Un café, trois sucres et un serveur

Chapitre 10 - Dimanche 11/04

Pour une fois, je profite du calme du weekend. Même si je n’ai pas encore fini mon porte folio ni même réussi à avancer dessus hier, aujourd’hui, je vais seulement passer la journée à me reposer.

Passer une journée tranquille va me faire permettre de me reposer et de penser à autre chose qu’à mes fichus dessins. Parce que même si j’adore dessiner, je déteste manquer d’inspiration. C’est la chose la plus frustrante qui soit.

J’ai passé la matinée à me détendre et à regarder une série tranquillement sur mon ordinateur, en me prélassant sur mon lit. Et cet après midi, pour la première fois depuis un moment, je vais… Sortir.

J’ai prévu d’aller voir un de mes anciens amis du lycée que je n’ai pas vu depuis plusieurs mois déjà. Je ne sors pas souvent, et de toute façon je n’ai pas vraiment d’amis. En fait, dans mon cercle « amical », je crois que je n’ai que lui.

On ne discute pas très souvent ensemble, étant donné qu’il n’est pas non plus du genre bavard, mais on s’échange de temps en temps quelques vidéos sur Instagram. Déjà qu’il ne parlait pas beaucoup au lycée, depuis la mort de ses parents à ses dix huit ans, il s’est encore plus renfermé sur lui-même.

Nous sommes censés nous voir vers treize heure pour déjeuner ensemble, mais comme on se rejoint dans le centre ville, pas très loin de chez moi, j’ai la chance de pouvoir partir un peu à la dernière minute.

Je continue de regarder ma série puis finis par fermer mon ordinateur en voyant l’heure avancée. Je pars prendre ma douche, m’habille et me fais beau pour aller au restaurant. Pour une fois que je sors, autant faire un effort.

Dès que je suis prêt, je sors de chez moi et marche tranquillement jusqu’au restaurant où nous avons rendez vous. C’est une petite brasserie calme et plutôt bonne, pas trop chère, parfaite pour nous.

Comme j’arrive en avance, j’entre pour nous réserver une table. C’est mieux que d’attendre dehors.

- Eliott !, m’interpelle quelqu’un quand j’entre.

Je tourne la tête et reconnais directement mon ami, Léo, qui me fait un petit signe de la main en souriant.

- Salut !, je m’exclame en m’asseyant en face de lui. Ça fait longtemps !

- C’est vrai, je crois qu’on s’est pas revu depuis le lycée si ?

- Oui, je crois que c’est ça. Comment tu vas ?

- Ça va, ça peut aller, me répond-il en haussant les épaules. Je profite de la vie.

- T’as raison… Tu penses essayer d’aller à la fac l’année prochaine, finalement ?

- Aucune idée. Je verrais. J'aime bien rester chez moi.

Même s’il était extrêmement bon à l’école (au lycée, il était toujours le premier dans quasiment toutes les matières), il a décidé d’abandonner les études supérieures à la mort de ses parents, alors qu’il avait réussi à avoir sa place dans une bonne université.

- Et… Comment va ta sœur ? Léa, c’est ça ?

- Ouais, c’est ça. Elle, ça va. Elle est plus… Fragile que moi, mais ça va.

Je hoche la tête, tandis qu’un serveur vient pour prendre notre commande. Serveur bien moins agréable qu’Andy.

Nous sommes rapidement servis et on mange tranquillement, sans trop discuter. Mais ça ne me dérange pas. Notre relation était souvent comme ça, même au lycée. On était ensemble, mais on ne se parlait pas forcément.

- Tu t’ennuies pas trop chez toi ?, je finis par lui demander.

- Non, ça va. J’aime bien. Ma sœur est au lycée la journée, donc j’ai le temps de faire ce que je veux. Et le soir elle me ramène souvent son meilleur ami.

- Je vois. Tant mieux du coup, ça vous fait un peu de vie à la maison.

- Ouais, c’est ça.

On finit de manger en discutant un peu et en s’échangeant quelques nouvelles, puis le silence se réinstalle de nouveau.

- On fait quelque chose d’autre ou s’en va ?, finit par me demander Léo au bout de quelques minutes.

- Comme tu veux, moi je n’ai rien de prévu.

- C’était cool de te voir, mais je préfère rentrer. Je sors quasiment jamais depuis l’accident de mes parents, donc là je pense que j’ai ma dose pour un mois.

Je hoche de nouveau la tête, et on va tous les deux payer au comptoir avant de sortir de la brasserie avant de se dire au revoir et de se séparer pour rentrer chacun chez soi.

C’est dommage que nous ne nous soyons vu que si peu de temps. Je ne me suis pas fait d’ami à la fac, et je n’en ai pas vraiment gardé du lycée hormis Léo. Je ne suis pas vraiment très sociable, en fait.

Mais c’était agréable de voir quelqu’un, pour une fois. C’était bien.