Chapitre 19 - Mardi 20/04

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L’histoire. Ça n’a jamais été ma matière préférée, mais j’ai toujours apprécié ça. Mais ça, c’était avant d’arriver en art. Parce que l’histoire de l’art, c’est vraiment la pire chose que l’humanité n’ait jamais créée.

C’est d’un ennui… Et dire que ces cours sont obligatoires. Enfin, je pourrais facilement les sécher, vu que notre professeur n’a jamais fait l’appel (alors qu’on est passé de trente en début de semestre à seulement sept aujourd’hui). Je devrais vraiment suivre leur exemple.

Mais je suis trop bon élève. Ça me tuera.

Enfin, je n’écoute pas du tout le cours, je me contente de faire acte de présence et de prier pour que mon cerveau enregistre de lui-même des informations. C’est peu probable, mais l’espoir fait vivre.

Le pire, c’est que je suis sûr que cette matière pourrait être cool, ou du moins plus supportable, si notre enseignant y mettait un peu du sien. Mais cet homme est lent là mourir, comme si c’était son but, qu’on arrête de venir. Et qu’on le déteste.

Au moins, ces heures de cours me laissent le temps de penser et de réfléchir. Réfléchir aux prochains dessins que je ferais, pour enfin finir mon porte folio ; réfléchir à ce que je ferais l’année prochaine, ou même à ce que je ferais durant les vacances…

Il faudrait que j’essaie de me trouver un petit job d’été, pour me faire un peu d’argent de poche et arrêter de dépendre autant de ma mère. J’aimerais la soulager un peu. Même si elle gagne plus que bien sa vie et qu’elle vit seule, ça rassurerait ma conscience de me dire que je peux me débrouiller tout seul.

Et puis, travailler m’aidera aussi à me faire un petit réseau de contacts, ce qui est primordial quand on travaille dans l’art ou la mode. De toute façon, maintenant, presque tout marche au piston.

Je sors de mes pensées en voyant tout le monde se lever, et j’en déduis que ce cours est enfin fini. Quel soulagement !

Je me lève moi aussi de ma chaise, et sors enfin de cette salle. Je suis les gens de mon groupe, et on sort tranquillement de l’université.

Je ne sais pas trop quoi faire maintenant. Est-ce que je passe au café ce soir ? Il n’est pas très tard, mais je n’ai toujours aucune idée de dessin assez grandiose pour finir mon porte folio. Du coup, est-ce que c’est vraiment utile que je repasse ma soirée là bas à ne rien faire ?

Je suis de nouveau sorti de mes pensées en voyant une grosse masse rouge entrer dans mon champ de vision, qui me fait faire un grand bond en arrière.

Sauf qu’en reculant, j’entre dans le corps de la personne qui marchait juste derrière moi. Oups. Heureusement, sa seule réaction est d’éclater de rire. Et ce rire, cette joie de vivre… Je la reconnais.

- Surprise !

Je regarde Andrea sans réellement me rendre compte de sa présence. Je crois que mon cerveau n’est pas d’accord avec les images que mes yeux lui apportent.

- Surprise, répète-t-il, en agitant une rose sous mon nez.

Au moins, je sais ce qu’était cette énorme masse rouge. C’était juste lui qui essayait de me rendre aveugle en m’enfonçant une fleur dans l’œil.

- Qu’est-ce que tu fais là ?, je finis par lui demander, une fois la stupéfaction passée.

Andrea recule de quelques pas, séparant nos corps qui étaient jusque là toujours l’un contre l’autre. C’est dommage, parce que j’aimais bien cette proximité, moi.

- C’est mon jour de repos, me rappelle-t-il, et comme tu m’avais donné tes horaires, j’ai pensé que ce serait une bonne idée de venir te chercher.

Je ne lui réponds pas, et me contente de baisser les yeux sur la rose qu’il a dans les mains. Une magnifique fleur aux pétales bien rouges. Très très belle, quand elle ne m’éborgne pas.

- J’ai hésité à te prendre un bouquet, m’explique-t-il, mais je me suis dis qu’une simple rose, c’était bien pour commencer. Le bouquet, ce sera pour la prochaine fois.

- C’est… Merci. C’est… Gentil, comme attention.

- Je suis gentil.

- Sans aucun doute.

Il me tend la rose, et je la prends en le remerciant encore une fois. Je n’arrive pas à réaliser ce qu’il se passe. Il est vraiment là ? Andrea est vraiment venu me chercher devant mon école ? Pendant son jour de repos ? Tout ça pour m’offrir une rose ?

- Merci, je répète bêtement.

- Tu veux faire quelque chose de spécial ?

- Ça dépend… Tu penses à quoi ?

Il cligne plusieurs fois des yeux, avant qu’un coin de ses lèvres ne remonte doucement.

- J’en sais rien, je te demande justement si toi t’as envie d’un truc en particulier.

- A-Ah ! Euh… Je sais pas…

- Tu veux qu’on aille boire un verre ?, me demande-t-il.

- D’accord.

- Je connais un bon bar par ici, en plus. Ta fac est bien placée.

Il se met à marcher, donc je le suis sans pouvoir m’empêcher de regarder la fleur qu’il m’a offert. Je n’en reviens pas. On dirait la scène d’un film romantique bien cliché.

- Ça a été, ta journée ?, me demande Andrea.

Je hoche la tête, et on discute de nos journées respectives pendant quelques minutes, le temps d’arriver jusqu’au bar qu’Andrea connait.

- Ça te dérange pas que je sois venu te chercher, au moins ?

- Non, pas du tout. C’est juste… Je suis juste surpris. Je m’y attendais pas.

- Ça te fait plaisir ?

- Oui… C’est la première fois que quelqu’un vient me chercher comme ça, je lui avoue.

- Tu vas devoir t’y habituer, parce que ça risque d’arriver souvent.

Je ne peux réprimer mon sourire, et je me contente de baisser de nouveau la tête. Je crois que j’apprécie vraiment Andrea.

Un café, trois sucres et un serveur Où les histoires vivent. Découvrez maintenant