Chapitre 22

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Lisa ne quitta quasiment pas sa chambre et son lit, la semaine qui suivit. Elle avait tenté, les trois premiers jours, de joindre Peter, de lui laisser des messages, de le forcer à donner au moins signe de vie, mais ses innombrables appels tous plus désespérés les uns que les autres, restaient sans réponse. Et plus le temps passait, plus elle se sentait misérable, humiliée, trahie à son tour. Alors, elle finit par abandonner l'idée d'entrer en contact avec lui.

Elle ruminait ses pensées sombres et entretenait la plaie béante qui avait remplacé son cœur, à grands renforts de chansons tristes, ne pouvant contrôler ses crises de larmes.

Elle n'avait pas vu arriver ce dernier coup de massue, elle avait cru dur comme fer à son histoire, à leur histoire, et à son espoir d'une fin heureuse et d'un nouveau départ. Elle l'avait laissé prendre possession de son âme et de son corps, pour mieux la torpiller et la briser ensuite. Rien, absolument rien, ne pouvait réparer le mal qui avait été fait. Les progrès réalisés en deux mois, en grande partie grâce à Peter, s'étaient envolés. Elle était retombée dans un gouffre, et elle n'avait aucune volonté de remonter à la surface.

Ses parents étaient démunis, et ne savaient plus quoi faire pour communiquer avec leur fille, qui était devenue hermétique à tout. Andy avait tenté de venir lui parler, mais elle l'avait brutalement repoussé, le tenant en grande partie responsable de ce qui se passait. C'était quelque peu injuste envers lui, elle en avait conscience, mais il fallait qu'elle trouve un moyen de projeter la faute sur quelqu'un, pour éviter de devenir folle.

Les rares moments où elle daignait sortir de son antre, c'était pour se nourrir et se doucher, et se rendre à sa séance hebdomadaire de thérapie. Au début de leur entrevue ce mardi-là, elle était restée silencieuse. Puis, elle avait vidé son sac, elle avait tout déballé, ne pouvant retenir un nouveau flot de larmes, ne pouvant se retenir d'exprimer sa colère. Envers Peter, envers elle-même, envers Andy, envers le monde entier. Elle ne comprenait pas pourquoi, après avoir eu l'illusion d'aller mieux, après avoir commencé à faire de nouveaux projets et s'être accordée le droit d'être heureuse, on lui retirait tout, sans ménagement, brutalement.

Sa thérapeute lui signala qu'on ne lui avait pas tout retiré. Qu'il lui restait Lexie, ses parents, son projet, et qu'elle devait se focaliser là-dessus pour surmonter le reste. Elle lui fit prendre conscience que ces étapes difficiles par lesquelles elle passait étaient normales et nécessaires. Mais que le temps de l'acceptation viendrait. Et qu'avec ou sans Peter, la vie continuerait. Lisa n'était pas encore prête à entendre ces mots, mais elle comprit ce que la psychologue voulait dire.

De retour chez elle ce jour-là, elle passa prendre de quoi grignoter dans la cuisine et se réfugia dans son « repère ». Avant qu'elle n'ait eu le temps de s'affaler dans son lit défait, on toqua à sa porte. Elle grogna, décidément il fallait toujours que quelqu'un trouve le moyen de venir la déranger.

      - Oui ? Lança-t-elle en s'installant nonchalamment, et faisant mine de feuilleter un magazine.

C'était Andy. Il s'avança prudemment dans la pièce, comme s'il craignait de se faire attaquer à tout moment.

      - Ça a été ta séance ? s'enquit-il.

      - Pourquoi, tu envisages de consulter toi aussi ? Répondit-elle du tac au tac.

Son frère soupira et prit place sur sa chaise de bureau, l'observant à la dérobée.

      - Non, mais je m'inquiète pour toi.

      - Il est trop tard pour ça.

Andy attrapa une paire de ciseaux qui traînait sur l'étagère d'à côté, et la manipula en silence pendant quelques instants.

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