𝐇𝐮𝐧𝐠𝐞𝐫 𝐆𝐚𝐦𝐞𝐬. édition 25

𝐗𝐈

— Quelqu'un lui a lancé pour provoquer une réaction, et cette personne doit être quelque part ici...

Mon cœur manque un battement.

Je n'ai plus le temps de réfléchir.

Les tributs de carrière se situent à seulement quelques mètres de leurs ressources, je ne peux plus me risquer à chercher quoi que ce soit à présent, au moindre mouvement ils me repèreraient. Je ne peux pas non plus m'enfuir, ils sont trop proches et pourraient me rattraper en un rien de temps vu mon manque de vitesse lié à mon dos toujours douloureux.

Je recule dans la forêt en rampant sur le sol avec une discrétion hors norme et me faufile dans un immense buisson, mon couteau brandi dans ma main tremblante.

Je viens donc d'éliminer involontairement deux carrières, la fin des jeux risque d'arriver plus tôt que prévu. En comptant mes victimes indirectes, j'ai tué en tout quatre personnes.

Quatre.

Le Capitole doit se délecter de ma petite prestation, pourtant je ne reçois aucun sponsor, pourquoi ?

Je calme ma respiration saccadée tandis que j'entends les carrières s'activer. J'ignore si j'ai raison mais j'ai confiance en ma cachette, je suis relativement bien camouflée et l'opacité me couvre suffisamment, il faut que j'attende sans bruit qu'ils cessent de me chercher.

— Prenez les lampes, il faut qu'on le retrouve, déclare la fille du 2.

J'entends des lampes torches s'activer et des jets de lumière arriver au loin.

— Esme, il faudrait peut-être qu'on se disperse, renchérit la voix de Plumeria. On sera plus efficaces.

— Il faut que quelqu'un reste surveiller les provisions, on est plus que quatre et si jamais cet imbécile de tribut renvoit une fléchette on sera bien dans la merde.

— Je peux me charger de garder un oeil dessus, propose une voix masculine que je reconnais comme étant celle du garçon du 1.

— Ok, Plumeria tu restes avec lui. Moi je pars à sa recherche avec Erwal.

Je devine que ce dénommé Erwal doit être le garçon du 4. Je sais maintenant que seuls deux d'entre eux sont à mes trousses et que les deux autres sont restés seuls. Les carrières sont séparés, c'est le meilleur moyen de s'en prendre à eux. Honnêtement, je ne trouve pas très stratégique de s'être organisé aussi peu discrètement car si j'avais potentiellement voulu les attaquer, ils auraient été vulnérables. Mais heureusement pour eux, ma priorité est de trouver de quoi survivre, j'ai déjà fait assez de dégâts pour aujourd'hui.

J'entends les deux tributs s'approcher puis partir dans la direction opposée à ma cachette. C'est la nuit, les lampes n'éclairent pas grand-chose, il est évident qu'ils ne me trouveront jamais. Le bruit de leurs pas s'éloigne progressivement jusqu'à ne plus se faire entendre du tout.

Je profite de cette occasion pour sortir discrètement de mon buisson et me rapprocher du camp des carrières où j'aperçois Plumeria et son partenaire de district, plus occupés à flirter qu'à surveiller les vivres.

Je lève les yeux au ciel même s'il n'est pas rare que des relations se forment dans l'arène. C'est assez évident lorsque l'on sait que des adolescents sont enfermés ensemble avec la garantie de mourir d'un moment à l'autre, certains veulent profiter de leurs derniers instants de façon plus physique si l'on peut dire ça comme ça. Evidemment, le Capitole se garde bien de diffuser ces images trop charnelles, c'est uniquement sous-entendu mais ce n'est pas un secret dans les districts.

L'hypocrisie de la télévision m'a toujours sidérée. Le Capitole ne se prive pas de diffuser des actes barbares et sanglants, d'une violence inouïe mais joue les choqués devant un peu trop de peau ? Pourtant ce n'est pas une légende, il est arrivé que deux tributs moissonnés dans un même district ou non soient en couple ou le deviennent au fil des jeux.