Chapitre 20 - Mercredi 21/04

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J’aime le mercredi. C’est vraiment un jour parfait. N’avoir cours que le matin, c’est génial. Ça fait du bien au moral.

Une fois enfui de ma fac, je me rends au café pour dessiner un peu. Ça fait plusieurs jours que je n’ai pas dessiné, et même si j’ai quasiment fini mon porte folio, il faut que je me dépêche de le terminer. Comme ça, j’en serais enfin débarrassé.

Sauf que pour le terminer… Bah il faut que je le dessine. Et apparemment, pour ça, comme tous les plus grands artistes : j’ai besoin de ma muse.

Je marche tranquillement jusqu’au café, en profitant du paysage. Même si je connais déjà toutes ces rues par cœur, à force d’y passer, j’espère que j’y trouverais un peu d’inspiration. Ne serait-ce qu’une toute petite idée pour mes prochains dessins… Parce que pour l’instant, c’est le néant.

Quand j’arrive enfin devant la devanture, je m’arrête devant la porte. Je ne sais pas pourquoi cette idée vient de me traverser l’esprit maintenant, mais je devrais acheter un cadeau à Andrea.

Certes, je lui ai payé son repas lors de notre dernier… Rendez-vous, mais je devrais quand même lui offrir quelque chose. Lui me paye souvent mes en-cas, mes goûters, et maintenant il se met même à m’acheter des fleurs ! Non, il faut vraiment que je lui rende pareil.

Mais qu’offrir à quelqu’un comme Andrea ? Et surtout, quand on a une relation comme la notre ? Aucune idée.

De toute façon, là, je suis déjà arrivé au café, donc je verrais pour son cadeau une prochaine fois.

Une fois à l’intérieur, je cherche directement Andrea du regard, mais ce dernier est en train de discuter avec une table. Enfin, avec les clients qui sont autour, pas directement avec la table.

Quoiqu’il en serait peut être capable.

Je vais directement m’asseoir à une table, pas très loin du comptoir, et prépare tout ce dont j’ai besoin pour dessiner.

- Bonjour Eliott !

Je tourne directement la tête vers mon interlocuteur, et souris  Andrea. J’étais sûr que c’était lui. En même temps, je ne vois pas qui d’autre connaitrait mon prénom ici.

- Bonjour ! Je ne suis pas venu te dire bonjour avant, je me justifie, mais c’est parce que tu travaillais, pour une fois.

Il fait mine d’être choqué par mes paroles en ouvrant grand la bouche, puis il éclate de rire.

- Je travaille tout le temps !, proteste-t-il.

- Je viens ici presque tous les jours, pourtant je ne t’ai pas souvent vu travailler.

- C’est parce que tu ne me regardes pas. Tu préfères tes dessins.

- Evidemment. Au moins, mes dessins…

J’essaie de trouver une répartie le plus rapidement possible, mais j’ai beau réfléchir en quatrième vitesse, je ne trouve rien. Mince.

- Je t’écoute ?, insiste-t-il en souriant toujours de toutes ces dents.

- Rien, je marmonne, un peu frustré d’avoir perdu si rapidement.

- Donc tu préfères tes dessins !

- Va travailler.

- Je suis bien d’accord, intervient sa collègue féminine, tu devrais travailler, pour une fois !

- Mais c’est un complot !, s’offusque Andrea. Vous êtes tous contre moi !

- Qu’est-ce que je vous sers ?, me demande la fille, comme si Andy (enfin, Andrea) avait disparu.

- C’est mon client ! , continue ce dernier. C’est moi qui m’occupe de lui !

Il se tourne et se dépêche de partir en direction du comptoir, et je le regarde partir en souriant aussi. Il me fait rire. Il est vraiment mignon. J’ai bien aimé les voir se battre pour moi.

- Il ne parle que de vous, soupire la fille.

- Ah ? A ce point ?

- Mais oui ! C’est mignon, mais c’est si niais que ça en devient presque insupportable !

Mon sourire s’agrandit, et elle me fait un clin d’œil avant de repartir travailler. Je ne sais pas si le clin d’œil est un critère d’embauche, mais je ne vois personne d’autre qu’eux en faire. Sérieusement, qui fait encore des clins d’œil à notre époque ?

Je regarde de nouveau Andrea s’affairer derrière le comptoir, toujours en souriant. Je suis content. Je suis vraiment chanceux, quand même, que la vie l’ait jeté sur ma route.

Andrea finit par se retourner, et on se sourit automatiquement quand nos regards se croisent. Il rebaisse vite la tête et se dépêche de finir de préparer… Un sandwich, apparemment, et il me l’amène en tenant dans son autre main un milkshake à la vanille.

Et dire que je n’ai même pas eu besoin de commander quoique ce soit !

- Bon appétit !, me dit-il en déposant tout ça devant moi. Qu’est-ce que tu vas dessiner, aujourd’hui ?

- Je sais pas encore… J’ai toujours pas d’idées…

- Tu devrais trouver un modèle. Quelqu’un qui serait prêt à poser pour toi pendant des heures.

Je manque de m’étouffer en riant au cours d’une gorgée de milkshake, en y voyant clair dans son petit jeu.

- C’est une proposition ?, je demande. Tu veux poser pour moi ?

- Je ne suis pas contre ! C’est si gentiment proposé…

- On se demande d’où me vient l’idée.

- Ça nous permettrait de s’admirer pendant des heures, rajoute-t-il en levant les yeux, d’un air pensif.

- Je n’ai pas besoin de te dessiner pour te regarder.

- Pour s’admirer, j’ai dit.

- C’est pareil.

Andrea pouffe, avant de se passer la main dans les cheveux. Ça faisait longtemps, tiens.

- Tu devrais venir chez moi, un de ces jours. Tu pourras me dessiner tranquillement.

- E-Euh, oui, d… D’accord, je bégaye.

Je sens mes joues chauffer et devenir toutes rouges. Je pensais le dessiner dans un parc ou je ne sais pas… Mais il vient vraiment de m’inviter chez lui, là ?

On en est déjà à cette étape là ?

Un café, trois sucres et un serveur Où les histoires vivent. Découvrez maintenant