NOUVEL ESPOIR

Chapitre 8

Les quelques jours qui suivirent, Lisa eut beaucoup de mal à penser à autre chose qu'à ce qu'elle s'apprêtait à faire avec la complicité de Peter. Elle avait toutes les peines du monde à se concentrer, même sur les activités les plus insignifiantes. Cela n'échappa pas à ses parents, mais ils se gardèrent de lui poser la moindre question, ce que Lisa apprécia. Andy en revanche, la tannait à chaque instant pour savoir ce qu'elle mijotait. Vraisemblablement, Peter avait tenu sa langue jusque-là, mais elle craignait qu'il ne finisse par en parler à son frère. Elle voulait que personne ne soit au courant pour le moment, d'autant plus qu'elle ne savait pas si cela serait un échec ou l'inverse.

Elle en avait touché deux mots à sa thérapeute, en occultant volontairement de parler de ses sentiments pour Peter. Elle ne voulait pas qu'on pense qu'elle se laissait uniquement embobiner par les beaux yeux du brun, et qu'elle se précipitait un peu trop. Elle ne voulait pas qu'on la prenne pour une midinette sans jugeote. Mais la psychologue n'était pas dupe, et mit les pieds dans le plat en lui demandant quelle était la nature de sa relation avec lui. Lisa lui expliqua alors qu'il était le meilleur ami de son frère depuis presque toujours, qu'elle n'avait jamais été proche de lui, mais qu'il avait commencé à veiller sur elle depuis quelques temps. Sa thérapeute se contenta de hocher la tête en prenant des notes sur son carnet. Lisa savait qu'elle finirait par aborder le sujet plus en profondeur, ce qu'elle appréhendait particulièrement.

Lexie, quant à elle, lui avait envoyé quelques messages pour lui demander pardon, et lui expliquer qu'elle ne voulait pas lui faire de tors. Elle implorait Lisa d'accepter qu'elles se voient pour en discuter, mais la jeune femme n'avait pas encore digéré que sa meilleure amie se soit rapprochée de Scott dans son dos, surtout après son comportement à la soirée.

***

Le dimanche matin, Lisa se réveilla d'une humeur renfrognée. Peter n'avait pas donné signe de vie, elle commençait à se demander s'il ne l'avait pas oubliée, ou même s'il l'avait fait marcher et n'avait en réalité pas la moindre intention de donner suite. Mais intérieurement, elle savait qu'elle pouvait compter sur lui, c'était une intuition plus forte qu'elle. Elle finit par se demander s'il n'avait pas eu un quelconque soucis. Et elle se rendit compte qu'elle commençait à s'inquiéter. Pour lui.

« Et merde, manquait plus que ça » pensa-t-elle en quittant sa chambre pour aller prendre son petit déjeuner.

Ses parents et Andy étaient attablés et bavardaient tranquillement. Ils s'interrompirent brièvement pour lui dire bonjour, ce à quoi Lisa répondit en marmonnant d'un ton évasif. Elle alla prendre un bol dans un placard au-dessus de l'évier, le remplit de café, et alla s'installer aux côtés de son frère, toujours dans ses pensées.

      - Comment se passe l'entraînement ? interrogea Roy. Les épreuves sont dans un mois, ça va venir vite maintenant.

      - Plutôt bien, on a pas mal travaillé le CSO* parce que c'est notre point fort et on veut gagner le plus de points possibles dessus... Lui répondit Andy, en attrapant un énorme morceau de brioche et en le badigeonnant allègrement de confiture. Mais Dan a l'air de penser qu'il faut qu'on bosse au contraire sur nos points faibles, donc on s'adapte...

      - C'est pas vrai, vous avez dû modifier votre plan d'entraînement ? ne put s'empêcher de le railler Lisa.

      - On est ouverts aux suggestions des pros, nuance ! rétorqua Andy.

      - Ah, je croyais que vous vous preniez déjà quasiment pour des pros vous-mêmes pourtant, continua-t-elle, moqueuse.

Andy ne prit pas la peine de lui répondre et lui présenta son majeur. Il continua d'échanger sur le sujet avec leurs parents, mais Lisa avait décroché de la conversation. Elle se demandait si elle devait questionner son frère pour savoir s'il avait eu des nouvelles de Peter dernièrement, mais cela paraîtrait à coup sûr beaucoup trop suspect. Elle n'eut pas besoin de se poser plus de questions, puisque son nom fut finalement évoqué naturellement dans la conversation.