seule fois parlé de ce que tu pensais faire pour ton avenir, depuis ton accident. Ça va faire six mois, Lisa.

      - Peut-être que tu as pu te remettre facilement d'avoir presque perdu ta fille, mais moi je ne me suis pas remise, d'accord ? Explosa-t-elle. Six mois ? Mais pour moi c'était hier, tu comprends ? Tu m'as forcée à y aller aujourd'hui alors que je t'ai répété mille fois que je ne voulais pas ! Il n'y a pas que les séquelles physiques, maman, je suis brisée à l'intérieur et non, je n'arrive pas à surmonter ! J'ai tout perdu, j'ai perdu ma future carrière, j'ai perdu Gulliver ! Tu me parles de mon avenir ? Mais quel avenir, vous n'avez pas compris que c'est fini aussi pour ça ? Je ne retournerai plus en concours, et encore moins à niveau pro, je... Pour le moment je veux tirer un trait sur tout ça. Je retournerai en première année de fac de lettres à la rentrée, comme on l'a convenu, et point barre.

Les yeux de Pam s'étaient embués de larmes. Lisa s'en voulut d'avoir été aussi abrupte. Elle savait que sa mère, au fond, ne pensait pas à mal. Comme toutes les mamans, la seule chose qu'elle désirait était que sa fille soit heureuse, du moins Lisa osait l'espérer. Et bien sûr, elle était aussi certainement plus affectée qu'elle ne le montrait par la situation. La pression qu'elle lui mettait était sans doute sa façon à elle de faire face. Sa façon d'affronter, ou plutôt de ne pas affronter les choses... Une sorte de déni de voir que leurs vies avaient changé, elle s'entêtait à vouloir que tout redevienne comme avant. Mais ça, c'était impossible.

      - On pourrait t'aider, reprit Pam, tu n'es pas seule et j'espère que tu le sais. Et je refuse que tu tires un trait sur tes rêves comme ça. On a tous tellement investi pour que vous puissiez aller au bout...

      - Je sais, se radoucit Lisa, mais les choses ont changé et on ne pourra pas revenir en arrière. C'est fini pour moi, je fais mon possible pour essayer de l'accepter, et c'est là-dessus que vous devez m'aider pour le moment. S'il vous plaît...