𝐕𝐈𝐈𝐈

76 15 102
                                    

soundtrack ; run boy run

Les hautes herbes me fouettent les jambes, témoignant de la vitesse qui me porte en ce moment. Je cours sous l'adrénaline, fixant sans relâche le sac bleu que je veux attraper. Le terrain bien que végétalisé est relativement sableux ce qui manque de me faire glisser maintes fois, mais je vois la corne d'abondance se rapprocher de plus en plus.

Un choc me projette. Je sens une silhouette me percuter de plein fouet, me faisant chuter dans un roulement qui s'étend sur plusieurs mètres. Je relève la tête, sonnée et toussant, les yeux et la gorge emplis de sables et tente d'apercevoir la personne qui m'a poussée. C'est la fille du 2, et elle s'approche des armes sûrement pour pouvoir finir mon massacre. Je me relève avec difficulté mais le cœur battant à toute allure, me donnant ainsi le peu de force et de vitesse qui me manquait et continue ma course par un détour. Ma chute m'a ralentie et lorsque j'arrive à la corne, je constate que le massacre a déjà débuté. Des traînées de sang se font déjà voir sur le sol et des cris déchirants retentissent de toute part. Mon regard cherche les deux sacs que j'avais ciblés avant que les jeux ne commencent, je constate qu'ils ont été pris. "Merde", je pense. Je me trouve à présent immobile face à la corne, les mains vides et cherchant désespérément quelque chose à emporter. J'ai conscience que si je reste dans cette position, je ne ferai pas long feu.

Des gouttes de sueur commencent à perler le long de mes tempes. Pourquoi je n'avais pas prévu l'éventualité que l'on me pousse ? Je cherche désespérément à faire revenir ma lucidité qui s'est noyée dans mon stress. Ça y est, les carrières ont tourné les yeux vers moi, je serai la prochaine à y passer. Cet événement me ramène brusquement à la réalité, provoquant dans mon corps comme un électrochoc. Je fonce vers un tas d'objets et attrape un couteau et une miche de pain aléatoirement. Le garçon du 1 est à présent à mes trousses, arborant un sourire sadique sur le visage. Il tient dans ses mains une immonde batte de baseball recouverte de clous pointus qui suffirait à me décapiter en un cou, il est évident que je ne ferai pas le poids avec ma petite lame et il se rapproche beaucoup trop vite.

Je vois qu'une fille court à quelques mètres de moi, étant sur le point de me doubler mais ne semblant pas avoir la volonté de m'attaquer. Elle semble vouloir s'enfuir comme moi vers la forêt de pins. J'ignore ce qui me prend mais je bifurque vers elle et la pousse à terre, espérant qu'elle fasse ainsi diversion pour les carrières. Dans ma course, je détourne brièvement la tête vers elle, sans ralentir pour m'assurer qu'elle soit bien tombée. Je croise son regard trahissant une incompréhension mêlée à un déchirement profond tandis que le carrière se place derrière elle. C'est la dernière vision de cette fille vivante dont je me souvienne avant que sa tête ne se détache de son cou dans un hurlement glaçant.

Je pousse un sanglot sourd, tandis que mes jambes s'enfoncent malgré moi dans la forêt sombre et agitée par la tempête. J'ai malgré moi tué quelqu'un. Cette fille est morte par ma faute et à présent je n'oublierai jamais son regard déchirant qui hante mon esprit. De grosses larmes perlent le long de mes joues, je suis une meurtrière mais les coupables ne meurent pas d'eux-mêmes, il faudra m'abattre. J'ignore si je tiens encore à la vie mais l'adrénaline me fait m'enfoncer entre les hauts et sombres pins. La pluie est forte et tombe dans un bruit important, couvrant toute sonorité extérieure. Ma course dure une bonne dizaine de minutes durant laquelle je n'entends aucun son hormis ma respiration saccadée et le bruit effréné de mes pas sur le sol terreux, slalomant entre les immenses racines. Le vent est puissant et je ne regrette pas l'élastique qui maintient mes cheveux hors de mon visage. J'ai conscience que la tempête peut être dangereuse, particulièrement à cause des branches qui risquent de me tomber dessus et m'achever. Je décide donc de continuer ma course en marchant, restant attentive au moindre craquement suspect.

𝐇𝐮𝐧𝐠𝐞𝐫 𝐆𝐚𝐦𝐞𝐬. édition 25 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant