Un café, trois sucres et un serveur

Chapitre 9 - Samedi 10/04

Aujourd’hui, même si c’est le weekend, je suis quand même obligé de travailler. Mais ça va, j’avance relativement bien. J’ai déjà pu imaginer et dessiner une douzaine d’ensemble et de tenues, ce qui devrait largement suffire.

Malheureusement, le problème reste toujours le même : il faut que je trouve quelque chose pour améliorer mes dessins, je ne peux pas uniquement rendre des dessins de vêtements ou je suis sûr d’avoir une note qui me vaudra de redoubler mon année, et ça c’est hors de question.

Mais qu’est-ce que je pourrais faire pour rendre mes dessins plus intéressants, plus vivants ? Je pourrais dessiner mes tenues sur des mannequins, ce qui me permettrait de montrer à la fois mes talents dans la conception de personnages et de vêtements.

Et encore, même ça ça ne suffirait pas. Avoir quinze portraits de personnages portant mes créations c’est bien, mais je peux aller plus loin. Il faut que je trouve quelque chose de plus spécial, de plus original.

Je réfléchis à ce que je pourrais faire pendant un moment, et à force de prendre du recul, j’arrive à quelques conclusions plutôt intéressantes : dessiner des scènes, comme le serveur préparant du café, mais où les personnages porteraient les tenues que j’ai dessiné.

Le seul problème, c’est que je ne sais pas quelles scènes je pourrais dessiner exactement. Décidément, même quand je fais un pas en avant je finis par rester bloquer…

- Bon, je finis par me dire, à haute voix, je vais faire comme à l’ancienne.

Je saute de ma chaise et vais enfiler une tenue convenable, autre que mon pyjama, puis me prépare à partir. Souvent, c’est dans les petites choses de la vie quotidienne que je trouve de l’inspiration pour mes dessins. Mais vu que l’inspiration ne vient pas à moi, c’est à moi d’aller à elle.

Une fois habillé et prêt à partir, je sors de chez moi avec mes affaires de dessin au chaud dans mon sac, comme toujours.

Je me balade un peu dans mon quartier, errant de rue en rue en profitant des passants et du paysage qui s’offrent à moi, en espérant y trouver enfin un peu d’inspiration.

Quelques idées de dessins me viennent, mais rien qui ne me transcende vraiment. A force de marcher, je finis par me rendre compte que mes pas m’ont menés jusqu’à mon petit café habituel.

C’est amusant. C’est comme si mes pieds m’avaient amenés ici tout seul, comme s’ils étaient tellement habitué à y venir que c’en était devenu un automatisme. En même temps, c’est sûrement le cas.

Je le regarde de loin quelques instants, hésitant à y aller, mais étant donné que j’y vais déjà tellement souvent dans la semaine, je finis par passer mon chemin et me remettre à marcher.

Je tourne et tourne dans quelques autres rues, mais je ne peux pas m’empêcher de penser à ce satané café, et surtout à Andy, le serveur qui y travaille. Aussi étrange soit-il, il m’a quand même pas mal inspiré ces derniers jours.

Peut être que ce ne sont pas mes pieds mais plutôt le destin qui m’a encore amené au café ? Etant donné que je cherchais l’inspiration… Peut être que c’est là bas que je suis censé la trouver ?

Je m’arrête de marcher sur un coup de tête et fais demi tour pour y retourner. Je pousse la porte et entre dans le café, puis cherche la source de mon inspiration des yeux sans la trouver.

- Bonjour monsieur !, s’exclame une serveuse que je ne connais pas. Vous désirez vous asseoir ?

- Euh non, je cherche un de vos collègue. Il s’appelle Andy.

- Andy ? Vous venez la mauvaise semaine. Il travaille un samedi sur deux, mais vous êtes mal tombé. 

- Ah… Bon, tant pis. Merci.

- Du coup vous ne voulez pas vous asseoir ?, me redemande-t-elle.

- Non non, ça ira. Merci.

- Vous voulez que je lui dise que vous êtes passé ?

- Euh non, c’est pas la peine. Mais merci quand même.