Chapitre 17

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Cela faisait déjà trois semaines qu'Helena était enfin sortie de l'hôpital, au plus grand bonheur de Lenie qui était aux petits soins.
Pierre, Candice, Djebril et Marie-Maud venaient au moins une heure chaque jour, apportant des petits plats ou des petites courses pour aider Lenie. Les autres camarades de la promotion prenaient régulièrement des nouvelles et certains étaient passés voir Helena depuis sa sortie.

Aujourd'hui, Pierre était chez elles, aidant Lenie à préparer le repas du midi. Helena se trouvait dans le salon, assise sur le canapé, son téléphone dans les mains. Elle ne le montrait pas, mais depuis deux jours, son morale baissait. Elle ne se sentait pas très bien et avait envie de sortir prendre l'air dehors mais elle ne le pouvait pas. Elle se sentait assez oppressée dans son appartement et ses douleurs à l'abdomen ne passaient pas. Ses maux de tête revenaient et elle avait l'impression que les cachets ne faisaient plus effets. Elle ne voulait rien dire à Lenie, de peur de l'inquiéter une nouvelle fois. Elle avait aussi ce sentiment de servir strictement à rien car elle passait son temps sur le canapé pendant que Lenie faisait absolument tout, que ce soit la cuisine, les courses, le ménage ou la lessive. Elle avait l'impression que tous ses rêves s'étaient envolés depuis l'accident, depuis son retour à la maison. Elle avait envie de chanter, de danser, de faire tout ce qu'elle aime et retrouver sa vie d'avant. Elle savait que cela prendrait du temps, qu'elle avait failli mourir, mais plus le temps passait, plus elle devenait impatiente.

Pierre arrivait dans la pièce, et s'asseyait en face de la blonde, lui lâchant un petit sourire.

-Comment tu te sens? Lui demandait-il.

-Je vais bien, répondait la blonde en déposant son téléphone à côté d'elle.

-Lenie va arriver, le repas est bientôt prêt.

Le cœur de la blonde se resserrait d'un coup. Elle en avait assez que Lenie se fatigue autant pour elle. Bien évidemment, la brune ne disait absolument rien sur son état de fatigue, mais plus les jours passaient, plus Helena voyait ô combien elle avait besoin de repos. Si elle lui disait, Lenie lui répondrait qu'elle était entrain de se faire des films et que tout allait bien. La belge se sentait coupable de tout ça. Pierre remarquait le changement soudain chez son amie, mais préférait ne pas faire de remarque. C'est à ce moment là que Lenie arrivait à son tour avec le repas et le déposait sur la table à manger du salon.

-Le repas est prêt! J'espère que vous avez faim, s'exclamait-elle.

Pierre se levait du canapé, suivie d'Helena qui, tout à coup, était prise de vertiges. Elle posait sa main sur sa tête qui lui faisait mal et Lenie arrivait près d'elle, lui attrapant le bras mais Helena se débattait et lui disait d'un ton assez brusque :

-Je vais bien Lenie!

Lenie se figeait d'un coup et Pierre regardait Helena, ne comprenant pas la réaction de cette dernière envers sa petite-amie. Helena allait s'installer à table, suivie par les deux autres et un silence lourd et pesant s'était installé dans la pièce. Puis, voyant que personne n'osait parler, Lenie essayait d'entamer une discussion :

-Tu aimerais faire quelque chose en particulier cet après-midi? Demandait-elle à Helena.

-Je vais rester dans le salon. Répondait Helena d'un ton assez froid.

Lenie ne comprenait pas le changement soudain de la blonde et décidait de ne pas y prêter attention, se disant que c'était sûrement dû à la fatigue et aux douleurs que ressentait Helena.

-Si tu veux, on pourra regarder un film. Ton film préféré tient! Ça pourrait être bien.

Lenie avait proposé cela d'un ton enjoué mais Helena ne réagissait pas comme la brune aurait aimé.

-Non Lenie. Je t'ai dit que je ne voulais rien faire.

-Bon... dans ce cas je vais rester auprès de toi et...

-Je veux rester seule.

Helena avait dit cela, en coupant Lenie, sur un ton froid et agacé. Pierre avait arrêté de manger et regardait ses deux amies. Il essayait de comprendre pour quelle raison Helena avait subitement changé d'humeur.

-Qu'est-ce qu'il y a Hele...? J'ai fait quelque chose de mal...? Pourquoi réagis-tu ainsi?

Lenie avait demandé cela avec une incompréhension dans la voix et un regard de détresse. Helena, quant à elle, avait un regard qui virait au noir.

-J'en ai assez que tu me traites comme une enfant qui n'est capable de ne rien faire. J'en ai assez que tu sois collée à mes bottes toute la journée avec tes « Helena » par-ci « Helena » par-là. Je suis assez grande, je peux me débrouiller toute seule. Tu devrais aller prendre l'air un peu!

Lenie avait l'impression que quelqu'un venait de lui arracher le cœur et n'aurait jamais imaginé que cette personne serait celle qu'elle aimait le plus au monde. Elle sentait les larmes lui monter. Helena avait dit tout cela dans un élan de colère et, réalisant ce qu'elle venait de dire et voyant le regard de sa petite-amie figé, elle regrettait immédiatement ce qu'elle venait de lui dire.

-Lenie je...

Lenie se levait de table et fit face à la blonde :

-Ne te fatigue va, j'ai compris. Je suis trop sur ton dos, je t'oppresse, ok pas de soucis.

Lenie s'en allait d'un pas rapide du salon, mit ses chaussures et son manteau et sortit de l'appartement, claquant la porte d'entrée derrière elle. Helena s'était levée et avait essayé de la suivre, mais elle était prise à nouveau de vertiges et tombait à terre. Pierre avait essayé de la rattraper mais tout était allé trop vite. Helena se mettait à pleurer à chaudes larmes.

-Je ne sais pas ce qu'il m'a pris... Pourquoi je lui ai dit tout ça...? Pourquoi?!

Pierre s'était accroupi près de la jeune femme, la prenant dans ses bras. Il ne répondait rien, laissant la blonde extérioriser tout ce qu'elle avait sur le cœur. Puis, il lui prit la main et l'emmenait jusque sur le canapé, allant lui chercher un verre d'eau. Helena buvait tout d'un coup et essuyait ses larmes avec le mouchoir que son ami lui avait donné.

-Helena... Pourquoi lui as-tu dit tout ça? Lenie est toujours là pour toi, à s'occuper de toi comme tout le monde le rêverait. Durant un mois elle a toujours été auprès de toi, ne t'a jamais quitté une seule seconde et...

-Je sais Pierre, je le sais... Je sais tout ça, je... avait commencé Helena. Elle prit une grande inspiration et continuait. Je me sens juste inutile... Elle est là, dans l'appartement, à faire absolument tout. Et moi je suis là, assise ou allongée dans ce canapé, à ne rien faire de mes journées. Juste à la regarder faire toutes les tâches ménagères, la voir se fatiguer pour moi... Je me sens juste coupable de sa fatigue et cela m'attriste profondément. Je me sens tellement idiote de lui avoir dit tout cela parce que je n'ai pensé un seul mot de ce que je lui ai jeté en pleine figure.

Helena essayait de chercher du réconfort dans les yeux de Pierre et c'est ce qu'il lui donnait. Il avait toujours été là pour elle et lui en était très reconnaissante.

-Tout va s'arranger, tu verras. Lui disait-il avec une voix douce. Lenie t'en voudras sur le coup mais comprendra que tu ne le pensais pas.

Helenie lui fit un petit sourire mais avait peur. Elle avait la crainte de perdre Lenie.
Pierre était resté tout l'après-midi près d'elle, à essayer de lui remonter le morale et il était rentré chez lui, Helena disant vouloir être seule. Elle attendait Lenie.

Son téléphone se trouvant à côté d'elle vibrait et un message de sa part apparaissait sur l'écran :

« Je ne rentre pas à la maison ce soir. ».

Pas sans toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant