𝐗𝐈𝐕

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— On a que quelques minutes avant qu’ils n’arrivent jusqu'à nous, je dis à Lartius d’une voix précipitée. Il faut qu’on change de zone.

— La zone hivernale, c’est la seule dans laquelle peu de tributs sont allés. Si on y va, ils n’oseront pas nous suivre.

Je hoche la tête vivement et attrape mon allié par la main. Nous courons dans la direction opposée aux carrières, les yeux rivés vers le ciel. Les points du 2 et du 4 se dispersent de celui du 1 pour arriver jusqu'à nous par un détour.

— Ils veulent nous encercler, annonce Lartius en serrant les dents, prépare toi à devoir te battre.

J’acquiesce à nouveau, le cœur battant et mon couteau brandit. Nous continuons notre course, dévalant la colline à toute vitesse. Le point de la fille du 1 se rapproche de nous, beaucoup trop vite. Je serre la main de Lartius, je suis capable de sentir sa tension, son contact me rassure presque malgré tout.

Un sifflement résonne dans mon oreille. Je m’arrête net, constatant qu’une flèche vient de me frôler la joue.

Une seconde est lancée.

J’entends un cri de douleur résonner.

Lartius tombe à genoux dans un flaque de sang, la pointe de la flèche enfoncée dans l’abdomen.

Le sang afflue mes veines, la panique commence à me gagner.

Je lève les yeux pour apercevoir la fille du 1 à quelques mètres de nous, un arc brandit et saisissant une nouvelle flèche de son carquois. D’un geste vif et peu assuré, je me couvre le visage avec le sac à dos de Lartius. La flèche s’y niche. À quelques secondes près j’y serai passée. Je dégaine mon poignard avec rage, toujours masquée par la protection du sac et me précipite vers la fille. Elle jette son arc et sort à son tour un petit couteau avant de se jeter sur moi.

Nous roulons à terre dans un bruissement sourd. Je tente de contrôler la chute pour avoir l'avantage. Je la pousse violemment afin de séparer nos deux corps tandis qu’elle tente de m'asséner un coup. Munie de mon poignard, je la frappe au niveau de l’estomac. Elle esquive le coup de justesse et attrape mon bras qu’elle tord dans un craquement audible.

Je hurle de douleur.

L’adrénaline me contrôle à nouveau. Je coince son corps avec ma jambe et lui enfonce ma lame dans le cou. Cette fois, elle n’a pas le temps de l'éviter. Son hurlement retentit tandis que du sang en abondance dévale le long de sa gorge. L'entaille qui traverse sa gorge est profonde. Son regard s’immobilise et ses convulsions s’arrêtent sous le retentissement du canon.

Je lève la tête vers le ciel pour apercevoir le plan mais il a disparu. Les dix minutes doivent être finies. Ce n’est pas une raison pour me reposer sur mes lauriers, le reste des carrières doit se trouver à quelques mètres de nous, ce n'est plus qu’une question de temps avant qu’ils ne nous retrouvent. L’effroi me ramène à la réalité lorsque mon regard se pose sur le corps gisant de Lartius.

Je récupère l'arc de la fille du 1 et me précipite vers mon allié en tremblant. Je n’ai pas entendu le canon, il ne peut pas être mort, pas maintenant…

Je retire doucement la flèche de son ventre et le secoue en chuchotant son nom. Je pourrais l’abandonner ici et le laisser se vider de son sang, mais je n’en suis pas capable. J’ignore s’il a succombé à sa blessure mais s’il ce n’est pas le cas, il est probablement inconscient. Je retire mon débardeur et lui passe autour du ventre en guise de bandage. Je le soulève ensuite avec une délicatesse précipitée et passe son bras autour de mon épaule afin d’essayer de le traîner le plus loin possible des carrières. Je n’ai pas suffisamment de force pour le porter sur une longue distance et mon bras cassé est douloureux, je vais devoir me dépêcher.

𝐇𝐮𝐧𝐠𝐞𝐫 𝐆𝐚𝐦𝐞𝐬. édition 25 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant