𝐈𝐈𝐈

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Le visage de Lartius se décompose.

Une partie de la foule ne masque pas son étonnement tandis que de minces sourires satisfaits apparaissent sur certains autres visages.

L'évidence me saute aux yeux, une évidence que je n'avais pas considérée avant, lorsque j'étais trop occupée à me lamenter sur mon sort : Tout le monde déteste le maire, cet homme cruel et arrogant. Lui et sa famille n'ont jamais manqué de rien et sont plus qu'à l'aise financièrement, contrairement à la plupart des familles du district 8 qui côtoient un état de précarité importante. Nombreuses sont les personnes qui le méprisent, surtout lorsque l'on sait l'oppression qu'il exerce sur nous et son caractère des moins sympathique. Son unique fils Lartius n'a jamais eu à prendre de Tesserae à l'inverse de la majorité des autres enfants du district, le sort lui était plus favorable qu'à quiconque, il n'aurait normalement jamais eu à aller aux Hunger Games. Cette expiation était l'occasion rêvée pour faire tourner sa chance et venger le peuple.

Il s'avance, le regard baissé, secoué par une incompréhension qui se trahit sur son visage. J'entends le maire protester d'une voix forte, il attrape sauvagement Savera par le col et la pousse violemment. Elle tombe à terre brusquement tandis qu'il s'approche de la foule en criant.

— Vous allez payer ! Tous !

J'ai du mal à savoir si son message est adressé aux bourreaux de son fils ou au Capitole. Des pacificateurs se précipitent vers lui et l'attrapent par derrière, lui scellant les mains dans le dos. Il tente de se débattre mais l'un d'entre eux lui assène un coup dans le ventre, le faisant tomber à genoux.

Ils le conduisent à l'intérieur de la mairie tandis que Savera qui s'est relevée en vitesse réajuste les plis de sa robe. Elle esquisse à nouveau son grand sourire tentant de masquer sa gêne et aide Lartius, livide, à monter sur la scène.

— Excusez-moi pour ce petit incident. Voici les deux tributs qui représenteront le district 8 lors de cette première expiation !

Elle attrape nos deux bras et les lève en signe de victoire. La foule n'applaudit pas. Une émeute se crée, un bourdonnement qui s'amplifie petit à petit.

J'aperçois Amber, elle ne me regarde pas. Je ressens pour elle une haine inexplicable à cet instant. Au fond c'est sûrement ce que recherche le capitole en nous envoyant aux Hunger Games, nous faire détester ceux qui sont restés.

Je lève les yeux en direction de Lartius. Nos regards se croisent et pour une fois je ne ressens aucune haine dans ses yeux, j'y lis du pardon. Nous détournons le regard en même temps tandis que les pacificateurs nous poussent à l'intérieur de la mairie, chacun dans une salle différente.

Mon père arrive peu de temps après, seul. J'imagine que ma mère n'a pas eu le courage de venir me dire au revoir, je ne lui en veux pas.

— Tu vas gagner Cassie, me dit-il précipitamment. Tu sais te débrouiller seule, utiliser quelques armes et tu es capable de survivre en pleine nature. Je sais que notre district n'est pas l'endroit idéal pour s'entraîner mais pense à la forêt, tu avais cet atout que d'autres comme Lartius n'avaient pas.

Je hoche la tête, réalisant que ses paroles ne sont pas totalement fausses.

— L'arène ne sera peut-être pas une forêt papa.

Il passe une mèche de mes cheveux derrière mon oreille et continue plus rapidement.

— Peu importe l'arène Cassie, tout ce que tu auras à faire c'est te cacher en attendant que tout le monde s'entretue et la victoire te reviendra. Je t'aime fort.

Il dépose un baiser sur mon front et s'apprête à quitter la pièce avant d'extérioriser un peu trop ses émotions quand je l'interpelle presque malgré moi, portée par des remords.

𝐇𝐮𝐧𝐠𝐞𝐫 𝐆𝐚𝐦𝐞𝐬. édition 25 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant