𝐈𝐈

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Je reste figée face à l'écran de télévision. Personne n'ose faire le moindre mouvement, un silence de mort règne dans la pièce. L'image du Capitole change pour se transformer en un plan du maire du district 8, se tenant droit face aux caméras, entouré de pacificateurs.

"Habitants du district 8, comme vous venez de l'apprendre par le biais du président Snow, cette année vous choisirez nos tributs. En tant que maire, mon rôle est de vous guider afin de sélectionner les meilleurs représentants pour notre district. Nous avons cette année la chance de décider de nos potentiels futurs vainqueurs. J'ai des idées de tributs qui m'ont été proposées.

Il marque une pause et jette un regard vers les caméras. Mon corps se met à trembler, redoutant inconsciemment l'inévitable que je sens arriver.

"Ces tributs ont été choisis selon leurs aptitudes et leur âge car nous pensons qu'ils ont les capacités pour réussir plus que d'autres. Pour le tribut mâle, Leonel Herriot...

Une photo se projette à l'écran, montrant un garçon âgé au visage émacié et aux cheveux sombres. Je connais ce nom et redoute celui qui le porte. Leonel est connu par une grande partie du district 8 pour être ce que l'on pourrait appeler un agitateur politique. Il a eu de nombreux problèmes avec des pacificateurs par le passé et l'annonce de son nom ne me surprend pas des moindres. En prétextant une chance quelconque pour lui de remporter les jeux, ils le sacrifient dans l'unique but de se débarrasser de lui. Cette hypocrisie me provoque un haut le cœur. Ma jambe tremble et une vague de chaleur s'empare de moi.

"Richie Bailey, Scatt Miller, Conan Woodley..."

Trois photos se succèdent représentant à nouveau des visages connus de tous. L'un d'entre eux est schizophrène, les deux autres possèdent des malformations. Cette discrimination me hurte profondément, car malgré les âges avancés de ces garçons, leurs chances de gagner sont inexistantes et tout le monde en a conscience.

"A présent, les tributs femelles. Kyla Firenze, Fiona Otto..."

Mon cœur bat à toute vitesse, ma tension monte considérablement et une douleur vive me gagne au ventre tandis que la liste continue.

"...Cassie Hollow."

Ma photo apparaît à l'écran. J'entends ma mère pousser un cri strident tandis que je demeure immobile, dans un état de choc lourd. J'ouvre la bouche incapable de masquer ma stupeur tandis que ma mère fond en larmes. C'en est trop pour moi.

Je me lève en vitesse et cours hors de mon domicile, ignorant les appels de mon père. Je cours en direction des bois, laissant le vent me fouetter le visage et faire couler mes larmes. Mon cœur est brisé par cette injustice, la haine me contrôle, créant en moi une forme d'adrénaline. Je cours à en avoir mal au ventre, créant le plus de distance possible entre mon district et ces bois sombres et muets dans lesquels je m'enfonce. Je me sens mal, si mal, trahie.

Pourquoi moi ?

Pourquoi le sort m'a été si peu favorable ?

Je me pose ces questions inutilement connaissant déjà la réponse à mes maux. Lartius. Je me doutais que notre conversation du bus était loin d'être anodine mais je ne pensais pas que la haine que vouait son père envers le mien atteindrait une ampleur pareille. De toute évidence, le maire avait décidé bien avant quel sort il me réservait, car bien sûr il avait été prévenu longtemps avant nous de cette expiation. Je me recroqueville, calant mon visage contre mes genoux. Je pleure pendant de longues minutes qui me semblent durer des heures avant d'entendre la voix de mon père m'appeler au loin. Après un bref moment d'hésitation, je décide de le rejoindre.

Il se tient droit, le visage figé et je lui suis reconnaissante de cacher ses émotions. Il me sert brièvement dans ses bras tremblants, je ne lui rends pas son étreinte.

𝐇𝐮𝐧𝐠𝐞𝐫 𝐆𝐚𝐦𝐞𝐬. édition 25 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant