𝐗𝐕𝐈

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soundtrack ; jungle

Je mets du temps à émerger de ma torpeur.

Je parviens à entendre, ou plutôt à deviner le combat qui fait rage autour de moi.
Mes sens sont en éveil, me guidant grâce aux stimulus sonores ou odorants. J’ai peur, tellement peur. Aussi, ma souffrance est indescriptible, je suis en proie à des convulsions.

Le garçon du 4 doit également être en mauvaise posture actuellement, peut-être même est-il mort, l’explosion s’étant déclenchée à sa proximité.

J’entends un coup de canon résonner.

Qui a perdu la vie ?

Des bruits de pas s’ensuivent. Je me traîne sur le sol, rampant aveuglément.

— Lartius…

Je murmure désespérément le nom de mon allié, en ultime espoir me guidant dans mon obscurité.

Je reste attentive au moindre bruit, chacun pouvant signifier mon arrêt de mort. J’entends un nouveau cri suivi d'un coup de canon. Des pas s’ensuivent, se rapprochant de moi.

— Lartius… c’est toi ?

Je n’obtiens pas de réponse.

Dans l’état actuel des choses, il m’est impossible de distinguer les sens qui me restent. Je sens des mains se poser sur mon visage, me paralysant la tête contre le sol.

Mon partenaire cherche-t-il à me protéger ?

J’établis dans la panique les possibilités restantes. Confrontée à la fatalité que cela peut être n’importe qui, potentiellement en phase de m’achever. J’ai l'inévitable conscience qu’il est trop tard pour tenter quoi que ce soit, je me débats, vainement, espérant une exécution rapide.

Je sens des lèvres se poser sur ma joue. Des dents agrippent ma peau avant de tirer d’un coup sec. Un morceau de ma joue s’arrache. Je hurle de toutes mes forces, une douleur grave me provoquant de nouvelles convulsions.

La fille du 10, la cannibale.

Je suis en proie à une crise, mes hurlements redoublent tandis que dans mon esprit, tout se noie sous la souffrance. Mes pensées s’entremêlent, des formes colorées s’agitent devant mes yeux aveugles.

J’ai mal, terriblement mal.

Je suis dans l’incapacité de penser, subissant inlassablement cette torture indescriptible. Des silhouettes se dessinent derrière mes yeux clos. Des formes effrayantes. Puis des cris s’ensuivent, des cris inhumains que j’entends comme venus de loin.

Je perçois des murmures presque incompréhensibles, me chuchotant des actes d’une horreur inouïe.

Tout s’emmêle dans mon esprit.

La douleur est en train de me retirer ma raison.


Des coups résonnent, la masse du corps juché sur moi est propulsé d’un coup sec. J’entends des cris, des coups violents qui me paraissent lointains.

Un nouveau coup de canon.

J’ignore où je suis, je sais juste que je souffre.

Je tente de ramper sur le sol terreux. Des hurlements ainsi que des bruits de coups résonnent.

J’entends des pas s’approcher de moi, puis des mains me récupèrent avec tendresse. J’arrive à deviner que je suis dans les bras d’un garçon au vu de sa carrure. Des doigts me caressent les cheveux doucement.

— Où suis-je…? je murmure d'une petite voix.

— Tout va bien Cassie, tout va aller je te le promets…

Je distingue des sanglots dans sa voix. Comment connaît-il mon nom ?

— Est-ce que tu vas me ramener chez moi ?

De nouveaux sanglots se font entendre.

— Oui… J’ai tué la fille du 10 et le garçon du 1. Les tributs du 4 et du 2 sont morts pendant l’explosion.

— L’explosion ?

J’ignore de quoi il parle, je sens comme un vide infini dans mon esprit.

— Dis-moi que tu te souviens de moi, de nous…

Une larme glisse sur ma joue, j’ignore si elle provient de mes yeux ou des siens.

Ce garçon devait m’aimer.

— Je veux rentrer à la maison, je murmure.

— Je sais, tu vas rentrer, on va tous les deux rentrer.

— Ramène-moi chez moi, je répète inlassablement.

Il dépose un baiser sur mes lèvres. Ce geste est empli d’une tendresse sans pareille.

— Cassie, je voulais juste te protéger… sanglote-t-il en se séparant de moi. Promets-moi de ne jamais oublier que je t'aime.

Ses mots se répercutent dans mon esprit, résonnant inlassablement dans mon inconscient. J’ignore qui est ce garçon mais j'ai le sentiment que je devais l’aimer.

— Je te le promets… je murmure le coeur battant.

Une lame s’enfonce avec douceur dans mon ventre. Mon souffle se coupe au début sous le choc, puis reprend plus doucement avant de s’échapper de moi de plus en plus.

La mort me recouvre de ses bras, m’attirant dans ses abîmes que je vois se rapprocher à chaque secondes passant.

Je la sens, inévitablement comme une fatalité
et je l’accepte.

— J’ai réussi… déclare le garçon d’une voix grave.

Je me sens happée, tombant dans un espace infini et vaste qui m'ensevelit petit à petit.

Mon dernier souffle se pose tandis que le coup de canon retentit.

𝐇𝐮𝐧𝐠𝐞𝐫 𝐆𝐚𝐦𝐞𝐬. édition 25 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant