Chapitre 14

850 52 17
                                    

Lenie s'était effondrée au sol. C'était comme si on lui avait coupé les jambes et qu'elle ne pouvait plus se relever d'elle-même. Son souffle s'était coupé net, comme si on l'avait frappé en pleine poitrine. Pierre avait immédiatement accouru auprès d'elle, la prenant dans ses bras pour la calmer. Il savait qu'elle était entrain de faire une crise d'angoisse et lui murmurait des mots réconfortant près de son oreille. Les trois autres étaient arrivés également, essayant de leur mieux, eux-aussi, d'être là pour la plus jeune.

-Lenie... respire... s'il-te-plaît...

Pierre lui chuchotait cela, une larme perlant sur sa joue. Il se retenait de lâcher toutes les larmes de son corps mais il ne devait pas. Il devait rester forte pour la jeune brune dont la douleur était incommensurable. Candice et Marie-Maud, dans un même mouvement, se retournaient, dos à la scène qui se déroulait devant leurs yeux et essuyaient chacune leurs larmes. Djebril, quant à lui, s'était agenouillé près de Lenie et Pierre, et, dans une voix douce, disait :

-Je te le promets, de tout mon cœur, qu'elle va s'en sortir. On parle d'Helena quand même. Elle est bien plus forte que l'on puisse l'imaginer. Elle ne te laissera jamais. Pas comme ça.

Djebril caressait d'un mouvement délicat le dos de Lenie, allant de bas en haut. Cela avait pour don de l'apaiser et l'effet escompté commençait à faire son apparition. Pierre tenait toujours fermement la jeune fille dans ses bras et, petit à petit, se détachait d'elle, la laissant reprendre ses esprits. Puis, Djebril et lui l'attrapaient chacun de chaque côté, par le bras, et l'aidait à aller s'assoir sur une des chaises du couloir. Lenie se recroquevillait sur elle-même, cachant sa tête dans ses genoux et se laissait aller. Ses amis entendirent ses pleurs et leur cœur se brisait en mille morceaux face à l'image qu'ils avaient devant eux. Candice s'avançait près de la jeune femme et s'accroupissait devant elle, posant une main sur son bras qui entourait ses jambes.

-Ma Lenie... regarde moi...

Lenie n'avait pas relevé sa tête. Elle était toujours cachée et les pleurs ne cessaient de résonner dans le hall. Candice reculait sa main qui était posée juste avant pour venir la passer dans les cheveux de la benjamine et les lui caressait délicatement. C'est alors que Lenie décidait de venir croiser son regard dans celui de son amie. La jeune femme métisse esquissait un sourire qui se voulait réconfortant même si ses yeux étaient rempli de tristesse. Quant à celui de Lenie, son âme, se reflétant dans ses yeux, était brisée. Ce fut la première fois que Candice en voyait un comme celui-ci. Elle voulait tant trouver les bons mots pour rassurer son amie mais elle savait au fond d'elle-même que, peu importe ce qu'elle pouvait lui dire, rien ne lui suffirait pour lui ramener Helena.

-Je veux la voir... J'ai tant besoin de la voir, de lui parler.

Lenie avait prononcé ses mots avec une voix presque inaudible et pourtant, ses amis l'avaient entendue.

-Tu pourras bientôt ma Lenie, répondait Pierre. Je vais aller voir le médecin pour lui demander quand est-ce que l'on pourra lui rendre visite dans sa chambre.

Tous les regards se dirigeaient vers le jeune homme et il s'en allait, à la recherche du médecin qui avait annoncé la nouvelle quelques minutes plus tôt.

Le silence s'était à présent installé et aucun des quatre ne parlaient. Seuls les tremblements de jambes de Lenie se faisaient entendre, signe que l'anxiété prenait le dessus, ainsi que les bruits de chariots que les infirmiers faisaient rouler dans le hall de l'hôpital. Le temps paraissait très long et Pierre n'était toujours pas revenu. Des bruits de pas retentissaient soudainement dans leur direction et ils virent le jeune garçon apparaître devant eux.

-Nous pouvons aller la voir, mais deux par deux. Ils l'ont installée au service de réanimation.

Lenie, dans un mouvement rapide et brusque, se levait de sa chaise.

-Emmène-moi jusqu'à elle, s'il-te-plaît.

Tous suivaient Pierre jusqu'au service dans lequel Helena se trouvait et, Lenie et lui, furent les premiers à entrer. Les trois autres attendaient dans la salle d'attente.

Le cœur de la benjamine battait très vite lorsqu'ils entrèrent et marchèrent dans le couloir. De chaque côté se trouvaient des personnes, allongées dans leur lit, branchées aux différentes machines. Elles aussi se battaient pour leur vie, leurs proches et les gens qu'elles aimaient par dessus tout. Lenie commençait à trembler mais Pierre lui prenait la main pour la rassurer. Elle prenait alors une grande inspiration et ils arrivaient enfin devant la chambre d'Helena. L'imagine se présentant devant eux était insoutenable. Un tuyau, relier à un respirateur, se trouvait dans sa gorge et l'aidait à respirer. Des fils branchés aux machines parcouraient le long de son corps. Le haut de sa tête était entourée d'un bandage, ainsi que son abdomen. Pierre et Lenie se regardaient, essayant de comprendre ce que voulait l'autre la brune avançait alors, près de la jeune belge. Plus elle se rapprochait de celle qu'elle aimait, plus les larmes lui montaient aux yeux. Elle les fermait et prenait une profonde inspiration. Elle ne devait pas pleurer, elle devait le faire pour elle. Elle devait rester forte pour elle deux. C'est alors qu'elle prit sa main dans la sienne et la regardait attentivement. Helena avait les yeux fermés et la brune avait l'impression qu'elle dormait paisiblement, comme tous les jours, et qu'elle allait se réveiller d'une minute à l'autre. Pourtant, ce ne fut pas le cas.

-Coucou mon amour. C'est moi. Lenie.

La benjamine commençait à lui parler, prenant une voix très douce.

-Je ne sais pas si tu peux m'entendre, mais je suis là, près de toi. Pierre aussi est là.

Lenie tournait la tête vers son ami comme pour avoir son approbation. Il n'avait pas bougé de l'entrée, laissant la brune dans son intimité auprès de sa petite-amie.

-Sache que tu me manques énormément. J'ai tant besoin de toi...

Elle enlevait une de ses mains et vint caresser la joue d'Helena.

-Je resterai près de toi ici, tout le temps qu'il ne le faudra. J'attendrai que tu te réveilles. Tes parents vont aussi arriver, ils seront là.
Candice, Djebril et Marie-Maud sont là eux aussi. Ils viendront te voir. Ils t'attendent avec impatience.

Lenie savait qu'Helena ne répondrait pas et pourtant, à chaque parole qu'elle prononçait, elle attendait une réponse de sa part.

-Je donnerai tout pour t'entendre à nouveau... le son de ta voix, ton rire que j'aime tant... Mais je sais qu'il faut que je sois patiente. J'ai hâte de faire ce voyage avec toi que l'on s'est promis en sortant du restaurant... ce voyage en Corée-du-Sud...

Une larme coulait le long de la joue de Lenie et elle la sentait tomber sur le dos de sa main qui tenait celle de sa petite-amie.

-Je prendrai tellement soin de toi, tu verras. Tu me manques tellement Hele.

Pas sans toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant